Selon une étude de la Coface sur les risques et les opportunités du secteur de la construction à l’échelle mondiale, les disparités sont importantes d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre dans un même pays (voir rapport complet en lien). « La situation des entreprises
du secteur de la construction reflète étroitement les tendances économiques
mondiales, régionales et nationales avec de nombreux incidents de paiement en 2011. Au moment où l’économie mondiale se caractérise
par une divergence entre les pays, avec notamment une récession dans la zone euro, les disparités sont importantes d’un pays à l’autre et
d’un sous-secteur à l’autre », explique Coface.
Vive activité dans les pays émergents
Ainsi, les marchés émergents bénéficient d’une vive activité
du fait du retard de développement à combler, ce qui favorise particulièrement
certains sous-secteurs comme les travaux publics, la construction non
résidentielle privée et institutionnelle. « On observe un manque criant de logements abordables, par exemple au Proche Orient (Arabie Saoudite, Emirats, Israël, Egypte, etc.), au Brésil, en Indonésie, en Inde, aux Philippines, en Turquie, en Afrique du Sud, ou encore au Maghreb. Généralement, la demande est soutenue par une forte pression démographique, une urbanisation croissante et une multiplication des foyers. »
Situation favorable en Asie-Pacifique
La construction dans la zone Asie Pacifique connaît une
situation relativement favorable. L’activité tend à reprendre correctement en
2012 au Japon et en Nouvelle Zélande, deux pays touchés par des catastrophes
écologiques, pour répondre aux besoins de reconstruction. Concernant la
Chine, depuis 2010, les ventes ont baissé suite aux mesures
prises par les autorités pour refroidir le marché de l’immobilier, notamment,
en diminuant les prêts bancaires au secteur. La baisse des ventes, l’ajustement
des prix et l’accroissement des stocks devraient modérément réduire l’activité
dans le résidentiel privé, mais cela sera en partie compensé par le démarrage
d’un plan public de construction de logements sociaux, selon Coface. Avec l’essor de la construction, des acteurs chinois de
stature internationale apparaissent aussi bien dans le gros oeuvre que dans les
matériaux et les engins de construction. Ces nouveaux venus sont de plus en
plus présents dans les zones émergentes, notamment en Afrique et au
Proche-Orient.
Fortes disparités en Europe
A contrario, les marchés avancés font face à une activité
modérée ou stagnante avec des disparités particulièrement fortes dans la
construction résidentielle, liées à des différences de démographie,
d’environnements économiques, de crédit, de fiscalité, de stocks de logements
vacants et de prix. Après trois années de recul et une chute d’activité de 17%
sur la période, le secteur européen de la construction tend enfin à se
stabiliser en 2011, notamment dans le résidentiel, malgré des disparités entre
les différents pays européens qu’on peut répartir en trois groupes :
– D’abord le
premier groupe où la construction a le plus souffert et où l’assainissement prendra du temps.
Il comprend l’Irlande, l’Islande, l’Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Grèce et l’Europe centrale, qui
ont connu d’importants excès de prix et d’offre et continuent à rencontrer de nombreux
incidents de paiement.
– Le 2e groupe – Royaume-Uni, France, Belgique et Italie – a
moins souffert de la crise et a même connu un rebond d’activité en 2010.
Toutefois, une nouvelle dégradation s’est amorcée à cause d’une surévaluation
persistante. Les incidents de paiement restent répandus, notamment au
Royaume-Uni où le nombre de défaillances est le plus important. En France, les
entreprises font face à une concurrence vive et se battent pour décrocher les
contrats, même s’il faut parfois réduire les marges tout en tenant compte de
l’augmentation du prix des matières premières. Le nombre de défaillances a tout
de même diminué au 1er semestre 2011 par rapport au 1er semestre 2010, mais le
niveau reste bien plus élevé que celui d’avant-crise.
– Enfin 3e groupe, les pays
européens où la crise n’a pas eu d’impact sur la construction. Il comprend l’Allemagne,
l’Autriche, la Norvège,
la Suède, la Finlande et la Pologne. Les
défaillances sont tout de même plus nombreuses que pour les autres industries,
touchant principalement les entreprises d’envergure régionale et qui
interviennent sur un seul secteur.
Pour 2012, Coface prévoit une très modeste progression de
l’activité de la construction en Europe si l’embellie dans le logement se
poursuit. Le secteur sera tributaire toutefois des plans d’austérité.
Fragilisation en Amérique du Nord
En Amérique du Nord, aux Etats-Unis, la baisse des prix et la hausse
des coûts fragilisent l’ensemble du secteur. L’investissement dans la
construction a baissé de 2% sur les onze premiers mois de 2011. Si le repli touche
la plupart des sous-secteurs, la construction neuve est particulièrement
fragilisée. Au Canada, la reprise du
secteur engagée dès le début 2010 explique la rareté des incidents de paiement
constatés par Coface. Un net ralentissement est tout de même attendu pour la construction
de logements en 2012, suite au durcissement des conditions d’accès au crédit.
Ce contexte économique fragile et variable, associé aux
évolutions de la commande publique et de la règlementation ainsi qu’aux
fluctuations des coûts des matériaux et de la demande, expliquent la remontée
des incidents de paiement dans les premiers mois de la crise en 2008 et ensuite
de nouveau à partir d’octobre 2011, souligne Coface.
A.C.
Pour en savoir plus :
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