L’Asie va rester le moteur de la croissance de l’économie mondiale, mais cette dernière va globalement ralentir, d’après les Perspectives économiques mondiales pour 2019 de la Banque mondiale « Les échanges commerciaux et les investissements internationaux faiblissent, souligne l’institution financière internationale. Les tensions commerciales restent vives. Plusieurs grands marchés émergents ont subi de fortes pressions financières l’année dernière ».
Du coup, l’économie mondiale, qui a commencé à monter des signes de faiblesse dès le second semestre 2018, ne devrait progresser que de 2,9 % cette année, selon les prévisions de la Banque mondiale, après 3 % estimés en 2018. « Après avoir tourné à plein régime au début de 2018, l’économie mondiale a perdu de la vitesse en cours d’année et le chemin pourrait être encore plus cahoteux en 2019 », avertit ainsi Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale.
Cette prévision rejoint les anticipations des instituts d’analyse privés, qui misent également sur un net ralentissement de la croissance mondiale cette année, autour de 3 %, lié au ralentissement de l’économie américaine, de la zone euro et de la Chine. Si globalement, le taux de croissance des pays avancés tomberait à 2 % (après 2,2 % en 2018), selon la Banque mondiale, la croissance des pays émergents se maintiendrait toutefois à 4,2 %, comme en 2018.
La Chine ralentit, l’Inde accélère
Par grandes zones géographiques, si l’Asie va faire la course en tête, la Chine ne sera pas au mieux de sa forme. La croissance devrait y tomber « à 6,2 % cette année, en raison de la poursuite de rééquilibrages intérieurs et extérieurs », prévient la Banque mondiale. Pour autant, dans sa totalité, l’Asie de l’Est et du Pacifique enregistrerait une croissance de 6 %. Seule, l’Asie du Sud ferait mieux, avec 7,1 %, grâce à l’Inde, avec 7,3 %, dont l’activité serait soutenue par la consommation et l’investissement.
L’Europe et l’Asie centrale serait, pour leur part, handicapée par la mauvaise performance relative de la Turquie. Alors que la zone « marquera le pas pour s’établir à 2,3 % » (après 3,1 % en 2018), la Banque mondiale estime que l’ex-Empire Ottoman affichera un taux de croissance en baisse à + 1,6 %, « sous l’effet d’une forte inflation, de taux d’intérêt élevés et d’un faible niveau de confiance qui décourageront la consommation et l’investissement ».
Plus à l’ouest, un taux de progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,6 % est aussi prévu dans la zone euro, soit plus qu’au Japon dont la croissance serait de 0,9 %, mais moins qu’aux États-Unis dont le taux de croissance, certes moins vif, atteindrait 2,5 %.
La croissance économique serait identique en Amérique latine et dans les Caraïbes, avec 1,7 %. Parmi les grandes économies sur-américaines, la Banque mondiale prévoit un rythme d’expansion de 2,2 % au Brésil et un rythme « modéré » de 2 % au Mexique, tandis que l’économie argentine devrait se contracter de 1,7 %.
En Afrique, l’Égypte en forme
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la croissance « devrait se renforcer pour atteindre 1,9 % en 2019 », grâce à l’Égypte et aux pays membres du Conseil de coopération du Golfe, dont les économies accélèreraient avec des taux de croissance respectifs de 5,6 % et 2,6 % en 2019. Malgré son essoufflement, l’économie de l’Algérie se maintiendrait à + 2,3 %.
Enfin, l’activité en Afrique subsaharienne progresserait de 3,4 % en 2019, « en supposant une diminution de l’incertitude pesant sur les politiques publiques, l’amélioration de l’investissement dans les grandes économies et la poursuite d’une croissance robuste dans les pays à faible intensité de ressources », précise la Banque mondiale. A noter, néanmoins, que les grandes nations vont enregistrer des hausses de leur PIB inférieures à la moyenne : + 2,2 % au Nigeria, + 2,9 % en Angola, + 1,3 % en Afrique du Sud.
François Pargny