Selon une étude que vient de
publier le département des statistiques et des études économiques de la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI), « le déficit
des produits pétroliers raffinés contribue pour près de la moitié à la
dégradation du solde commercial français (…). Ce déficit des produits
raffinés a atteint 9,7 milliards d’euros en 2010, contre 2,5 milliards en 2002.
Ce dernier devrait dépasser les 13 milliards en 2011 ».
En effet, les exportations de ces produits plafonnent à environ 10 milliards
d’euros par an, tandis que les importations s’envolent : soit 7 milliards
en 2002, quelque 15 milliards en 2005 et 20 milliards dès 2008. Résultat, la
facture énergétique (pétrole brut et produits raffinés) de la France a plus que doublé en
huit ans, 48 milliards en 2010, contre 22 milliards en 2002.
A l’origine de ce déficit, la forte progression des importations de gazole, qui
ont progressé en moyenne de 15,8 % par an entre 2002 et 2010. Le déficit des
échanges de gazole a atteint 8,9 milliards d’euros en 2010 et devrait dépasser
les 12,5 milliards en 2011.
Si, comme le souligne le document de la DGDDI, « l’offre de raffinage est
relativement inélastique », il n’en demeure pas moins, que ce phénomène
de déficit de production de gazole en France tient largement à la structure de
l’outil industriel.
Car les raffineries françaises ne sont pas équipées pour produire du gazole.
Pour des raisons économiques et financières, les grands groupes pétroliers ont
fait le choix de ne pas investir pour adapter leur outil de production à la
demande, c’est-à-dire de répondre à la diésélisation croissante du parc roulant
depuis 20 ans. En 2010, sept véhicules sur dix immatriculés en France étaient
des diesels. Quoique moins accentuée, la tendance à la diésélisation est la
même à l’échelle européenne (cinq véhicules sur dix).
Il est vrai que les marges de
raffinage sont faibles en France. Ce « qui peut expliquer le
déplacement des raffineries vers les lieux d’extraction du pétrole et les
grands pays émergents à forte
croissance, bénéficiant de coûts salariaux plus faibles et de normes
environnementales plus souples », soulignent les rédacteurs de l’étude.
Cependant, les grandes compagnies pétrolières mondiales, aidées par la montée
des prix du brut, ont enregistré des bénéfices colossaux depuis dix ans, mais
pas dans les activités de raffinage et de distribution localisées en France.
Ainsi, le groupe Total affirme-t-il avoir perdu 16 millions d’euros en 2010
pour ses activités dans l’Hexagone.
Ce qui n’a pas empêché ce dernier d’afficher pour le même exercice un profit net
consolidé de 10,3 milliards d’euros. Sur la période 2002-2010, le groupe Total
a dégagé 91,3 milliards de bénéfice net consolidé cumulés (en huit ans). Car Total
est une compagnie globale qui réalise l’essentiel de ses bénéfices hors de
France et largement hors d’Europe.
Ainsi n’est-ce pas un hasard si, à lui seul, « le gazole représente
plus de la moitié des achats de produits pétroliers de la France et plus de 80 % de
la consommation française de carburants », indique l’étude. Mais ce
produit n’est pas seul en cause. Le déficit des échanges de gaz naturel tend
également à se creuser (-5,9 milliards en 2010).
La DGDDI note d’ailleurs la part croissante de la Russie et de l’Asie dans
les approvisionnements de la
France en produits pétroliers raffinées : la part de la Russie est passée de 12 %
des importations françaises en 2002 à 28 % en 2010.
L’Asie représente désormais 9 % des importations de produits raffinés de la France, contre 1 % en 2002.
Les fournisseurs les plus présents sont l’Inde et Singapour. « L’Asie
connaît en effet une nette hausse de ses capacités de raffinage du fait d’une
demande énergétique croissante et de ses faibles coûts de production. En
particulier l’Inde est en passe de devenir un hub régional important pour le
raffinage », observent les auteurs de l’étude.
La Grande Bretagne et les pays du Benelux comptent aussi parmi les
sources d’approvisionnement majeures de la France, avec leurs infrastructures de raffinage
historiquement très développées, eu égard aux grandes compagnies qui se sont
développées sur leur sol (Le néerlandais Royal Deutsch Shell et le britannique
BP).
Le département des
statistiques et des études de la
DGDDI note enfin que l’Allemagne et l’Espagne affichent
également de substantiels déficits de produits raffinés. Les seuls pays
nettement excédentaires sont le Royaume Uni et l’Italie.
Gilles Naudy
MOCI Pratique :
Pour en savoir plus, allez sur les sites
suivants :
www.douane.gouv.fr, www.exporter.gouv.fr, www.lekiosque.finances.gouv.fr/APPCHIFFRE/Etudes/…/Bilan_Graf2010…, www.douane.gouv.fr/data/file/1376.pdf
Contact à la DGDDI :
Téléphone standard : 01 40 04 04 04, télécopie : 01 57 53 40 66
ClaireLefebvre
Saint-Felix, directrice de projet département statistiques et études
économiques, téléphone : 01 57 53 48 95, courriel : [email protected]