En matière d’achats de biens dans le monde, les trois leaders – États-Unis, Chine et Allemagne – font plus que jamais la course en tête, mais les plus fortes progressions sont à mettre sur le compte d’une poignée d’États membres de l’Union européenne. Sauf le Royaume-Uni, ce sont surtout de petits pays en volume, comme l’Irlande, la République tchèque, le Portugal et l’Espagne.
En quelques mois, le paysage du commerce mondial aura été chamboulé par l’évolution de cours du pétrole brut. Alors qu’il y a trois mois, dans un communiqué de presse en date du 23 septembre 2014, l’Organisation mondiale du commerce craignait que les conflits au Moyen-Orient entraînent « une flambée des cours du pétrole si la sécurité des approvisionnements était menacée », les prix de l’or noir, au contraire, se sont effondrés. L’économie mondiale s’est contractée, limitant les besoins énergétiques, et les États-Unis, devenus le premier producteur mondial de gaz de schiste, ne contribuent plus à soutenir la demande internationale.
La baisse des cours profite aux pays traditionnellement acheteurs en Asie, comme la Chine et la Corée du Sud, qui figurent, par ailleurs, parmi ceux qui affichent les meilleures progressions de leurs importations globales de marchandises en 2014. Pas de quoi pavoiser pour autant, car, d’après les statistiques du commerce extérieur collectées par la base de données GTI/GTA, partenaire du Moci, si les grands importateurs de biens – États-Unis, Chine et Allemagne – ont accru leurs achats à l’extérieur, c’est dans de faibles proportions : + 2,2 % pour les États-Unis à 1 609,5 milliards d’euros et seulement + 0,11 % pour la Chine à 1 336,6 milliards pendant les onze premiers mois de l’année dernière et + 2,08 % pour l’Allemagne à 768,8 milliards à fin octobre 2014.
Autre enseignement des chiffres livrés par GTI/GTA, ce sont des États européens qui affichent les meilleures hausses de leurs achats de marchandises, tous au demeurant des membres de la zone euro en difficulté – Irlande (+ 7,61 % sur dix mois), Portugal (+ 3,34 %) et Espagne (+ 2,8 %) – à l’exception de la République tchèque (+ 5,68 % à fin octobre) et du Royaume-Uni (+ 4,18 % à fin novembre) – qui n’ont pas adopté l’euro comme monnaie –, et de l’Allemagne. Autre zone avec un gain dans les importations, l’Asie, avec, mieux que la Chine, la Corée du Sud (+ 1,29 % à fin novembre), Taïwan et la Malaisie (+ 0,73 % et + 0,61 % à fin octobre).
En septembre dernier, les économistes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avaient infléchi leurs prévisions d’avril sur la croissance du commerce mondial. La progression des échanges passait ainsi de 4,7 % à 3,1 % en 2014 et de 5,3 % à 4 % en 2015. Si l’Asie (avec + 4 % et 4,3 % en 2014 et 2015) et l’Amérique du Nord (avec + 3,9 % et 4,2 %), surtout grâce à la reprise aux États-Unis, demeurent des régions porteuses en matière d’importation, l’Amérique du Sud et centrale doit, selon l’OMC, passer d’une situation dégradée des fournitures à l’étranger en 2014, avec – 0,7 %, à une reprise cette année, avec un bond de 4,8 %. En queue de peloton, l’Europe dépasserait à peine, avec + 2,5 % et + 3,5 %, la zone Afrique-Moyen-Orient, dont les achats de marchandises augmenteraient de 1,5 % en 2014 avant de se hisser au niveau de l’Europe cette année.
F. Pargny
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