Les mouvements étudiants –dont le devenu célèbre mouvement des parapluies- qui secouent le centre-ville de Hong-Kong depuis près d’un mois pour réclamer un mode de scrutin plus démocratique pour le choix du chef de l’exécutif n’ont pas eu raison de l’évidente attraction que suscite la Région administrative spéciale (RAS) de la république populaire de Chine sur les milieux d’affaires français : quelque 1200 participants ont répondu présents hier 28 octobre à la journée business « Think Asia Think Hong Kong » orchestrée par le HKTDC (Hong Kong Trade and Investment Council) au carrousel du Louvre, à Paris.
Ponctuée d’ateliers, conférence et rencontres BtoB pré-organisées –une importante mission d’entreprises venues de Hong Kong et du Guangdong en tournée européenne était présente-, cette journée s’est toutefois déroulée en l’absence du chef de l’exécutif Leung Chun-ying, retenu à Hong Kong en raison de la situation politique. Et son rendez-vous avec le président Hollande a été annulé. Le sujet, qui préoccupe pourtant les milieux d’affaires, a été peu abordé dans les conférences publiques et le leitmotiv des représentants officiels de la RAS était de rassurer les participants sur la capacité de Hong Kong à surmonter cette crise politique inédite sans violence.
Jack So, le président du HKTDC, a ouvert la journée en rappelant les atouts de cette ancienne colonie britannique comme place pour le business en Asie, et en premier lieu pour le « mainland », la Chine continentale. Surtout au moment où le renminbi (RMB), la monnaie chinoise, s’internationalise en utilisant Hong Kong comme tout premier hub financier offshore dans ce cadre. Si la RAS n’est plus le seul centre offshore de traitement du RMB, elle veut rester le leader. La bourse de Hong Kong va être bientôt interconnectée avec celle de Shanghai et elle veut booster le développement de services financiers dans cette monnaie.
Plusieurs conférences ont eu lieu sur ce sujet du RMB, signe de la volonté des organisateurs hongkongais d’en faire un nouveau secteur d’attraction des investissements. Hong Kong est d’autant plus désireuse d’approfondir ses liens avec la France dans ce domaine que Pékin a déjà noué avec Paris une importante coopération bilatérale sur le plan financier*. Aujourd’hui, près de 20 % du commerce bilatéral avec la Chine se fait en RMB et Paris est devenu la première place offshore pour le RMB en zone euro. D’où la signature le 28 octobre d’un protocole d’accord renforçant la coopération entre la Banque de France et la Hong Kong Monetary Authority pour renforcer la coopération entre les deux institutions en matière de traitement de la devise chinoise.
Hong Kong s’intéresse aux technologies et marques françaises
On comprend pourquoi Matthias Fekl, secrétaire d’État français au Commerce extérieur, a eu un discours très positif en faveur de la présence française à Hong Kong, rappelant que l’environnement offert par ce territoire à l’économie libérale, aux portes de la Chine continentale, avec une population hautement qualifiée et une grande ouverture aux investisseurs étrangers, était « exceptionnel ». A tel point qu’il a fallu lire entre les lignes pour saisir la seule allusion aux perturbations actuelles, lorsque le secrétaire d’État a évoqué, parmi les atouts du territoire, « une jeunesse engagée aux aspirations légitimes (…) qui incarne l’avenir ».
Avec des exportations multipliées par deux ces 5 dernières années, à 4,8 milliards EUR, et de grands contrats qui lui ont permis de contribuer à la modernisation des infrastructures locales, la France montre déjà qu’elle a saisi toute l’importance de la RAS. Avant la fin de l’année, Véolia devrait d’ailleurs y inaugurer la plus grosse usine de traitement des eaux usées et de boues, autonome en énergie, à Hong Kong. Mais d’ores et déjà 8700 entreprises françaises y exportent, 750 sont implantées sur place et quelque 17000 Français y sont enregistrés comme résidents, soit la deuxième communauté française au monde. Hong Kong accueille d’ailleurs le deuxième plus grand lycée français au monde (plus de 2500 élèves).
Et à en croire les organisateurs hongkongais de la journée du 28 octobre, le marché est loin d’être saturé pour peu qu’on l’envisage à l’échelle de l’Asie : « C’est notre plus grosse opération jamais organisée en France, s’est notamment enthousiasmée Margaret Fong, la toute nouvelle directrice générale du HKTDC, nommée le 1er octobre. Nous pensons qu’il y a beaucoup d’opportunités pour les entreprises françaises ». C’est qu’en dehors des services, notamment financiers, Hong Kong met l’accent depuis quelques années sur les nouvelles technologies : « il existe une forte demande pour les hautes technologies, notamment les biotechnologies, et cette demande concerne toute l’Asie », a-t-elle insisté lors d’un échange avec quelques journalistes français.
Les technologies « vertes », celles relatives aux films d’animation et aux jeux vidéo, font aussi partie des secteurs porteurs actuellement. Parmi les 150 entrepreneurs emmenés par le HKTDC, si une délégation avait pour centre d’intérêt le traditionnel secteur des vins et spiritueux, deux autres concernaient les technologies « vertes » et les jeux vidéo. La plupart étaient d’ailleurs en tournée européenne, avec des étapes à Paris, Londres, Madrid et Milan, selon leurs centres d’intérêt.
« D’une manière générale, il existe de nombreuses entreprises chinoises également intéressées par les marques européennes et désireuses d’en découvrir de nouvelles », a-t-elle aussi précisé : une partie des chefs d’entreprises chinois devait se retrouver à Milan après l’escale parisienne pour une opération similaire à celle de Paris, mais centrée sur la mode.
Christine Gilguy
*Lire en accès libre : Le Renminbi trace sa voie dans le commerce avec la Chine
Pour prolonger :
Lire notre dernier Guide Business Hong Kong