Alors que la croissance de l’économie mondiale restera inférieure à 3 % cette année, pour la sixième année consécutive, « la nette augmentation du risque d’entreprise dans le monde est confirmée par les évaluations pays de Coface dont la moyenne des 160 pays atteint un pic jamais vu depuis le début des années 2000 et correspond à B, « risque assez élevé » », annonce Coface dans un communiqué publié le 30 juin. De fait, l’assureur-crédit a dégradé les notes de risques pays de quelque 17 pays et reclassé seulement 7 autres. Il a par ailleurs créé une nouvelle catégorie de risque pays, E, pour des pays qui affichent désormais « risque de crédit extrême » .
Des déclassements en Amérique du Nord, Asie et Afrique
Les trois plus importantes économies mondiales sont touchées : le Japon avait déjà été dégradé à A2 par l’assureur-crédit en mars, c’est au tour des États-Unis et de la Chine : le premier voit sa note ramenée à A2, la seconde dégringole en B. Outre-Atlantique, « les entreprises sont confrontées à des problèmes cycliques, explique Coface. Le point de retournement post-crise est atteint et se traduit par une montée des défaillances pour la première fois depuis 2010. Derrière la baisse continue du taux de chômage se cachent les entreprises dont la profitabilité s’érode et qui investissent moins ». La Chine, pour sa part, continue à souffrir de surcapacités et d’un endettement trop élevé des entreprises.
Par ricochet, plusieurs autres pays sont touchés par les à-coups de ces locomotives : en Amérique, le Canada est déclassé en A3. En Asie, les notes de la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan sont déclassées à A3 et celle de la Malaisie à A4.
Autres pays déclassés, ceux qui souffrent toujours des prix bas du pétrole dont ils sont exportateurs : « L’Arabie saoudite (nouvelle évaluation B), Koweït (A3), Qatar (A3) et l’Algérie (C) voient leur déficit public se creuser davantage et l’activité hors hydrocarbure ralentit, souligne Coface. C’est aussi le cas de l’Angola (D) et de la Zambie (D), suite à la dépréciation de leur monnaie locale liée au ralentissement chinois et à l’effondrement du prix de matières premières, et du Mozambique (D) confronté à une haute probabilité de défaut de paiement.
Enfin, certains pays sont dans une situation de précarité telle que Coface a décidé de créer une 8e catégorie d’évaluation, E, pour « risque extrême », qui est attribuée à une partie des pays faisant partie de la catégorie D : Afghanistan, Arménie, République centrafricaine, Cuba, Érythrée, Iran, Irak, Libye, Soudan, Syrie, Timor-Leste, Venezuela, Yémen, Zimbabwe.
En Europe, reclassement de six pays dont la France et l’Italie
Dans ce tableau plutôt sombre, c’est en Europe, malgré le Brexit, que l’on trouve un peu de lumière. Car le Brexit « n’entrave pas à ce stade la bonne dynamique de la croissance dans la zone euro (prévision de 1,7 % en 2016), alimentée à la fois par la consommation des ménages et l’investissement privé» indique l’assureur-crédit. Parmi les éléments qui soutiennent les marges des entreprises : le relâchement budgétaire, la baisse du prix du pétrole et la politique de taux bas de la BCE. Par ailleurs, «la progression de l’offre de crédit bancaire bénéficie pour la première fois aux TPE».
Dans ce contexte, la France est reclassée en A2, ce qui sanctionne positivement le plus haut niveau d’investissement des entreprises depuis 4 ans, le redémarrage de l’activité dans la construction (qui représente 5 % du PIB), une baisse continue des défaillances estimée à -3,2 % en 2016. L’Italie est pour sa part reclassée en A3, sous l’effet du recul des défaillances et du taux de chômage et l’investissement attendu à la hausse.
En Europe centrale, les effets positifs de cette bonne dynamique en Europe de l’Ouest se font sentir avec quatre reclassements : Lituanie (A3), Slovénie (A3), Lettonie (A4) et Roumanie (A4).