Le
vice-président américain Joe Biden s’est rendu en Chine 17 au 22 août pour une
opération séduction. Sa mission : rassurer son premier créancier sur l’état
de sa dette.
« Les Etats-Unis n’ont jamais été en
défaut de paiement et ne seront jamais en défaut de paiement », a
déclaré Joe Biden lors d’un discours à Sichuan. Au Premier ministre Wen Jiabao, qui soulignait
son souhait de voir les Etats-Unis « respecter
leurs responsabilités concernant la dette extérieure », le
vice-président américain a répondu que Washington appréciait et se réjouissait
des investissements chinois en obligations du Trésor américain. « Très sincèrement, je veux vous
assurer que vous n’avez aucune raison de vous inquiéter », a-t-il dit.
Des propos visant clairement à apaiser l’ire chinoise provoquée par la crise de
la dette.
Avec 1 170
milliards de dollars de bons du Trésor américain (sur un total de 3 200 milliards),
la Chine est en effet le premier créancier des Etats-Unis. A ce titre, elle n’a
pas vraiment apprécié le relèvement du plafond de la dette le 2 août, dans un
accord conclu à l’arraché entre la Maison Blanche et le Congrès américains. Ni
la dégradation, trois jours plus tard, de la note de la dette souveraine des Etats-Unis,
assortie d’une perspective négative à long terme, par Standard & Poor’s. « Les jours où l’oncle Sam, accablés de
dettes, pouvait dilapider des quantités infinies d’emprunts de l’étranger
semblent comptés », avait alors tonné l’agence Chine nouvelle,
appelant à « mettre en place une
surveillance internationale sur la question du dollar ».
Deux
semaines plus tard, l’heure est à l’apaisement. Le vice-président Xi Jinping, probable
futur président chinois à compter de 2013, a ainsi déclaré à son homologue américain que « l’économie américaine est hautement
résistante et a une grande capacité à s’autorégénérer ». Mais les
autorités chinoises ne se sont pas contentées de jouer l’accalmie. Elles ont
aussi profité de leur nouvelle position de force pour faire la leçon aux Etats-Unis,
notamment sur la question du cours du yuan, notoirement sous-évalué et traditionnelle
pomme de discorde entre les deux pays. Une question balayée du revers de la
main par Li Lijui, le président de la Banque de Chine, qui déclarait, avant l’ouverture,
le 18 août, du Dialogue sur les relations commerciales sino-américaines qu’ « une appréciation trop rapide du
yuan porterait gravement atteinte aux entreprises chinoises ». Et d’ajouter :
« Nous souhaitons que le taux de
change entre le yuan et le dollar reste relativement stable ».
Plus tranchante, l’agence Chine Nouvelle avance qu’une « économie chinoise n’est jamais une
bonne nouvelle pour les Etats-Unis et le reste du monde. Plutôt que des reproches mal fondés et des
discours chargés d’émotions, des options raisonnables et viables sont à la
disposition des décideurs américains pour renverser la balance, notamment
l’assouplissement des restrictions américaines sur les exportations de hautes
technologies vers la Chine, ainsi qu’une politique plus ouverte en faveur des
investisseurs chinois. » Après la
Chine, Joe Biden doit se rendre en Mongolie, dont les entreprises américaines
convoitent l’exploitation de mines de charbon, et au Japon. Un partenaire
asiatique plus conciliant que la Chine.
Sophie
Creusillet