C’est un déplacement résolument à vocation économique et particulièrement sous le signe de la promotion du numérique français et des partenariats technologiques qu’effectue depuis le 6 septembre et jusqu’au 8 Emmanuel Macron, le ministre français de l’ Economie, de l’industrie et du numérique en Israël et dans les Territoires palestiniens. Une date choisie soigneusement pour coïncider avec la tenue du festival annuel de l’innovation DLD à Tel Aviv (6-12 septembre), une sorte de congrès international annuel dédié aux nouvelles technologies et au numérique israéliens, auxquels sont conviés les investisseurs du monde entier : quelque 150 entreprises françaises y étaient inscrites. Alors qu’Israël est devenue en quelques années un eldorado de l’innovation technologique, elle est désormais surnommée la « start-up nation » et est considérée comme le deuxième pôle d’innovation au monde derrière la Silicon Valley américaine
Accompagné d’une délégation d’une cinquantaine d’entreprises, grandes écoles et institutionnels français, dont les principaux chargés de l’internationalisation de l’économie françaises (Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, Nicolas Dufourcq, le patron de Bpifrance et Davis Monteau, directeur de la Mission French Tech), le ministre devait notamment clôturer un forum d’entreprises France-Israël en fin de journée, le 7 septembre à Tel-Aviv, avant de se rendre le lendemain au DLD et présider un déjeuner sur le thème « French Tech Hub » le 8 septembre. Un projet pour créer un tel hub à Tel Aviv, sur le modèle de celui lancé à New-York en juin dernier * est en cours d’instruction à la Mission French Tech à Paris, qui dépend de son ministère, et cette rencontre doit lui donner une impulsion.
Autres temps forts de son agenda dans la partie israélienne de son déplacement, des entretiens avec son homologue israélien Arye Deri ainsi que son collègue chargé des Infrastructures, de l’eau et de l’énergie Yuval Steinitz. Il devait aussi visiter, le 7 septembre, un gros incubateur de startups basé à Jérusalem Ouest, le JVP Media Quartyer. Quelques accords de coopération devaient être signés, dont le 6 septembre un accord de jumelage entre les accélérateurs de R&D de Polytechnique et du Technion d’Haïfa (Institut israélien de technologies). Tout au long de son déplacement, le ministre français devait également rencontrer entrepreneurs et investisseurs israéliens pour les inciter à venir investir en France.
Côté territoires palestiniens, le ministre français devait inaugurer aujourd’hui 7 septembre la nouvelle zone industrielle de Bethléemn, en Cisjordanie, en présence du Premier ministre Rami Hamdallah avant de rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Cette zone industrielle, la plus avancée de trois en projet (dont une avec le soutien de l’Allemagne et de la Turquie et une autre avec celui du Japon), a été créée avec le soutien financier de la France, notamment l’Agence française de développement (AFD). Elle accueille déjà deux entreprises dont Pharmacare dans le secteur pharmaceutique et Leaders, un incubateur de jeunes entreprises.
Emmanuel Macron est le troisième ministre français en deux ans à effectuer une visite en Israël et dans les territoires palestiniens après Ségolène Royale et Laurent Fabius, depuis la visite du président Hollande en novembre 2013. Cette visite intervient dans un contexte diplomatique sensible, la France, tout en s’opposant à l’idée d’un boycottage systématique des entreprises étrangères associées à des productions provenant des colonies (mouvement pro-palestinien dit « BDS », Boycott/Désinvestissement/Sanction) fait partie des 16 pays européens demandant un étiquetage d’origine précis pour les produits en provenance des même colonies.
Pour l’heure, les échanges économiques bilatéraux entre la France et Israël sont dynamiques mais déséquilibrés : le stock des investissements directs français dans le pays atteint 2,3 milliards d’euros (Mds EUR) alors que le stock d’IDE israéliens est d’à peine 140 millions d’euros (M EUR), principalement concentrés dans l’immobilier.
Les échanges commerciaux, très diversifiés et dominés par les produits manufacturés, sont un peu plus équilibrés : avec 1,163 Mds EUR d’exportation, la France a été le 8ème pays fournisseur d’Israël en 2014 et le pays est sont 49ème marché export ; au premier semestre 2015, ses exportations étaient sur un rythme de progression de + 15,2 % par rapport à la même période de l’an dernier, ce qui est plutôt positif après le recul enregistré l’an dernier (-3,4 % sur 2014). De son côté, Israël a été le 49ème fournisseur de l’Hexagone en 2014 avec 1,2 Md EUR, en progression de 6,31 %; au premier semestre, les importations en provenance d’Israël poursuivaient leur progression avec + 6,38 % (672,4 M EUR).
Christine Gilguy
*Numérique/France : le premier French Tech Hub labellisé à l’étranger va être lancé à New-York