Le commerce mondial devrait croître de 1,8 % cette année et gagner 2,5 % l’année suivante, vient d’annoncer Euler Hermes (EH) dans ses dernières perspectives économiques, intitulées « A quoi s’attendre en 2020 et 2021 » (voir fichier joint en pdf).
Des chiffres reflétant une certaine accalmie des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, mais qui resteront, néanmoins, inférieurs à ceux de la croissance économique mondiale. En effet, l’assureur-crédit prévoit une hausse de l’activité de + 2,4 % cette année après + 2,5 % en 2019, et de 2,8 % en 2021.
Le risque politique restera fort
« Cette année encore, le risque politique demeurera fort à l’échelle internationale. Même si le Brexit semble en passe d’être résolu, les élections américaines se profilent et leur issue reste incertaine. De même, les tensions commerciales ne devraient pas s’amoindrir, et pèseront encore sur les échanges internationaux. Enfin, de nombreux foyers de tensions sociales perdurent en Amérique Latine, au Moyen-Orient et même en Europe », commente Alexis Garatti, directeur de la recherche économique d’Euler Hermes.
Comme une escalade des tarifs entre Washington et Pékin paraît « improbable » à Euler Hermes -la signature d’une trêve commerciale le 15 janvier le confirme-, le droit de douane moyen américain devrait rester élevé à 7 %, le double de 2018. L’économie américaine va gagner 1,6 % cette année, un niveau relativement bas, inconnu depuis 2016, avant de remonter à 2 % en 2021.
En année électorale aux États-Unis, Euler Hermes parie sur une politique fiscale encore plus avantageuse que par le passé. A l’été, démocrates et républicains se sont entendus sur le plafond de la dette afin de poursuivre l’appui budgétaire à l’économie. Ce déficit devrait ainsi osciller entre 4,5 et 5 % du produit intérieur brut (PIB) dans les années à venir. Parallèlement, la Réserve fédérale devrait abaisser dès mars ses taux d’intérêt pour lutter contre la récession du secteur manufacturier.
Du côté de la Chine, l’économie va ralentir légèrement, avec, après + 6,2 % l’an dernier, des progressions de 5,9 % et 5,8 % respectivement en 2020 et 2021. Le commerce extérieur souffre évidement du bras de fer avec les États-Unis, le marché du travail s’est détérioré et le coup de pouce fiscal attendu pour l’investissement dans les infrastructures devrait être en-dessous de l’effort consenti par le passé.
Croissance stable en Asie-Pacifique
Le ralentissement chinois aura forcément un impact sur les autres nations asiatiques. En Asie-Pacifique, la croissance économique devrait être globalement stable, avec, après + 4,3 % en 2019, 4,2 % et 4,5 % les deux années suivantes.
Au Japon, l’économie va devoir digérer la hausse des taxes sur les ventes en octobre. En 2019, elle ne fera pas mieux que l’année précédente, avec + 0,8 %, et ce sera à peine mieux cette année, avec + 0,9 %. Il faudra attendre 2021 pour retrouver un niveau supérieur, + 1,6 %, proche de celui de 2017 (+ 1,9 %).
L’Inde fera un peu mieux que la Chine, avec + 6 % et + 6,2 % en 2020 et 2021.
Croissance molle en Europe
Quant à l’Europe, le comportement relativement protectionniste des États-Unis à son égard associé au ralentissement de la Chine devrait peser sur son activité. Preuve en est les prévisions de la zone euro, qui resteront inférieures à celles des années antérieures : + 1,2 % en 2019, + 1 % en 2020 et + 1,3 % en 2021.
Des quatre grandes économies, la France s’inscrit dans la moyenne et seule l’Espagne dépasse largement la moyenne générale, avec + 2 % en 2019, + 1,6 % en 2020 et + 1,4 % en 2021. Les prévisions ne sont pas très enthousiastes sur l’Allemagne et l’Italie : respectivement + 0,6 % et 0,1 % en 2019, + 0,6 % et 0,4 % en 2020 et + 1,1 % et 0,8 % en 2021.
Pour l’Union européenne (UE), le plus dur est à venir avec le Brexit. La victoire de Boris Johnson réduisant l’incertitude politique et devant se traduire par une politique fiscale avantageuse, Euler Hermes a revu ses prévisions de hausse du PIB de 0,8 à 1 % cette année, avec une reprise à + 1,6 % en 2021. La consommation domestique devrait jouer un rôle non négligeable. Reste un défi de taille à relever : l’accord commercial avec l’UE.
En Europe, ce sont les pays émergents qui doivent enregistrer les meilleures taux de croissance, avec + 1,9 % en 2019, + 2,1 % en 2010 et + 2,4 % en 2021. Principal atout, des taux d’intérêt déjà bas, à l’exception de la Russie et de la Turquie. Après une petite année en 2019, avec + 0,1 %, la Turquie va connaître un regain d’activité appréciable, avec des progressions de 2,3 % cette année et 3,5 % en 2021. En revanche, l’économie repartira plus difficilement en Russie, avec + 1,1 % en 2019, + 1,3 % en 2020 et + 1,5 % en 2021.
Pour l’Amérique latine, à l’exclusion du Venezuela, ce sera la septième année consécutive sous la barre des 2 %. La faiblesse de l’investissement notamment se traduira par une hausse de l’activité limitée à + 1,1 %. Cependant, la montée du Brésil, de + 2 % en 2020 à + 2,5 % l’année prochaine, contribuera à ce que la région atteigne cette fameuse barre des 2 % en 2021.
Au Moyen-Orient, malgré une faiblesse relative de l’Arabie Saoudite, la région va progresser de 0,4 % en 2019 à 2,1 % en 2021 et, enfin, 3,1 % en 2021. Ces trois années, l’Afrique devrait afficher des taux de + 1,9 %, + 1,8 %, + 2,7 %. Et ce, en dépit d’une économie sud-africaine en grande difficulté. Après une stagnation cette année, elle doit reprendre légèrement à + 0,7 % en 2021.
F.P