Depuis juin dernier, le prix du baril du pétrole a chuté de 57,8 %, s’établissant sous la barre des 50 dollars à 48,47 dollars le 28 janvier 2015, indique Coface dans son dernier panorama sur l’Amérique latine.
« Cette contraction, rappelle l’assureur-crédit, s’explique par l’augmentation de la production mondiale, alliée à la baisse de la demande ». Coface rappelle également que la décision de l’OPEP du 27 novembre dernier de maintenir sa production inchangée a alimenté la pression baissière sur les cours. Et d’ajouter : « cette décision de l’OPEP vise à dissuader les investissements dans de nouveaux gisements de pétrole de schiste, sachant qu’elle réduit leur rentabilité relative ».
Cette baisse spectaculaire des prix du pétrole va avoir des effets négatifs sur la balance commerciale de l’Amérique latine, grand producteur de matières premières, réduisant de 0,4 point de pourcentage la croissance du PIB réel de la région, a constaté pour sa part Euler Hermes dont le dernier rapport révèle également que le PIB réel va ralentir à environ + 0,5 % en 2015, contre + 0,9 % (estimation) en 2014.
« Ce déclin des prix du pétrole va constituer une menace supplémentaire à l’encontre d’un paysage économique qui est déjà en danger, faisant de 2015 une année avec de grands défis pour l’Amérique latine », a déclaré Daniela Ordonez, économiste d’Euler Hermes pour la zone Amérique latine. Bien que les prix du pétrole devraient remonter progressivement au cours des prochains mois, ils resteront relativement bas, selon Euler Hermes qui table sur une moyenne annuelle autour de 64 dollars le baril cette année, soit un prix inférieur de 40 % à la moyenne enregistrée entre 2012 et 2014.
Le Venezuela principal perdant de la baisse des prix du pétrole
De plus, observe le spécialiste de l’assurance-crédit, les effets du déclin des prix du pétrole vont varier de façon distincte selon les pays de la région. Un constat également partagé par Coface dont le panorama sur l’Amérique latine montre que certains pays vont souffrir de cette baisse plus que d’autres.
Le Venezuela, dont les réserves prouvées de pétrole sont parmi les plus importantes du monde, est clairement le pays de la région le plus touché par la baisse des recettes pétrolières. Les hydrocarbures représentent 96,2 % de ses exportations globales et comptent pour la moitié des revenus du budget de l’État. « Chaque baisse de 10 dollars des cours du pétrole ampute la balance commerciale du pays à hauteur de 3,5 % du PIB », précise ainsi Coface. De plus, rapporte l’assureur-crédit dans son panorama, le pays est déjà confronté à de graves crises : une inflation supérieure à 60 % en 2014, une baisse des réserves de change et une pénurie de biens majeurs (lait, produits d’hygiène…).
La Colombie, compte tenu de son statut d’exportateur net de pétrole, est elle aussi sensible au recul des cours du brut. En effet, les exportations colombiennes de pétrole représentent 67,2 % des exportations totales. Toutefois, observe Coface, « l’activité devrait rester solide. La croissance restera tirée par le marché intérieur, principalement grâce aux investissements en infrastructures et en logements sociaux ainsi qu’à la consommation des ménages ».
En revanche, d’après Coface, l’Équateur, où les livraisons d’hydrocarbures comptent pour plus de la moitié (52 %) des exportations globales, est le deuxième pays le plus sensible au déclin des prix de l’or noir. La baisse pourrait en effet détériorer davantage les comptes publics ou compromettre les plans du gouvernement, d’autant plus que la dollarisation de l’économie rend difficile une dévaluation qui permettrait d’ajuster les comptes publics.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez le panorama de Coface sur l’Amérique latine en fichier PDF ci-dessous
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