Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI) publiées le 18 avril à Washington, la croissance mondiale devrait croître à 3,5 % en 2017, après 3,1 % en 2016. En 2018, la croissance mondiale devrait encore accélérer à 3,6 %. Dans son rapport sur les Perspectives de l’économie mondiale (PEM)*, le Fonds a donc relevé sa projection de la croissance mondiale pour 2017 qui était estimée à 3,4 % dans ses prévisions d’octobre dernier, soit une révision à la hausse de 0,1 point.
L’accélération de la croissance attendue en 2017 et en 2018 est généralisée, bien que la croissance reste timide dans beaucoup de pays avancés et que les pays exportateurs de produits de base continuent d’avoir des difficultés. La révision à la hausse de la prévision pour 2017 « est modeste », nuance toutefois le FMI dans l’avant-propos de son rapport. De plus, avertit le Fonds, « la croissance potentielle à plus long terme reste modérée dans le monde entier par rapport aux dernières décennies, surtout dans les pays avancés ».
La croissance devrait se redresser aux États-Unis, Canada et Japon mais resterait inchangée en zone euro
Aux États-Unis, les marchés boursiers ont battu des records de hausse en mars, les investisseurs espérant une réforme fiscale, des dépenses d’infrastructures et un assouplissement de la réglementation, suite à l’élection de Donald Trump. Dans ce contexte, et en raison de l’assouplissement attendu de la politique budgétaire et d’un regain de confiance, la croissance prévue est révisée à la hausse à 2 %, après 1,7 % en 2016. La croissance du PIB du Canada devrait accélérer pour passer de 1,4 % l’an dernier à 1,9 % en 2017 et 2 % l’année suivante.
Quant à la dynamique de croissance au Japon, alimentée par des exportations nettes plus vigoureuses que prévu en 2016, elle devrait persister en 2017, avec une prévision de croissance du PIB de 1,2 % en 2017 contre 1 % en 2016.
Dans la zone euro, la croissance devrait rester inchangée à +1,7 % en 2017. Après 1,8 % en 2016, la croissance devrait ralentir légèrement en Allemagne (1,6 % en 2017 et 1,5 % en 2018) et en Italie (0,8 % en 2017 et 2018 après 0,9 % en 2016 ). La décélération sera plus prononcée en Espagne (2,6 % en 2017 et 2,1 % en 2018, contre 3,2 % en 2016), selon les prévisions du FMI. A contrario, la croissance devrait rester solide au Royaume-Uni (2 % en 2017, contre 1,8 % en 2016). Les dépenses se sont avérées résilientes au lendemain du referendum de juin 2016 en faveur de la sortie de l’Union européenne (Brexit). En France, elle devrait s’accélérer mais de manière modeste (1,4 % cette année et 1,6 % en 2018 après 1,2 %).
La croissance devrait repartir dans certains pays émergents et économies en développement
L’activité devrait accélérer sensiblement dans les pays émergents et les pays en développement car, explique le Fonds, « la situation dans les pays exportateurs de produits de base qui font face à des difficultés macroéconomiques devrait s’améliorer progressivement, grâce au redressement partiel des prix des produits de base ». Une accélération notable de la croissance dans un certain nombre de pays émergents, BRICs en tête, et de pays en développement est ainsi observée.
Le Brésil devrait sortir de l’une de ses récessions les plus profondes, avec une prévision de croissance de 0,2 % en 2017 et de 1,7 % en 2018. Les prévisions de croissance pour 2017 et 2018 ont également été révisées à la hausse pour la Russie, où l’activité semble avoir atteint son niveau le plus bas et où la hausse des prix du pétrole favorise la reprise. Ainsi, la croissance devrait passer à 1,4 % après -0,2 % en 2016. En Inde, elle devrait également accélérer pour s’établir à 7,2 % cette année, après 6,8 % l’an dernier.
Contrairement aux craintes d’une décélération plus brutale, la croissance devrait rester vigoureuse en Chine, estime le FMI qui table sur une légère accélération du PIB chinois à 6,6 % pour 2017, après 6,7 % en 2016. Enfin, en Afrique du Sud, une reprise modeste est attendue, avec une prévision de croissance de 0,8 % en 2017 après 0,3 % en 2016, « grâce au rebond des prix des produits de base, à une amélioration de la situation sur le plan de la sécheresse et à l’expansion des capacités de production », précise le Fonds. En outre, la croissance du PIB sud-africain devrait être multipliée par deux l’an prochain pour s’établir à 1,6 %, d’après les estimations du FMI.
Après s’être contractée de 1,5 % en 2016 en raison de perturbations dans le secteur pétrolier, conjuguées à des pénuries de devises, d’électricité et de carburants, la croissance du PIB du Nigeria devrait augmenter de 0,8 % en 2017 « grâce à un redressement de la production pétrolière, à une croissance persistante dans l’agriculture et à une augmentation de l’investissement public », d’après le FMI.
Ralentissement au Mexique et en Arabie Saoudite
Au Mexique, la croissance devrait ralentir à 1,7 % en 2017, après 2,3 % en 2016. Ce ralentissement s’explique par les perspectives en demi-teinte de l’investissement et de la consommation face au durcissement des conditions financières et à la montée de l’incertitude quant à l’avenir des relations commerciales entre les États-Unis et le Mexique.
En Arabie saoudite, la croissance devrait également ralentir à 0,4 % en 2017 en raison de la baisse de la production pétrolière et de l’assainissement budgétaire en cours, avant de remonter à 1,3 % en 2018.
En somme, pour de nombreux pays émergents et pays en développement, estime le FMI, il reste essentiel de s’ajuster à la baisse des recettes tirées des produits de base et de s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité financière.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
*Consultez le dernier rapport du FMI sur les Perspectives de l’économie mondiale au lien suivant : www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2017/04/04/world-economic-outlook-april-2017#Chapter%201