La mondialisation génère de la
« prospérité » et, pourtant, le taux de globalisation est encore
inférieur à 20 %. Or, « les gains potentiels d’une connectivité accrue
se compteraient en trillions de dollars », selon Pankaj Ghemawat,
professeur de Stratégie globale à l’école de commerce IESE à Barcelone.
« Même les Pays-Bas, classés premier comme en 2011 et avec le même
score de 88 sur 100, pourraient faire mieux », assure cet Américain
d’origine indienne, auteur de l’ouvrage « World 3.0 :Prospérité mondiale et comment y parvenir ».
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Le 28 novembre à Francfort,
lors de la table ronde « DHL Delphi Dialog 2020 » qui suivait la
présentation du GCI 2012, Pankaj Ghemawat s’est efforcé d’expliquer
« pourquoi ces trillions de dollars n’ont pas encore été
ramassés ». Selon lui, ce n’est pas la crise financière, même si le
principal enseignement du GCI 2012 est de montrer que « le monde est
aujourd’hui moins branché qu’il l’était en 2007 ». D’autres contraintes
fortes, comme les barrières physiques ou non tarifaires, interviennent aussi,
mais « seulement pour un tiers ».
La raison majeure,
« représentant les deux tiers restant » est « dans la tête ».
Par exemple, mentionne-t-il, « le plus grand obstacle au commerce, c’est
le nationalisme ». Et, de façon générale, « qu’il s’agit de partage
d’informations ou d’échanges économiques, on a plus confiance dans les
personnes et les institutions des pays qui nous sont proches ».
Du coup, l’intégration
régionale est un fort stimulus à la connectivité. Dans
le classement GCI, si Singapour se classe en deuxième position derrière les
Pays-Bas, avec un score de 82 sur 100, huit autres pays complètent le Top 10
des nations les plus connectées : Luxembourg, Irlande, Suisse,
Royaume-Uni, Belgique, Suède, Danemark et Allemagne (classée à la 14ème place avec un score de 69 sur 100 en 2011, la France occupe cette année le 17ème rang, avec une note de 66 sur 100).
L’Europe est le continent le
mieux connecté, « ce qui est bon pour l’intégration », se réjouit
Frank Appel, le PDG de Deutsche Post DHL. Elle est particulièrement en pointe
pour les mouvements de personnes,
alors que l’Amérique du Nord est leader en matière de circulation du capital
et des informations et que l’Asie de l’Est et la région du Pacifique sont en
tête pour les échanges commerciaux. « Le centre de gravité du monde
bouge vers l’Asie. Et l’intégration est en marche en Asie où l’on voit des
flux croissants entre pays, par exemple entre la Chine et l’Inde », observe
Frank Appel.
Les nations les moins
connectées sont les plus pauvres. Mais s’agissant de l’Afrique subsaharienne,
« nous avons de bonnes nouvelles, puisque les économies qui ont
enregistré les plus fortes hausses en un an sont dans cette région », se
félicite Pankaj Ghemawat. Il s’agit du Mozambique, du Togo, du Ghana, de la
Guinée et la Zambie.
Riches ou pauvres, dans tous
les pays, la mondialisation crée des inégalités. « Pour des enfants, l’éducation
est un chalenge, qui est le même en Chine et aux États-Unis », souligne
Wendy Kopp, présidente et co-fondatrice de l’ONG américaine Teach for All.
L’éducation doit ainsi être développée pour permettre à tous de profiter des
fruits de la globalisation.
De notre envoyé spécial à
Francfort
François Pargny
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