L’objectif de la visite de trois jours en Chine du Premier ministre Manuel Valls (29-31 janvier), qui a conclu l’année de commémoration du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, était clairement affiché : renforcer tout en rééquilibrant les relations économiques entre les deux pays et en particulier donner une nouvelle impulsion aux investissements chinois en France, en défendant les ouvertures permises par sa politique économique.
Le chef de gouvernement français, qui était notamment accompagné de Laurent Fabius, chef de la diplomatie économique française, de Jean-Pierre Raffarin, interlocuteur apprécié des autorités chinoises, et d’une importante délégations d’hommes d’affaires français, a, dans son premier discours à Pékin, d’abord réaffirmé l’ouverture de la France aux hommes d’affaires chinois. « Les investissements chinois sont les bienvenus en France et la France facilitera pleinement les investisseurs et les investissements chinois dans notre pays », a déclaré Manuel Valls lors d’une conférence de presse commune le 29 janvier avec son homologue chinois, Li Keqiang, dont il était l’invité et qui avait particulièrement soigné son accueil.
Les investissements chinois en France atteindraient 3,5 milliards d’euros et 13 000 emplois, à comparer aux quelque 25 milliards côté français, avec 1 500 entreprises françaises implantées en Chine qui emploient 550 000 salariés. Le message est aussi qu’il ne s’agit pas que de gros investissements financiers. Une usine chinoise de leds devrait ainsi voir le jour dans la Meuse. A l’occasion du déplacement de Manuel Valls, le groupe français Arélis, spécialisé dans l’intégration de solutions électroniques de haute technologie, implanté dans la Meuse, a signé avec les dirigeants de l’entreprise chinoise Shenan un contrat selon lequel Shenan s’engage à investir 100 millions d’euros pour construire une usine de fabrication de leds dans ce département.
A Pékin, le Premier ministre a aussi appelé au rééquilibrage par le haut des échanges économiques entre la France et la Chine, une priorité de son gouvernement avec un déficit commercial bilatéral qui dépassait déjà les 24 milliards d’euros à fin novembre 2014 (11 mois), soit 37 % du déficit commercial total de l’Hexagone. Il s’agit de réduire un écart qui se creuse : la Chine exporte en France 2,5 fois plus que la France n’exporte en Chine, (respectivement 14,4 milliards et 36,6 milliards sur 11 mois de 2014). Cela passe avant tout, a rappelé Manuel Valls lors d’un discours devant les acteurs économiques, par un meilleur accès au marché chinois pour nos exportations. « Trop d’obstacles continuent de freiner nos échanges », a-t-il expliqué, indiquant avoir décidé la veille avec son homologue chinois de « travailler à la levée de ces entraves », notamment dans le domaine agroalimentaire.
Comme de tradition, outre la visite de plusieurs sites emblématique des réussites françaises ou franco-chinoises comme l’usine d’Airbus à Tianjin, cette visite a notamment été marquée par la signature d’une quinzaine de contrats et d’accords de partenariat.
Des partenariats dans l’énergie et l’électricité
GDF Suez a ainsi annoncé un accord avec Sichuan Energy Investment Distributed Energy Systems (SCEI DES) en vue de créer une joint-venture pour le développement et la gestion d’un projet d’énergie décentralisée au gaz naturel sur le parc industriel Guangan Huixiang Innovation à Yuechi, dans la province du Sichuan. L’énergéticien français détient une participation de 49 % dans la joint-venture, et SCEI DES les 51 % restants. Le montant total de l’investissement s’élève à 350 millions de renmimbis (RMB) – environ 40 millions d’euros – et la durée du projet est de 20 ans.
Gérard Mestrallet, le P-dg de GDF Suez, a également signé un protocole d’accord avec Beijing Enterprises Group visant à développer une coopération dans des projets d’approvisionnement en gaz naturel.
Le spécialiste de l’énergie nucléaire Areva a pour sa part signé avec la China National Nuclear Corporation (CNNC) un protocole d’accord pour la création d’une coentreprise dans les transports et la logistique nucléaire. Selon les termes de cet accord, Areva apportera son savoir-faire, son expérience et ses compétences en vue du déploiement d’un schéma logistique de transport de combustibles usés en Chine, un marché en forte croissance.
Quant à EDF, il a conclu des accords visant à renforcer les partenariats de long terme noués avec les leaders du secteur chinois de l’énergie. Dans le cadre de leurs partenariats stratégiques, EDF et China General Nuclear Power Group (CGN) ont ainsi signé un accord afin de partager leur retour d’expérience sur l’exploitation et l’ingénierie des parcs nucléaires existants pour maintenir les plus hauts niveaux de sûreté et conserver la cohérence entre les normes et les procédures françaises et chinoises.
L’électricien tricolore a également signé un accord avec Huadian, un des premiers électriciens chinois, ouvrant la voie à de futures collaborations sur des projets communs en Chine et à l’international. Trois domaines seront particulièrement à l’étude : les centrales à cycle combiné gaz, les centrales hydrauliques et les énergies renouvelables.
V. A.
Pour prolonger :
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– Les grands exportateurs mondiaux en 2014 (1) : Chine, États-Unis, Allemagne se renforcent, Japon et France continuent à perdre
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