Remise en
question par la catastrophe de Fukushima, la politique énergétique nipponne s’oriente
désormais vers un recours accru aux énergies renouvelables. Des opportunités d’affaires
se profilent. D’autant que l’archipel, traditionnellement replié sur lui-même,
a également décidé d’attirer les entreprises étrangères.
Géothermie,
solaire, éolien, biomasse…. « Le
gouvernement souhaite désormais développer les économies d’énergie, les
énergies renouvelables, l’utilisation des énergies fossiles dans le respect de l’environnement
et réduire au maximum la dépendance à l’énergie nucléaire », a rappelé
Susumu Kataoka, conseiller en charge des affaires commerciales à l’ambassade du
Japon en France, lors d’une conférence sur le green business organisée par la
Chambre de commerce et d’industrie de Paris, le 2 avril.
Ces
nouvelles orientations, qui seront formalisées l’été prochain, tranchent avec celles
prises avant Fukushima : les autorités tablaient alors sur un doublement de la
production de l’énergie nucléaire d’ici à 2030 pour atteindre 53 % du total de
la production électrique. Et le gouvernement a d’ores et déjà joint le geste à
la parole en mettant à l’arrêt 53 centrales nucléaires sur 54 et en allouant 7
milliards de dollars aux énergies renouvelables dans son budget 2012. Fait
nouveau au Japon, les autorités souhaitent attirer les sociétés étrangères.
Elles ont ainsi mis en place une exonération de l’impôt sur les sociétés pendant
cinq ans pour les entreprises s’installant dans les régions sinistrées.
Le Japon n’est
pas non plus un néophyte des éco-activités. Des politiques ambitieuses de
réduction d’émission de CO2 ou d’optimisation du recyclage des déchets sont à l’œuvre
depuis 10 ans, mais la catastrophe de Fukushima a clairement accéléré le
mouvement. Dans le détail, les secteurs les plus porteurs selon la Chambre de
commerce et d’industrie française du Japon (CCIFJ) sont la prévention de la pollution de
l’air, la dépollution du sol et des eaux, le traitement des déchets, le conseil
en réduction des dépenses énergétiques et, bien sûr, les énergies propres
(photovoltaïque, éolien, piles à combustible…). « On s’attend à un eldorado solaire au Japon, malgré les coûts de
la main d’œuvre et le prix des terrains », anticipe Laurence Benhamou,
rédactrice en chef de l’international à Green Univers.
« Nous assistons à un regain d’intérêt
pour les énergies renouvelables ainsi qu’à un boum technologique. Ce marché
devrait représenter 210 milliards d’euros en 2012. Il y a des opportunités d’affaires
à saisir pour les entreprises françaises, y compris les PME », estime
Noriko Ninomiya, directrice commerciale à CCIFJ. Car, si de grandes entreprises
françaises comme Veolia sont présentes, il y a également des places à prendre
sur des marchés de niches, comme l’a fait Dewdrops, une PME de 7 personnes proposant
une solution de traitement des déchets industriels liquides (huiles et
solvants) grâce à un procédé d’oxydation avancée. « Avant la crise de Fukushima, nous pensions à des marchés comme
la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Corée… Mais après mars 2011, nous avons
décidé de complètement réorienter notre stratégie internationale et de nous
focaliser sur le Japon où les besoins sont énormes. En effet, à Fukushima avant
de pouvoir traiter des eaux radioactives, il faut pouvoir les séparer des huiles,
ce que nous savons faire », témoigne William Everett, P-dg de cette
entreprise.
Pays
traditionnellement fermé, la Japon s’ouvre et souhaite attirer les compétences
qui lui font défaut. Mais il lui faut désormais jamais jouer la montrer s’il
veut combiner le redressement de son économie et la réalisation de ses
ambitions dans les énergies renouvelables. Car selon Susumu Kataoka, « si le redémarrage des centrales
nucléaires actuellement à l’arrêt n’est pas autorisé, malgré le recours aux
centrales thermiques et les incitations à la baisse de consommation d’énergie,
nous aurons des problèmes de production d’électricité cet été en cas de
canicule ».
Sophie
Creusillet
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