Chaque trimestre, Euler Hermes, le spécialiste de l’assurance-crédit publie ses notes de risques pays. Son département de la recherche économique a révisé à la hausse la note de l’Argentine, du Brésil, et de l’Égypte. Explications.
Argentine : la croissance est de retour, l’inflation devrait ralentir en 2017
En 2016, le PIB de l’Argentine s’est contracté de 2,3 %, l’inflation s’est rapprochée des 40 %, et le déficit courant s’est creusé à -2,6 % du PIB. « Mais la croissance, prévient Euler Hermes, est désormais de retour ». Ainsi, entre le 3ème trimestre et le 4ème trimestre 2016, le PIB argentin a cru de +0,5 %, porté notamment par la bonne performance des exportations qui ont progressé de +3,2 % sur cette période.
« La situation financière de l’Argentine est désormais plus confortable, en raison de son accès retrouvé aux marchés de capitaux internationaux. De plus, la fin des quotas sur les exportations de soja a permis aux exportations argentines de rebondir. Par ailleurs, l’élimination des subventions aux prix a désormais un impact favorable. L’inflation relative à cette mesure est derrière nous, et la liberté retrouvée des prix permet de mieux équilibrer l’offre et la demande, et d’entraver la surconsommation et le surinvestissement », explique ainsi Alberto González de Aledo Pérez, économiste chez Euler Hermes.
Selon l’économiste, l’inflation devrait ralentir cette année, et revenir aux alentours de 20 %. L’économie argentine devrait croître de +3,2 % cette année, principalement soutenue par l’investissement, qui devrait progresser de +8,3 % (-5,2 % en 2016) ».
Pour l’ensemble de ces raisons, Euler Hermes a amélioré la note de risque pays de l’Argentine. De C4 à C3, le risque argentin est passé d’« élevé » à « significatif » à horizon 12 mois.
Brésil : le déficit courant du Brésil s’est réduit de manière drastique
Ces deux dernières années, le Brésil a relevé deux défis primordiaux, qui lui ont permis de rééquilibrer son économie et d’espérer une sortie de récession. Grâce à une politique monétaire contra cyclique, le pays est en effet parvenu à ralentir considérablement l’inflation, à 5,1% anticipé pour 2017 (10,7 % en 2015). D’autre part, le déficit courant du Brésil s’est réduit de manière drastique à -1,1 % du PIB en 2016 (-3,3 % du PIB en 2015), suite à la légère reprise du cours des matières premières. Ces rééquilibrages nécessaires ont pesé sur la croissance (-3,5 % en 2016).
Cette embellie a incité Euler Hermes à améliorer la note de risque pays du Brésil de C3 à B3. Le risque brésilien reste toutefois significatif à horizon 12 mois, avertit Euler Hermes.
« L’inflation brésilienne est aisément revenue dans les clous. La Banque centrale du Brésil pourrait en profiter pour soutenir plus encore l’économie nationale, ce qui devrait soulager à la fois les ménages et les entreprises. Nous estimons que la consommation des ménages croîtra de +0,9 % en 2017 (-5 % en 2016) et l’investissement de +1,9 % (-11% en 2016) », commente Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes.
Égypte : la reprise égyptienne devrait se manifester dès 2018 à +1,5 %
En novembre 2016, deux réformes attendues de longue date ont été appliquées par l’administration égyptienne. Premièrement, l’arrimage de la livre égyptienne (EGP) au dollar américain (USD), qui avait lourdement impacté les réserves de changes de l’Égypte, a pris fin. S’en est suivi une dépréciation de -50 % de la devise égyptienne, d’où la disparition du marché de change parallèle. Ensuite, d’importantes coupes ont été réalisées dans les subventions publiques.
« Ces deux mesures auront des impacts non-négligeables sur l’économie égyptienne. Avec la dépréciation de la devise, le coût des importations a augmenté. Cela devrait inciter l’Égypte à importer moins, d’où un redressement du déficit courant à -3,5 % en 2017 (-5,8 % en 2016) », analyse pour sa part Stéphane Colliac, économiste chez Euler Hermes.
La reprise égyptienne devrait se manifester dès 2018 à +1,5 %, « et cette croissance sera plus équilibrée que par le passé », estime la société d’assurance-crédit qui a amélioré la note de risque pays de l’Égypte. De D4 à D3, le risque égyptien passe ainsi d’« élevé » à « significatif » à horizon 12 mois.
L’évaluation du niveau global de risque pays repose sur une note pays structurelle (6 niveaux allant de AA à D) et un indicateur d’alertes à court terme (4 niveaux allant de 1 à 4).
V. A.