S’il fallait livrer des preuves que le Maroc est tourné vers la modernité, on parlerait sans doute du grand port de TangerMed, hub logistique pour desservir le bassin méditerranéen et l’Afrique de l’Ouest, et, tout de suite après, de la ligne à grande vitesse qui doit relier Tanger à Casablanca en mars 2018. On parlerait encore de l’implantation de Renault à Tanger et, bientôt, de PSA à Kenitra.
Mais aujourd’hui on parle encore plus des ambitions du Royaume chérifien en Afrique. Devenir un hub africain est le nouvel objectif tracé par le roi Mohammed VI, à la tête d’un pays qui a connu une croissance économique de 5 % en moyenne depuis 20 ans, qui vient de réintégrer l’Union africaine et s’apprête à entrer dans la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest(Cedeao) – vraisemblablement, le 16 décembre, à Lomé (Togo), à l’occasion du Sommet de la Cedeao.
Une présence sur place est indispensable
La France connaît bien le continent, le Maroc en particulier. Mais si ce pays reste le premier investisseur étranger de l’État maghrébin, l’Espagne l’a doublée comme exportateur. « Attention, la demande y porte de plus en plus sur de la technologie, les Marocains sont de plus en plus exigeants, ce qui explique qu’ils recherchent plus aujourd’hui à nouer des partenariats que d’être sous-traitants », a alerté la Franco-marocaine Faïza Hachkar, lors d’un séminaire de la CCI Paris-Ile-de-France sur le Maghreb, le 19 octobre.
La responsable du bureau en France de la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc (CFCIM) a estimé qu’une présence sur place – même un bureau de liaison, une succursale… – est devenue indispensable. Selon elle, « on ne clôt plus une offre en quelques mois, il faut une année, deux ans et donc s’implanter ».
En matière d’investissement, « la liberté est totale, y compris pour le rapatriement des fruits de l’investissement, dès qu’on a investi en devises et qu’une déclaration a été déposée à l’Office des changes », a précisé de son côté Sylvain Alassaire, conseil juridique en droit des affaires au Maroc.
Les toutes récentes initiatives de Rabat
En regardant vers l’Afrique, le Maroc tente de réorienter son commerce qui est très largement tourné vers l’Europe. Le gouvernement vient d’annoncer la création d’un poste de ministre aux Affaires africaines, plus deux cellules de suivi dans les ministères de l’Intérieur et des Finances, pour la mise en œuvre et le suivi des investissements et des projets développés dans le cadre des 980 conventions de coopération conclues sur le continent par Rabat.
Le Maroc semble même vouloir se rapprocher de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada), qui, depuis le traité de l’Ohada en 1983, compte 17 pays liés par des actes uniformes (en matière comptable, d’information financière, d’organisation des sûretés, etc.).
Le secrétaire permanent de l’Ohada, Dorothé Cossi Sossa, y effectuait une visite de travail du 11 au 16 septembre dernier, officiellement pour promouvoir l’organisation. Quoi qu’il en soit, Sylvain Alissaire ne croit pas à une adhésion rapide du Royaume. « La base du droit marocain est européen », a-t-il tranché. A suivre quand même.
François Pargny
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