« On veut que la
France se réinvestisse dans notre pays », a martelé
Martin Lamothe, ministre des Affaires étrangères d’Haïti, lors d’une réunion
organisée le 25 janvier à Paris par le Medef. Il souhaite en outre que l’île
soit « traitée comme n’importe quel autre Etat pour investir. Car c’est la
croissance des affaires qui améliorera le climat social du pays. »
Deux ans après le violent séisme qui a frappé l’île, le nouveau
gouvernement haïtien, présidé par Michel Martelly depuis mars 2011, se mobilise
pour la reconstruction et a besoin de l’aide de la France. C’est pourquoi, à
l’occasion d’une visite de la délégation ministérielle haïtienne en France, le
Medef s’est mobilisé pour favoriser les échanges entre les entreprises des deux
Etats.
Car si Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère
occidental, il n’en demeure pas moins une destination économique intéressante
avec une position géographique stratégique, proche des Etats-Unis. Avec 5,6 %
de croissance en 2011 et une projection à 7,8 % en 2012, Haïti doit se refaire
un visage pour panser les conséquences du séisme de 2010. Et l’appel émis par
le gouvernement haïtien semble avoir été entendu, selon Martin Lamothe.
« Nous avons besoin d’investissement directs étrangers et comptons sur la Coface (assureur-crédit) et
Proparco (filiale de
l’AFD soutenant le secteur privé) pour redynamiser la relation franco-haïtienne. (…) Les
investissements internationaux vont aider à améliorer les conditions de vie de
la population. Nous espérons signer des contrats prochainement suite à cette
réunion fructueuse », expliquait-t-il à la presse.
Les opportunités à saisir par les entreprises françaises sont
réparties en cinq secteurs : l’eau, les infrastructures, le tourisme,
l’énergie et la santé. Mais aussi des besoins dans l’exploitation minière (or,
cuivre, marbre) et l’agroalimentaire. Hugues-Arnaud Meyer, membre du bureau du
Conseil exécutif de Medef, explique qu’il faut participer à recréer une
économie haïtienne afin de l’aider à se reconstruire. « Il faut œuvrer dans
une logique de développement économique et social transatlantique. » La
phase d’urgence de reconstruction post-séisme est close, avec toutes les
problématiques de santé, sécurité induites. Il faut maintenant se préoccuper de
l’avenir du pays et entamer la « phase de reconstruction réelle »
avec les fonds de l’ONU, de l’Union européenne (UE) et de la Banque interaméricaine de
développement.
Des appels d’offres ont déjà été lancés par le gouvernement
et vont continuer dans les deux prochaines années, souligne Grégory Brandt,
président de la Chambre
franco-haïtienne de commerce et d’industrie (CFHCI). En projet, la construction
de 1000 km
de routes pavées, de trois ports, de quatre aéroports, de complexes hôteliers
et de tous les bâtiments ministériels détruits (environ 18). « Et la France a la primeur des
informations qui circulent sur les pôles d’activité et de développement. Le
savoir-faire français est reconnu, il faut que ces entreprises, grandes et
petites, participent aux appels d’offres. »
Et cela n’est pas encore le
cas, regrette Grégory Brandt. « Les entreprises françaises ne prennent même pas
les dossiers de candidature ! (…) Pourquoi ce sont les Italiens ou les Espagnols
qui gagnent les appels d’offres alors que la France contribue à hauteur de 28 % à l’aide
européenne ! » Selon lui, il faut secouer les Français qui
restent très frileux par rapport à Haïti. Ce qui n’est pas le cas de concurrents
étrangers venus du Brésil ou du Mexique, témoigne le directeur de la
CFHCI. Et pourtant, il y a déjà des
entreprises françaises présentes là-bas telles que Alstom, GDF Suez, alors « pourquoi
les autres ne viennent pas ? (…) Il est temps que les sociétés
françaises reviennent. D’ailleurs, la dizaine de PME présente est très active, notamment
dans le secteur de la construction », se réjouit-il.
Le gouvernement haïtien a mis un milliard de dollars à
disposition pour la reconstruction des infrastructures (routes, ponts, aéroports…),
l’UE pour sa part est un grand bailleur de fonds avec quelque 300 millions
d’euros octroyés par an.
Alix Cauchoix
Pour en savoir plus :
Contact Chambre
franco-haïtienne de Commerce et d’industrie (CFHCI) : [email protected], téléphone :(509)2257-1886; site : http://www.chambrefrancohaitienne.com/
Contact au Medef international: Laurent Grenet, Directeur de mission Amériques, [email protected], http://www.medefinternational.fr/