Louis Fabrice Latour était tout
sourire lors de la présentation de bilan 2012 des exportations françaises de
vins et spiritueux, le 14 février, à Paris. D’après la Fédération des exportateurs
de vins et spiritueux (Fevs) qu’il préside, les livraisons hors de l’Hexagone
ont atteint un plafond historique de 11,2 milliards d’euros en 2012 (chiffre
légèrement différent de celui des Douanes qui comptabilisent aussi les
réexportations, soit 300 millions en sus).
Globalement, le vin a représenté
les deux tiers, soit un montant de 7,6 milliards d’euros, en hausse de 8,5 %
sur 2011. En volume, la progression est moindre : + 3,4 %. Près de 152,8
millions de caisses de 12 bouteilles ont ainsi été commercialisées l’an
dernier.
En fait, la France perd des parts
de marché en volume depuis dix ans. Alors que pendant cette période le chiffre
d’affaires à l’export a bondi de 30 %, les quantités ont, elles, perdu 10 %.
« Nous avons gagné la bataille de la valorisation. Ce
n’est pas le cas pour les volumes », reconnaît le président de la Fevs,
qui s’inquiète notamment pour le Languedoc-Roussillon, « là où se trouvent
les gros contingents de vins ».
Politique agressives des prix des Italiens et Espagnols
Le bordeaux et le champagne ont
bénéficié à plein des hausses de prix. « Mais les vins du sud ont aussi
pratiqué des augmentations de prix de plus de 30 % », rapporte Antoine
Leccia, P-dg de la maison héraultaise AdVini. Or, ces vins sont confrontés à une
concurrence très agressive des Italiens et des Espagnols. « Ce n’est pas
tant les Chiliens ou les Australiens que nous craignons », précise Louis
Fabrice Latour, qui pointe aussi « la difficulté de la profession à créer
des marques avec ou sans identification géographique ».
Selon le Bordelais Philippe
Castéja, P-dg de Borie-Manoux, « bordeaux possède une offre complète, mais
manque de marques », ce qui l’handicape sur un marché « aussi
rigoureux et compliqué que l’Allemagne ». Premier débouché extérieur de la
France en volume avec 25,58 millions de caisses et troisième en valeur, avec
684,2 millions d’euros en 2012, les exportations de l’Hexagone y ont chuté de
7,1 % en volume et de 0,5 % en valeur. « Pour les vins du sud, les
augmentations de prix ont forcément joué dans un pays où le discount représente
70 % de la distribution alimentaire », renchérit Antoine Leccia.
La concurrence est aussi rude au
Royaume-Uni, qui est le deuxième marché en quantité de la France, avec 20,87
millions de caisses, et le premier en valeur, avec plus de 1,3 milliard d’euros
l’an dernier. Si la valorisation est toujours bonne, avec + 9,1 % sur 2011, ce
n’est pas le cas en volume, où, comme pour l’Allemagne, les pertes sont
sensibles, avec – 6,5 %.
De bons résultats au Japon et en Chine
Heureusement, certains marchés
sont porteurs comme les États-Unis (lire à cet égard l’article du MOCI). En
volume, les plus fortes progressions dans le Top 7 des clients de la France
sont des pays asiatiques. D’abord, le Japon, + 21,8 % et + 25,6 % en
valeur. Philippe Castéja salue le « renouveau » de ce pays, avec une
« relance de la consommation », mais s’attend, toutefois, à un
« ralentissement » cette année pour plusieurs raisons : la chute
brutale du yen, l’existence de stocks importants dans l’archipel et limités
dans l’Hexagone.
Ensuite en Chine continentale, les
expéditions françaises ont aussi augmenté de 17 % en volume et 25,6 % en
valeur, ce qui traduit plutôt « un atterrissage », selon Philippe Castéja,
après le boom de 2011. Pour le bordeaux, « ce sont surtout les grands crus
qui connaissent un léger tassement, ce qui est normal », juge le P-dg de
Borie-Manoux.
Languedoc-Roussillon et Vallée du
Rhône cherchent aussi à profiter de l’engouement des Chinois pour le bordeaux
rouge. « Aujourd’hui, observe Antoine Leccia, les grands opérateurs
chinois développent des portefeuilles de vins importés, ce qui devait continuer
à tirer le marché ». Comme « ils construisent de gammes », c’est
« à nous, avoue-t-il, de savoir en profiter ».
François Pargny
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