Pour Donald Trump, qui a tout misé sur une politique protectionniste unilatérale et agressive pour réduire le déficit commercial des États-Unis, brandissant la vieille arme tarifaire, l’échec est cuisant : les statistiques de commerce extérieur rendues publiques par le Département du Commerce américain, le 6 mars, viennent de confirmer ce qui se profilait mois après mois : loin d’être freiné, le déficit commercial américain a atteint un nouveau pic record en 2018, avec -621 milliards de dollars (Md USD) pour l’ensemble des échanges de biens et services, le plus important en 10 ans. Il s’est aggravé de 12,5 % par rapport à 2017, soit un 68,8 Md USD supplémentaires.
Pour les seuls échanges de biens, le « trou » grimpe à -891,3 Md USD, soit une aggravation de 10,3 % sur 2017. L’excédent des échanges de services a pour sa part continué à progresser, atteignant +270,2 Md USD, insuffisant, toutefois, pour compenser le déficit des biens.
Avec la Chine, un nouveau déficit record…
Pire, soulignent les commentateurs des grandes agences d’information financière comme Bloomberg : en deux ans, le déficit s’est accru de 119 Md USD au total, soit une piètre performance pour un dirigeant qui n’a eu de cesse de fustiger le bilan de ses prédécesseurs.
Avec la Chine, principale cible d’une « guerre commerciale » engagée en juillet 2018 par le président américain, la première salve de mesures et de contre-mesures, n’a pas enrayé le déficit bilatérale de biens : avec -419,2 Md USD, il a atteint lui aussi un niveau record en 10 ans.
Rappelons que les États-Unis ont imposé des droits de douanes supplémentaires sur 250 Mds USD de biens importés de Chine, cette dernière rétorquant en imposant des hausses de tarifs sur 110 Md USD de produits américains, dont le soja et d’autres matières premières. Washington a retardé l’imposition de droits de douane sur 200 Md USD d’importations supplémentaires en attendant l’issue de négociations, toujours en cours, avec Pékin, portant sur des sujets comme le dumping, la plus grande ouverture aux investissements américains ou encore l’arrêt des transferts forcés de propriété. L’ultimatum avait été fixé par Donald Trump au 1er mars 2019 mais a été suspendu pour permettre la poursuite des négociations.
1e importateur, 2e exportateur mondial…
Les droits de douanes supplémentaires instaurés sur l’aluminium et l’acier au printemps 2018 n’y ont rien fait non plus : le déficit s’est également accru avec de nombreux autres pays, dont ceux de l’Union européenne –Allemagne étant le premier fournisseur européen des États-Unis –, alors que la Commission européenne est toujours en négociation avec les Etats-Unis pour un accord commercial sous la menace de droits de douanes supplémentaire sur les automobiles. Il est également en hausse avec le Mexique, que Washington avait contraint à renégocier l’ancien accord de libre-échange tripartie avec le Canada …
Au total, en 2018, les exportations américaines de biens et services ont progressé de 6,3 % pour atteindre 2500 Md USD, tirées notamment par la hausse des livraisons de produits pétroliers et aéronautiques. Il devrait maintenir le pays au rand de 2e exportateur mondial, derrière la Chine.
Mais les importations américaines, stimulée par une forte demande alimentée par la croissance économique, la baisse de la fiscalité et un taux de change du dollar relativement élevé, ont augmenté plus vite : + 7,5 % à 3120 Md USD, avec un large éventail de produits concernés, des produits pharmaceutiques aux ordinateurs en passant par les voyages à l’étranger… Les États-Unis devrait demeurer le 1er importateur mondial, devant la Chine…
Desk Moci