« Fecit… j’ai bien noté », appréciait Pierre Buhler, ambassadeur de France en Pologne, après le discours de son ministre de tutelle, Laurent Fabius, qui clôturait la conférence des ambassadeurs (28-29 août) le 29 août à Paris. Fecit ou plutôt F.E.C.I.T : F pour francophonie, E pour entreprises, C pour climat, I pour investissements et T pour tourisme. Comme les artistes de l’ancien temps, qui ajoutaient à leurs signatures le mot latin « fecit » pour signifier « un tel a fait », le ministre des Affaires étrangères et du développement international demande aux ambassadeurs de France d’inscrire dans leur feuille de route et dans leurs actions ces cinq « commandements » d’une diplomatie qui se veut « globale » :
« F, pour francophonie. La pratique du français dans les écoles, dans les universités, dans les médias, dans la société : vous en êtes comptables », a clairement indiqué un Laurent Fabius, à la fois souriant et ferme dans son ton.
Après avoir rappelé en matière de francophonie l’existence « des orientations claires » fixées par la secrétaire d’État chargée du Développement et de la francophonie, Annick Girardin, la tenue du prochain Sommet de la francophonie à Dakar, les 29 et 30 novembre, et la remise récente du rapport de la mission Attali « la francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable », Laurent Fabius a illustré ce qu’il appelle « la diplomatie globale».
Selon lui, si « la diplomatie stratégique est essentielle (les alliances, la sécurité, les partenariats politiques…) », « le sont aussi les échanges d’étudiants, le développement de la francophonie, les années croisées, l’audiovisuel extérieur…), la diplomatie scientifique, la diplomatie sportive et la diplomatie économique ».
« Un peu moins de macroéconomie mais davantage de microéconomie, d’investissements, de créations d’entreprises et d’emplois en France »
D’où « E, pour entreprises, qu’il s’agisse des entreprises françaises à l’étranger ou de l’inverse – surtout les moyennes entreprises… ».
« N’attendez pas qu’elles se présentent à vous », « je vous demande d’agir pour que notre situation soit meilleure », a encore commandé le patron du ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI), faisant ainsi clairement appel à leur sens de l’initiative pour que se redresse la balance commerciale de la France.
C, pour climat. La préservation de la planète est un objectif de l’Hexagone, surtout au moment où Paris prépare la 21e Conférence des Nations Unies pour le climat (COP 21), qui se tiendra au Bourget en décembre 2015.
Pour parvenir à constituer, au terme de cette réunion devant accueillir 50 000 participants, « une véritable Alliance de Paris pour le climat », il faut « un accord universel juridiquement contraignant, plus une série d’engagements nationaux, plus un paquet financier, comprenant notamment la dotation d’un fonds vert pour le climat, et, enfin, un encouragement, un recensement des initiatives prises à travers le monde par les communes, les régions et les grandes entreprises ou branches économiques afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre responsable du dérèglement climatique ».
I, pour investissements, « singulièrement les investissements étrangers en direction de France », a insisté le ministre, le 29 août. « Ce doit être une préoccupation constante de votre part », a-t-il ainsi délivré aux ambassadeurs réunis à Paris. Et d’ajouter : « un peu moins de macroéconomie mais davantage de microéconomie, d’investissements, de créations d’entreprises et d’emplois en France ».
Enfin T, pour tourisme, alors que le nombre de touristes doit doubler à deux milliards dans une quinzaine d’années. D’où les efforts réels à réaliser en matière de délivrance des visas, de promotion, de transport et d’accueil. Les ambassades auront, d’ailleurs, l’occasion de mettre en valeur le repas à la française, le 19 mars prochain, à l’occasion de l’opération « Goût de France » menée par plus de 1 000 restaurants français sur les cinq continents.
François Pargny