Le redressement de la compétitivité et des parts de marché de la France dans le monde sont sans aucun doute des priorités hautes du quinquennat qui commence. Et la Banque de France l’a rappelé à sa manière au nouveau président français en présentant le 11 mai la situation de la balance des paiements pour l’année 2016 et les premières tendance pour 2017. Car si le commerce extérieur de biens montre, après une année 2016 très décevante*, de timides signes d’amélioration en ce début d’année (voir les chiffres des douanes de mars**), la situation est malheureusement loin de s’améliorer concernant la balance des paiements, qui reflète une situation plus globale incluant les échanges de biens, de services et d’investissements financiers et apporte, comme l’indique l’institution financière, « un éclairage sur la compétitivité et les modalités d’insertion de la France dans l’économie mondiale ».
L’an dernier, le déficit des transactions courantes s’est fortement aggravé, atteignant -19 milliards d’euros (0,9 % du PIB), après -9,6 milliards en 2015. Une contre-performance intervenue « malgré une amélioration de la facture énergétique d’environ 8 milliards » relève la Banque de France, en raison principalement des pertes de parts de marchés par rapport aux principaux partenaires de la zone euro. Et la tendance ne semble pas à l’amélioration puisque « les résultats préliminaires du premier trimestre 2017 témoignent d’une poursuite de la dégradation au début de l’année ».
Les clignotants du commerce sont au rouge
Les clignotants des échanges commerciaux sont au rouge :
-Echanges de biens
L’excédent des échanges de biens hors énergie recule de 9,8 milliards d’euros par rapport à 2015 (+12,8 milliards) pour s’établir à + à 3,1 milliards en 2016. « Les données préliminaires des tout premiers mois de 2017 font état d’un déficit des biens hors énergie de -3,8 milliards au premier trimestre » relève la Banque de France. Compte tenu de l’allègement de la facture énergétique de 8 milliards en 2016 (le déficit énergie passant de -37,8 à -29,9 milliards), le déficit global des biens se réduit modestement (-1,8 milliard, à -26,8 milliards).
Pour rappelle, en 2016 (chiffres FAB-FAB), les importations de biens sont restées en très légères progression (+0,1 %), pour atteindre 500,9 milliards d’euros alors que les exportations reculaient de -0,6 %, à 453 milliards.
-Echanges de services
Les services ne parviennent malheureusement plus à compenser le déficit des biens : l’excédent des échange de service a disparu, le solde des échanges étant devenu nul après un excédent de + 8,9 milliards d’euros en 2015. En cause, la chute des « recettes de voyages », dont l’excédent a fondu de 5 à 1,8 milliards d’euros, et la dégradation du solde « des autres services », qui passe d’un excédent (+3,9 milliards) à un déficit (-1,8 milliards d’euros). Dans le détail, les « autres services aux entreprises » (services informatiques, de conseil, de gestion…) affichent un déficit de -5,2 milliards en 2016, après un quasi-équilibre en 2015 : il atteint ainsi -4,4 milliards dans les transports (après -2,8 milliards en 2015). Des excédents sont en revanche enregistrés sur quelques autres postes, notamment les services financiers : + 4,9 milliards en 2016.
Et l’année 2017 démarre plutôt mollement pour les services : « ce solde reste juste à l’équilibre au premier trimestre 2017 » souligne la Banque de France, qui note aussi une petite amélioration pour les voyages, légèrement excédentaire (+0,6 milliard) au premier trimestre.
Le solde des revenus financiers reste positif
Seul le solde des revenus financiers reste positif et même en amélioration, passant de +6,5 milliards en 2015 à + 7,8 milliards d’euros en 2016 grâce, notamment, aux « bénéfices retirés par les entreprises de leurs implantations à l’étranger », un signe de la poursuite de l’internationalisation des entreprises françaises.
Pour leur part, les investissements directs étrangers en France s’inscrivent en repli à 26 milliards en 2016 (42 milliards en 2015), mais, note la banque de France, « le chiffre de 2016 est en ligne avec la moyenne des dix dernières années ».
Mais au final, la position extérieur du pays, à force d’accumuler les déficits, est désormais débitrice à hauteur de 351 milliards d’euros vis à vis de l’étranger, ce qui correspond à -15,8 % du PIB. Du pain sur la planche pour le nouveau gouvernement dont la composition est attendue la semaine prochaine.
Christine Gilguy
*Commerce extérieur / France : contre-performance confirmée pour l’export tricolore en 2016
** Commerce extérieur / France : le solde commercial s’améliore encore en mars, selon la Douane
Pour en savoir plus :
Une synthèse de la Banque de France est présentée dans le document Pdf attaché à cet article