Des « progrès significatifs », mais aussi « des challenges pressants » qu’il convient de relever. Tel est le jugement du Fonds monétaire international (FMI), à l’issue de la visite effectuée récemment en Jordanie, dans le cadre des consultations régulières prévues par l’article 4 de l’Accord s’appliquant aux membres de l’organisation internationale (voir pdf ci-dessous).
Dans un pays aussi endetté que la Jordanie (94,4% de son produit intérieur brut en 2016), l’aide internationale, multilatérale et bilatérale (FMI, Banque mondiale, pays du Golfe, États-Unis, Union européenne, Japon, France), est indispensable. Après lui avoir octroyé en août 2012 une ligne de crédit de 2 milliards de dollars sur trois ans, le FMI a approuvé plus récemment, fin août 2016, un nouveau prêt de 723 millions de dollars pour la période 2016-2021. Un soutien donc fort, mais qui est conditionné au redressement des finances publiques.
2017 prometteur, après une année 2016 en baisse
Amman s’étant engagé à mieux cibler et à réduire ses subventions, notamment dans l’énergie, ce qui est toujours impopulaire, à entamer également des réformes de la fiscalité et de la formation professionnelle, les encouragements de l’institution internationale sont bienvenus. D’autant que cette petite monarchie vit dans un environnement moyen-oriental instable, comme vient de le montrer récemment l’attentat perpétré à l’ambassade d’Israël en Jordanie et les tensions entre ces deux États voisins liées aux mesures de sécurité (installation de détecteurs de métaux) imposées par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou aux entrées de l’Esplanade des mosquées à Jérusalem. La Jordanie est aussi soumise à l’afflux massif de réfugiés syriens (650 000 selon le Haut commissariat aux réfugiés, 1,4 million d’après Amman), ce qui pèse lourdement sur les infrastructures sociales (santé, éducation) et les ressources en eau et en énergie.
La Jordanie vient, au demeurant, de traverser une année compliquée en matière économique : la croissance a baissé de 2,4 à 2 % entre 2015 et 2016, l’inflation a atteint 4,6 % en février dernier et le chômage 18,2 % au terme du premier trimestre. Sans compter le déficit courant des comptes, qui a aussi progressé pour représenter 12,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Tout n’est pas négatif, loin s’en faut. Les premiers mois de l’année ont été favorables aux exportations, aux recettes touristiques et aux envois de fonds des nationaux à l’étranger.
Renforcer les rentrées fiscales et la maîtrise des dépenses
Le FMI recommande à la monarchie du roi Abdallah II de préserver la stabilité macroéconomique, « en réduisant le déficit fiscal, en maintenant une politique monétaire prudente et en assurant un système fiscal sain ». De façon concrète, le Fonds monétaire international encourage les autorités « à continuer à supprimer les exemptions sur la TVA et les droits de douane » et à poursuivre la lutte contre l’évasion fiscale, à renforcer encore les contrôles et à rationaliser les dépenses, tout en maintenant ses efforts sur une toute une série de domaines sociaux ou liés à l’entreprise (eau, énergie, partenariats public-privé…).
Dans ses projections 2014-2022, le FMI est particulièrement optimiste, puisque la croissance économique rebondira, selon lui, dès cette année à + 2,3 %, atteignant même 3 % deux années de suite à partir de 2021. Dans ce panorama favorable, le commerce extérieur apportera sa pierre, avec un supplément de 5,5 milliards de dollars en quatre ans. Ainsi, entre 2018 et 2022, les exportations passeront de 8,2 milliards à 10,5 milliards de dollars et les importations de 17,9 milliards à 21,1 milliards de dollars.
F.P