Le
12 décembre, Barham Saleh, Premier ministre du gouvernement régional du
Kurdistan (GRK), accompagné d’une délégation ministérielle et d’hommes
d’affaires kurdes irakiens, a rencontré les hommes d’affaires français au siège
du Medef.
Il
a évidemment insisté sur la sécurité incontestable qui règne dans la région
autonome et au caractère particulièrement libéral du régime des investissements
étrangers. En effet, un investisseur étranger peut créer ainsi que posséder à
100% une entreprise kurde, et même acheter du terrain au Kurdistan. Il peut
librement rapatrier ses bénéfices et son capital. En outre, il bénéficie d’exemptions
fiscales incitatives (dix ans pour tout nouveau projet, pas de taxes sur le
matériel, les pièces détachées, et les matières premières nécessaires à la
réalisation d’un projet pendant les cinq premières années). Des avantages s’y
ajoutent si l’investisseur étranger prend un partenaire kurde,
investit dans certaines zones, ou dans certaines activités (tourisme, hôtels,
hôpitaux, universités et écoles). Il faut cependant une licence pour
entreprendre une activité commerciale au Kurdistan.
Barham
Saleh n’a pas hésité à prédire à la région autonome du Kurdistan un avenir qui
la rapprocherait de la Suisse :
«nous avons aussi un relief montagneux, d’une superficie identique à celle de la Suisse, avec également une population de quelques millions d’habitants
(4,7 millions au Kurdistan – 7,7 millions en Suisse). Le Kurdistan a un réel
potentiel agroalimentaire, tout en étant déjà la première région agricole
irakienne». Comme pour lui donner raison, Didier Menu, qui dirige l’usine de
production des marques Danone en Arabie Saoudite, la seule implantation
industrielle du groupe au Moyen-Orient, confirme que : «nous sommes
actuellement à la recherche d’un partenaire dans le Kurdistan irakien avec un
objectif de démarrage de la production dans un an».
On
peut ajouter une ressource que ne possède pas la Suisse : le pétrole. La Région en produit
100 000 barils/jour, dont 80% sont exportés. Celui-ci lui rapporte 17% des
ressources provenant des exportations pétrolières irakiennes et un budget prévisionnel
de 13 milliards de dollars en 2012 (le pétrole en fournissant la quasi-totalité).
Reste quand même un litige avec Bagdad : les 45 permis d’exploitation
accordés en 2006 à des entreprises étrangères (sous forme de partage de
production) alors que le gouvernement central a officiellement le monopole de
l’exploration-production (ne faisant appel à des entreprises étrangères que
pour des contrats de service) et a mis à l’index les compagnies qui ont signé
avec les Kurdes.
Autant
d’atouts qui ont permis à de nombreux grands groupes français d’engranger des
contrats dans cette région de l’Irak. Le plus emblématique est Lafarge qui
(suite au rachat de l’égyptien Orascom en 1997) possède deux usines de ciment,
et une coentreprise dans le béton-granulats, de sorte qu’il contrôle le quart
du marché irakien. D’une façon générale, les grands groupe tricolores ont
obtenu des contrats dans les infrastructures de base (Alstom, Schneider
Electric, Vinci), l’eau (Suez, Sogreah, Canal de Provence), le pétrolier-pétrochimie
(Technip, Perenco), etc. Il faut dire que tous les instruments financiers
français disponibles ont été utilisés (Fasep, Coface, AFD, etc).
A
l’avenir, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, souhaite
que les entreprises abordent le marché kurde irakien par filières sectorielles,
avec de grandes entreprises associées à des PME. Ainsi, Lafarge pourrait
s’associer à Adler Technologies-Fimec Technologies (construction d’usines clé
en main – déjà une livraison au Kurdistan) par exemple. Cependant, Pierre
Lellouche se veut réaliste : «l’amitié politique ne suffit plus. Cela va
devenir de plus en plus compliqué de signer des contrats dans la région
autonome». Car la concurrence est particulièrement vive, à commencer par celle
du puissant voisin turc. Aussi, pour dynamiser les échanges économiques mutuels,
le GRK a nommé un responsable spécialement en charge de suivre ce sujet. De son
côté, Bercy a nommé le 14 décembre Antoine Chéry, sous-directeur des relations
économiques bilatérales, en tant que contact unique privilégié des autorités du
GRK.
Jean-François
Tournoud
MOCI Pratique :
Kurdistan irakien:
– Consulat général de France à Erbil :
33,
Salaheddin Street (en face du Conseil des Ministres
sur la rue 30m), Erbil (Hawler), tél.
: 00 33 66 257 35 83, courriel:
[email protected], site web : www.ambafrance-iq.org/spip.php?rubrique125
– Correspondante à Erbil du Service économique de Bagdad :
Brigitte Bouvet. Adresse :
au consulat général, tél. fixe :
00 964 66 257 3907, tél.
mobile : 00 964 750 786 3457, courriel :[email protected]
– Kurdistan Board of Investment :
Site web :www.kurdistaninvestment.org, courriel:[email protected]
– Site gouvernemental avec des informations économiques et des
contacts :
– Investment guide 2011, The Kurdistan
Region : Invest in Democracy
http://www.krg.org/uploads/documents/Kurdistan_Investment_Guide_2011.pdf
Ailleurs en
Irak:
– Centre français des affaires de
Bagdad :
Tél. :
00 964 71 71 555/114, Site web : www.adit.fr/fr/management-des-risques/activite-dans-les-pays-a-risques/le-centre-francais-des-affaires-de-bagdad
– Ambassade de France à
Bagdad :
Quartier Abu Nawas, Emplacement 102, Street 55 – n°7, Bagdad, tél. : 00 870 600 248 477, fax : 00 870 600 853 141, Courriel : [email protected], site web : www.ambafrance-iq.org
Chef du service économique: Denis Le Fers
– Agence française de développement
(AFD) :
Tél. : 00 964 781 703 88 49. Contact : Charles André Lepape : [email protected]. Site web : http://moteurderecherche.afd.fr/?q=Irak