Après sa visite d’État de deux jours en Chine, les 2 et 3 novembre, dont le principal enjeu était d’obtenir des avancées dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’approche de l’ouverture, à Paris, le 30 novembre, de la Conférence sur le climat COP21 (voir notre article), le président français François Hollande s’est rendu les 3 et 4 novembre en Corée du Sud, dernière étape de sa tournée asiatique. Le chef d’État français a été reçu à Séoul par la présidente Park Geun-hye dans le cadre du 130ème anniversaire des relations diplomatiques établies entre les deux pays, célébré à l’occasion de l’année croisée Corée-France 2015-2016.
La dernière visite officielle d’un président français à Séoul remonte à quinze ans ans avec la venue de Jacques Chirac. Il s’agissait donc pour François Hollande de raviver la flamme, même si le principal objectif de sa visite était d’obtenir l’appui de la Corée du Sud pour la COP21, Séoul ayant un rôle particulier puisque deux personnalité éminentes sud-coréennes sont à la tête de l’ONU, Ban Ki-moon et du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) Hoesung Lee.
Toutefois, le deuxième enjeu était de relancer les relations économiques entre les pays, alors que 2015 et 2016 sont marquées par deux années croisées France/Corée du Sud, et favoriser des discussions en particulier dans le numérique. Paris affiche en effet sa volonté de renforcer son partenariat technologique avec Séoul, dans le cadre de sa stratégie pour une « économie créative ». Enfin, les deux pays ont affirmé leur volonté d’amplifier leur coopération dans le domaine universitaire en multipliant les échanges d’étudiants et de chercheurs.
Renforcement des relations économiques
Au plan commercial, la Corée du Sud, comme l’a rappelé François Hollande lors d’un forum économique et universitaire à Séoul le 4 novembre, « est un pays où nous faisons le plus d’excédents commerciaux ». Et de rappeler que depuis 10 ans, le développement des échanges entre la France et la Corée est « très impressionnant » puisque nos échanges commerciaux ont augmenté de 50 %, et que les exportations françaises vers la Corée ont doublé. De fait, en 2014, les importations coréennes en provenance de la France se sont élevées à 5,1 milliards d’euros, en hausse de 13,8 % par rapport à 2013. Elles ont principalement été portées par l’aéronautique, les machines-engins mécaniques et les appareils électroniques. Les exportations coréennes vers la France, en baisse de 24,9 %, ont atteint 1,9 milliard d’euros en 2014.
Au plan des investissements, les entreprises françaises ne sont pas en reste : la France est le deuxième pays investisseur européen avec près de 200 entreprises implantées.
Et même si le président français a affirmé « je ne suis pas venu pour les contrats », sa visite à tout de même été marquée par la signature d’accords de partenariat très économiques, aussi bien dans l’aéronautique que dans la santé.
Partenaires de longue date Airbus Helicopters, le constructeur européen d’hélicoptères civils et militaires, filiale du groupe Airbus, et le principal constructeur aéronautique sud-coréen Korea Aerospace Industries (KAI) ont signé le 4 novembre un protocole d’accord pour commercialiser conjointement des hélicoptères dotés de plateformes coréennes destinés au marché mondial.
La collaboration portera sur l’exportation à l’international de modèles d’hélicoptères civils et militaires légers coréens – Light Civil Helicopter (LCH) et Light Armed Helicopter (LAH) – ainsi que sur les services complets du support après-vente pour plus de 500 hélicoptères fabriqués localement.
Le groupe français Sanofi a pour sa part annoncé le 5 novembre la signature, avec l’entreprise pharmaceutique coréenne Hanmi Pharmaceutical Co., d’un accord de licence mondial pour développer des antidiabétiques expérimentaux à longue durée d’action.
Dans le cadre de cet accord, Hanmi recevra un paiement initial de 400 millions d’euros et sera éligible jusqu’à 3,5 milliards d’euros en fonction de la réalisation des différentes phases de développement, d’approbation réglementaire et de commercialisation, ainsi qu’à des redevances à deux chiffres sur les ventes nettes des produits issus de l’accord. Sanofi obtiendra pour sa part une licence mondiale exclusive pour le développement et la commercialisation de l’efpéglénatide, un agoniste des récepteurs (GLP1-RA) en phase finale, à longue durée d’action ; d’une insuline à administration hebdomadaire et d’une association à dose fixe agoniste des récepteurs GLP-1-RA/insuline, à administration hebdomadaire.
Un French Tech Hub en Corée pour 2016
En matière de partenariats technologiques, c’est surtout le numérique que la France met en avant. « Nous voulons surtout soutenir l’initiative et la création, a insisté le président français. Nous avons même inventé une marque et pour qu’elle soit comprise dans le monde nous l’avons même mise en anglais […] French Tech, retenez bien ce nom, c’est un nom français ».
Paris souhaite promouvoir avec Séoul « une nouvelle génération de créateurs et d’entrepreneurs ». D’où la décision annoncée d’y implanter un « French Tech Hub » : « Nos chercheurs, nos étudiants, nos universitaires ont énormément de talent nous le savons, a ainsi commenté le président Hollande. Nous devons les accompagner, nous devons les préparer […] Et c’est pourquoi il y aura un French Tech Hub, ici, en Corée l’année prochaine », dans le cadre de l’année France-Corée qui sera suivie par une année Corée-France.
Le président français a aussi annoncé la signature d’un « accord pour favoriser les échanges entre les start-up françaises et les start-up coréennes », estimant « qu’il y a aujourd’hui de grands groupes français qui sont déjà installés ici en Corée pour soutenir les jeunes entreprises innovantes ». Déjà à la mi-septembre, à l’occasion de la visite du Premier ministre coréen en France, Hwang Kyo-ahn, pour le lancement de l’année croisée France/Corée du Sud, Paris et Séoul avaient signé un accord visant à faciliter l’octroi de visas aux entrepreneurs et stagiaires des deux pays**.
En matière universitaire, la coopération franco-coréenne est déjà dense : « 250 accords lient nos établissements dans l’enseignement supérieur », a rappelé François Hollande lors du Forum économique et universitaire. Et d’annoncer plusieurs accords pour permettre à davantage d’étudiants français d’être accueillis en Corée du Sud et, à l’inverse, que les étudiants sud-coréens viennent plus nombreux en France. Plus de 6 000 étudiants coréens sont actuellement en France tandis que la France envoie chaque année 1 000 de ses étudiants en Corée du Sud.
Venice Affre
*Source : statistiques douanières coréennes dans la base de données GTA-GTIS
**France/Corée du Sud : facilitation des visas pour les entrepreneurs
Pour prolonger :
Consultez notre Guide business Corée du Sud 2015