Face à l’hostilité croissante de l’opinion publique pour les négociations de libre-échange, la Commission européenne peaufine sa communication. Après une tournée européenne pour vanter les gains potentiels du projet de Partenariat transatlantique (TTIP/Transatlantic Trade and Investment Partnership), en cours de négociation entre l’UE et les Etats-Unis, Cecilia Malmström s’évertue désormais à démontrer le rôle central du commerce pour lutter contre le chômage et une croissance en berne.
« La politique commerciale va bien au delà du TTIP (…) Si nous menons à bien tous les pourparlers en cours, le chiffre d’affaires de l’UE pourrait augmenter de 2 % », a souligné la commissaire lors d’une conférence de presse, à Bruxelles hier 26 mars. Actuellement, l’activité d’exportation fait travailler 31 millions de personnes au sein de l’UE, chiffre qui pourrait, selon la responsable au Commerce, continuer d’augmenter, grâce à la conclusion de nouveaux accords de libre-échange. Les investissements directs sont également source de création d’emploi. Quelque 7 millions de personnes travaillent actuellement au sein d’entreprises étrangères implantées en Europe.
L’UE aurait donc tort de ne pas conclure rapidement les autres négociations en cours, résume Cecilia Malmström, citant les pourparlers avec les Etats-Unis, le Japon ou le Vietnam. A l’entendre, les accords déjà conclus n’auraient que des retombées positives. L’ALE UE/Mexique, entré en vigueur il y a quinze ans, a favorisé un boom des exportations européennes de près de 300 %.
Autre « exemple frappant des avantages de la politique commerciale », selon la Commissaire, l’ALE UE/Corée du Sud conclu en 2011. Cet accord, le plus ambitieux jamais signé – car il prévoit, à terme l’élimination de tous les droits d’importation – a permis à l’UE d’enregistrer un excédent commercial de 6,3 milliards d’euros et aux entreprises européennes d’économiser 1,6 milliards d’euros depuis l’entrée en vigueur de l’accord. Et même le secteur automobile – source de toutes les inquiétudes lors des négociations UE/Corée du Sud – n’aurait pas pâti de la mise en oeuvre de l’ALE, « au contraire », s’est réjoui la Commissaire chiffre à l’appui : les exportations de voitures européennes ont augmenté de 90 % soit davantage que les équipements transport (+ 50%) ou les services (+ 20 %).
« Tout cela est très concret, ce n’est pas de la théorie », a commenté Cecilia Malmström. Et pour démontrer que les ambitions de la Commission allait également au delà des objectifs chiffrés, la Commissaire a rappelé le rôle de ces accords comme vecteurs de diffusion des valeurs clés de l’UE « et nous les renforcerons encore dans les prochains ALE », s’est elle engagé, avant de conclure, sur un ton plus alarmiste, « si nous voulons montrer notre influence, il est temps d’agir ».
K.L à Bruxelles
Pour en savoir plus :
–« How trade policy and regional trade agreement support and strengthen EU economic performance » (« Comment la politique commerciale et les accords régionaux appuient et renforcent les performances économiques de l’UE ») lien : http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2015/march/tradoc_153270.pdf
-« Rapport annuel sur la mise en oeuvre de l’accord de libre-échange UE – Corée » (en français) lien : http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2015/march/tradoc_153284.pdf