En Asie, hors Chine d’où est parti le coronavirus, les entreprises françaises en Corée du Sud, à Singapour et Hong Kong seront les plus touchées par ses conséquences économiques en chaîne, d’après le sondage « Covid-19 Impact sur les entreprises françaises en Asie Pacifique (hors Chine) » (voir ci-dessous fichier joint).
Cette enquête d’opinion a été réalisée entre le 18 et 20 février dernier, par les Conseillers du commerce extérieur (CCE) de la zone Asie-Pacifique, le Service économique régional, Business France, les CCI françaises et la French Tech, auprès d’un échantillon de 415 entreprises, en majorité des PME et TPE (76 %). Les pays les mieux représentés : Singapour (17 %), Vietnam (16 %), Hong-Kong (12 %), Japon (10 %).
La publication de ce sondage Asie-Pacifique des CCE intervient quelques jours après celle des résultats d’une première enquête des CCE, centrée sur la Chine. L’inquiétude progresse dans la communauté française : Bercy vient d’annoncer des mesures d’appui.
39 % anticipent une baisse du CA jusqu’à 50 %
En Asie Pacifique et notamment en Corée du Sud, à Hong Kong et Singapour, elles sont 39 % des entreprises françaises à anticiper une baisse de leur chiffre d’affaires (CA) jusqu’à 50 % au premier semestre 2020. Logiquement, ce sont aussi sur ces trois mêmes marchés que les sociétés de l’Hexagone craignent un impact social fort.
En Asie Pacifique en moyenne, 30 % anticipent des réticences à l’expatriation vers leur pays d’implantation, 24 % des hésitations et des obstacles pour y embaucher des nationaux chinois et 13 % des départs d’expatriés.
Si les trois pays déjà cités sont les plus concernés, les raisons sont différentes : la Corée du Sud, parce que cette nation étant le supermarché de la Chine, son économie en est très dépendante. Ce qui est aussi le cas de Hong Kong, que commence à fuir les expatriés, alors que Singapour va être frappé à la fois par la baisse de la consommation et de la fréquentation touristique chinoises.
29 % s’attendent un impact négligeable sur leurs affaires
En moyenne en Asie Pacifique, elles sont encore 29 % des entreprises françaises à anticiper toutefois un impact négligeable sur leur CA et 27 % à avouer n’avoir aucune visibilité sur leurs ventes.
Dans la première catégorie, on retrouve surtout les entreprises présentes en Inde et les petites îles du Pacifique. L’Inde est, au demeurant, un marché où les dirigeants français considèrent que leurs recrutements ne seront pas impactés pendant le premier semestre (40 % des réponses sur ce pays).
Ce sont surtout les dirigeants présents au Cambodge, au Japon, en Malaisie et à Taïwan qui se placent dans la deuxième catégorie. Toutefois, comme pour l’Inde, en Malaisie nombre de dirigeants (35 % sur ce pays) estiment que le coronavirus n’aura pas d’influence sur leurs embauches à venir.
Premier obstacle, le blocage des vols internationaux
Les CCE d’Asie Pacifique se sont également intéressées aux problèmes auxquels les sociétés envisagent de faire face à l’avenir. Arrive en tête, avec 31 % des réponses, le blocage des vols internationaux, bien avant la difficulté à mobiliser des collaborateurs nationaux dont le moral peut être aussi atteint (17 %).
Assez logiquement, l’impact négatif sur les activités locales des sociétés de l’Hexagone sera provoqué en priorité par l’impossibilité de se déplacer en Asie. Quant à la reprise d’activité, elle est attendue par plus de la moitié des sociétés en mai, seuls 29 % tablant une période antérieure (avant avril).
Le Vietnam, source d’approvisionnement en hausse
Pour autant, les CCE mettent en garde, estimant que la crise pouvait s’étendre « jusqu’à juin ou juillet 2020 ». Et que si les industriels sont plus optimistes que les spécialistes des services quant à une relance de leurs activités, l’organisation du travail pourrait être modifiée durablement, avec une hausse du télétravail et la digitalisation des activités.
L’e-commerce devrait « durablement » se développer et les entreprises vont aussi « durablement » diversifier leurs sources d’approvisionnement, ce qui devrait profiter au Vietnam, d’après des informations des CCE hors enquête.
A noter, enfin, les problèmes de trésorerie sérieux des entreprises françaises. Les besoins seraient estimés à plus de 244 millions d’euros par 54 % des dirigeants interrogés. Or, 88 % ne bénéficieraient d’aucun soutien de Bpifrance.
F.P