Le G20 a sauvé la mise, malgré Donald Trump… et les autres : telle est l’impression générale laissée par le dernier Sommet des chefs d’État et de gouvernement des vingt plus grandes puissances de la planète* réunies à Osaka les 28 et 29 juin, sous présidence japonaise. Ils ont finalement réussi à ce mettre d’accord sur une déclaration commune, après avoir failli buter sur les deux principaux points qui les fâchent actuellement : le commerce et le climat.
Commerce et climat : engagements réitérés
Malgré les tentatives américaines de revenir sur les engagements passés des précédents G20, le Sommet d’Osaka a pu accoucher d’une déclaration finale commune **, maintenant l’engagement en faveur d’un « environnement du commerce et des investissements libre, juste, non-discriminatoire, transparent, prévisible et stable et de maintenir nos marchés ouverts » (article 8). La déclaration réitère également l’engagement des pays membres à soutenir « la nécessaire réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour améliorer ses fonctions ».
De même, sur la lutte contre le changement climatique, la déclaration finale (art. 35) comporte une réaffirmation des engagements de dix-neuf des vingt pays membres du G20 à soutenir les objectifs de l’accord de Paris sur le climat de 2015 tout en précisant (article 36) que les Etats-Unis maintient sa décision de se retirer de cet accord. Ce format dit « 19+1 » était un acquis du G20 de Buenos Aires.
Une victoire pour l’Union européenne, en particulier la France et l’Allemagne qui ont affiché une unité sans faille, soutenues par leurs alliés, alors que la délégation américaine aurait tenté de rallier le Brésil, la Turquie et l’Arabie Saoudite. « La mobilisation des Européens et du Canada a permis d’éviter un détricotage » s’est notamment félicité le président Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse final à Osaka, cité par Le Monde. « Nous avons convaincu Donald Trump de laisser ces dix-neuf pays travailler ».
Trêve commerciale États-Unis-Chine, flou sur les engagements
Si un semblant de multilatéralisme a ainsi pu être préservé, peu d’avancées concrètes ont été obtenues pour relancer le commerce international par rapport au précédent G20 de Buenos Aires -déjà très difficile-, sinon en marge du Sommet. C’est en effet lors des rencontres bilatérales qu’a été obtenue la trêve dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
A l’issue d’un tête-à-tête entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping, le 29 juin, les deux pays ont annoncé la reprise des négociations commerciales interrompues il y a un mois, suspendant la menace par les États-Unis d’une nouvelle augmentation de droits de douane. Toutefois, force est de constater que peu de détails à ce stade ont été donnés sur les engagements pris de part et d’autre, notamment côté chinois.
Seul le président Trump et sa délégation ont en effet évoqué l’engagement de la Chine à acheter de grandes quantités de produits agricoles américains, précisant même qu’il serait donné à Pékin une liste précise de produits américains à importer. Le flou des engagements a été relevé notamment par l’agence Bloomberg, qui s’est amusés à dresser un tableau comparatif des déclarations faites par chacune des deux délégations qui met en exergue l’absence totale de précisions côté Chinois.
Pékin a, en revanche, fait assaut d’ouverture en annonçant le 30 juin, au lendemain du Sommet, de nouvelles mesures en faveur des investissements étrangers. Le ministère du Commerce et l’Agence de planification économique (NDRC) ont ainsi annoncé de nouveaux assouplissements ou levées de restrictions en faveur des investissements étrangers dans plusieurs secteurs dont le transport maritime, les conduites de chaleur en ville, des salles de cinéma, l’industrie du spectacle, certains services de télécommunication, l’exploration pétrolière et gazière.
Conclusion de l’accord UE-Mercosur
C’est également en marge du Sommet que l’Union européenne (UE) a conclu le 28 juin, à Bruxelles et après 20 ans de négociation, un accord de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), à la veille de la signature à Hanoi de celui avec le Vietnam…
Cette annonce a d’autant plus surpris que peu d’observateurs à Osaka pariaient sur cette conclusion positive, alors qu’une forte opposition à cet accord continue à se manifester en Europe, émanant notamment des pays agricoles et des défenseurs de l’environnement. Incontestablement, il n’aurait pas été possible sans la réaffirmation du soutien du Brésil et de l’Argentine aux engagements de l’Accord de Paris sur le climat…
Desk Moci
*Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne
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