Le rapport 2018 sur la perception de la corruption dans le monde, publié le 29 janvier par l’organisation non gouvernementale (ONG) internationale de lutte contre la corruption Transparency International, révèle que la lutte contre la corruption dans le secteur public est « au point mort » dans la plupart des pays du globe. En effet, depuis 2012, seulement 20 pays ont «considérablement amélioré leur score » et donc fait de réels progrès dans la lutte contre la corruption.
Principal indicateur mondial de la corruption dans le secteur public, l’Indice de perception de la corruption (IPC), créé en 1995, mesure la corruption qui gangrène le secteur public dans 180 pays et territoires en s’appuyant sur 13 enquêtes et évaluations d’experts. L’IPC attribue ensuite à chaque pays/territoire un score allant de zéro (fortement corrompu) à 100 points (très peu corrompu).
Dans l’IPC 2018, il s’avère que plus des deux tiers des pays classés obtiennent un score inférieur à 50 points, le score moyen se situant seulement à 43 points.
Danemark, Nouvelle-Zélande et Finlande, les bons élèves
Le Danemark, la Nouvelle-Zélande et la Finlande font partie du trio de tête du classement 2018 de la corruption mondiale établi par Transparency International en obtenant respectivement 88, 87 et 85 points sur 100. Suivent dans le Top 10 : Singapour (85 points), la Suède (85 points), la Suisse (85 points), la Norvège (84 points) et les Pays-Bas (82 points), le Canada (81 points) et le Luxembourg (81 points).
À l’inverse, les économies ayant obtenu les scores les plus bas et donc classées en bas de l’échelle sont la Corée du Nord (14 points), le Yémen (14 points), le Soudan du Sud (13 points), la Syrie (13 points) et la Somalie (10 points). Des nations dans lesquelles des régimes autoritaires et ou de dictature sont en place.
États-Unis, Brésil, République tchèque « à surveiller »
L’ONG internationale signale également dans son rapport 2018 que trois pays sont « à surveiller » à savoir les États-Unis, le Brésil et la République tchèque.
Avec un score de 71 points, les États-Unis ont perdu quatre points depuis l’année dernière, sortant de la liste du Top 20 des pays en tête de l’IPC pour la première fois depuis 2011. Ce faible score, analyse Transparency International, intervient à un moment « où des menaces pèsent » sur le mécanisme fédéraliste de séparation des pouvoirs associé aux checks and balances, ‘freins’ et ‘contrepoids’, des États-Unis de Donald Trump. « On assiste également [aux États-Unis] à une érosion des normes éthiques dans les plus hautes sphères du pouvoir », observe encore l’ONG internationale de lutte contre la corruption.
Le Brésil a également perdu deux points depuis l’année dernière et enregistre un score de 35 points, soit le plus bas en sept ans. Parallèlement à ses promesses concernant l’élimination de la corruption, le nouveau président brésilien, le populiste d’extrême droite Jair Bolsonaro, « a clairement affirmé qu’il gouvernerait d’une main de fer », met en garde Transparency International, ce qui pourrait, estime l’organisation, « remettre en question nombre des acquis démocratiques dans ce pays ».
Quant à la République tchèque, elle progresse dans le classement depuis 2014 et obtient un score de 59 points en 2018, soit deux points de plus qu’en 2017. Toutefois, nuance l’organisation de lutte contre la corruption, « les événements de l’année dernière laissent penser que les gains pourraient être fragiles ». Le Premier ministre Andrej Babiš, rappelle l’ONG, a été reconnu coupable de conflit d’intérêts dans le cadre de ses activités dans les médias. L’homme d’affaires et homme d’État tchèque est également impliqué dans un autre conflit d’intérêts pour ses relations avec une entreprise qui a reçu des millions d’euros de subventions de l’Union européenne (UE).
Dans ces trois pays, « les dirigeants populistes ont fait campagne contre la corruption », précise la principale organisation de la société civile de lutte contre la corruption. Mais, pour cette dernière, ils menacent de saper les institutions démocratiques au sein même desquelles ils ont été élus et qu’ils représentent « ouvrant ainsi la voie à davantage de corruption ».
La France, pour sa part, améliore son classement, passant de la 23ème à la 21ème place (score : 72/100)
In fine, pour progresser réellement dans la lutte contre la corruption et consolider la démocratie dans le monde, Transparency International appelle tous les gouvernements à :
– Renforcer les institutions chargées de maintenir l’équilibre des pouvoirs, notamment les freins et contrepoids au pouvoir politique, et veiller à ce qu’elles puissent fonctionner sans subir de pressions ;
– Combler les écarts au niveau de la mise en œuvre de la législation, des pratiques et de l’application des normes destinées à la lutte contre la corruption ;
– Soutenir les organisations de la société civile qui sont un relais en matière politique et assurent un suivi des dépenses publiques, en particulier au niveau local ;
– Soutenir les médias libres et indépendants et garantir la sécurité des journalistes de telle sorte qu’ils puissent travailler sans faire l’objet d’intimidations ni de harcèlement.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consulter l’Indice de perception de la corruption mondiale 2018 : https://transparency-france.org/actu/indice-de-perception-de-la-corruption-2018/
Pour prolonger :
Guide Gérer les risques d’impayés à l’export – 1ère édition 2018