La guerre commerciale entre Washington et Pékin va plomber la croissance économique en 2019 et 2020, d’après l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui vient de publier ses Perspectives économiques de printemps.
Ainsi cette année, la hausse des échanges commerciaux de 2 % sera le rythme de progression le plus bas enregistré depuis dix ans en matière de commerce mondial. Résultat : « l’économie mondiale enregistrera une croissance de 3,2 % en 2019 et de 3, 4 % en 2020 », indique l’OCDE.
Seule l’économie indienne continuera à progresser sans discontinuer, passant ainsi de + 7 % en 2018 à + 7,2 % et + 7,4 % les deux années suivantes. L’activité en Chine va, au contraire, ralentir. Après + 6,6 % l’an dernier, elle va tomber à 6,2 % cette année, puis 6 % juste en 2020.
Or, l’OCDE s’inquiète. Selon elle, « un ralentissement plus marqué qu’on n’a pu l’observer jusqu’ici en Chine constituerait une source de risques importants tant pour la croissance économique que pour les perspectives d’évolution des échanges à l’échelle mondiale ».
Les scénarios de l’OCDE, en cas de hausse des tarifs
L’OCDE estime que le relèvement des droits de douane pourrait entamer encore plus la croissance économique de la Chine et des États-Unis. Cherchant à évaluer l’impact sur le commerce mondial et l’activité dans ces deux pays, elle a établi trois scénarios.
1/-Dans le premier scénario, celui d’une hausse de 10 à 25 % des tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars de biens chinois importés par les États-Unis à compter de mi-mai (Pékin ayant en représaille taxé 60 milliards de marchandises américaines), les échanges mondiaux vont diminuer de 0,3 % et le produit intérieur brut (PIB) de la Chine et des États-Unis respectivement de près de 0,3 % pour le géant asiatique et 0,2 % pour la première puissance mondiale.
2/-Dans le deuxième scénario, celui de la taxation supplémentaire de tous les produits échangés de part et d’autre, hors produits de base, à partir de juillet 2019, le commerce mondial chuterait de 0,9 %, les PIB de la Chine et des États-Unis respectivement de 0,8 % et plus de 0,6 %.
3/-Enfin, le troisième scénario prend en compte une hausse mondiale de 50 points de base des primes de risque d’investissement se prolongeant pendant trois ans sans faiblir. Dans ce cas, le commerce international s’effondrerait de -1,6 %, tandis que l’économie des deux premières puissances de la planète perdraient entre – 1,1 et -1,2 % de croissance pour la Chine et -0,8 % au minimum pour les États-Unis.
Pour éviter de tels scénarios, l’OCDE « appelle les gouvernements à agir maintenant pour assurer un avenir économique plus solide ». Elle préconise également « un retour à la coopération internationale et au dialogue multilatéral pour redonner à l’action publique un caractère prévisible et relancer le commerce ».
L’Allemagne en baisse, la France stable, l’Italie malade
Quant à la zone euro, elle appelle « de nouveau au déploiement d’efforts conjugués de réforme structurelle » qui soient « accompagnés d’investissements publics supplémentaires dans les pays européens peu endettés ». L’OCDE précise que « ces mesures devraient être axées sur les infrastructures numériques, de transport et énergétiques, ainsi que sur les réformes nécessaires dans l’économie du 21e siècle en matière d’éducation, de formation et de concurrence ».
En zone euro, après 1,2 % en 2019, la croissance économique va rebondir à 1,4 % en 2020, sans retrouver le niveau de 2018 (+ 1,8 %). Cette légère reprise sera due à l’Allemagne, qui, après avoir plongé de + 1,5 % à + 0,7 % entre 2018 et 2019, remontera à + 1,2 % l’an prochain.
Après + 1,6 % en 2018, la France restera stable les deux années suivantes, avec + 1,3 %. L’homme malade de la zone euro sera l’Italie, dont l’économie peinera à se relever. Son PIB, après une hausse de 0,7 % en 2018, stagnera cette année avant de renouer avec un taux de croissance modeste de + 0,6 % en 2020.
F.P