C’était une des bonnes nouvelles du bilan 2015 du commerce extérieur : surfant sur la vague du raffermissement de la demande mondiale et bénéficiant de la dépréciation de l’euro, les exportations françaises de biens ont progressé nettement en 2015 (+4,3 %, après +0,1 % en 2014), d’après les chiffres 2015 publiés par la Douane, commentés par le secrétaire d’État au Commerce extérieur Matthias Fekl, le 5 février dernier (voir notre article). Car « la plupart des produits sont en hausse », rapporte la Douane, qui souligne en particulier « le dynamisme exceptionnel » des ventes de matériels de transport.
Des livraisons aéronautiques et automobiles dynamiques
En 2015, les livraisons aéronautiques et spatiales ont enregistré une « hausse marquée » (+11,4 %, après +2,3 % en 2014), permettant une amélioration de l’excédent aéronautique de 1,6 milliard, à 22,2 milliards d’euros, d’après le bilan annuel des douanes. Les ventes d’Airbus, qui représentent plus de la moitié des exportations aéronautiques et spatiales, ont atteint un nouveau record à 28,9 milliards d’euros, après 25 milliards en 2014, bien que le nombre d’appareils vendus recule à 313 unités, contre 321 en 2014.
S’agissant des exportations automobiles (véhicules et équipements), elles ont progressé de 8,7 % en 2015, « grâce au raffermissement de l’activité européenne et aux gains de pouvoir d’achat des ménages en Europe », expliquent les douanes dans leur analyse. Les ventes de véhicules ont augmenté, notamment vers l’Espagne et le Royaume-Uni, et celles d’équipements automobiles ont affiché une progression en particulier vers l’Allemagne.
Luxe, agroalimentaire et pharmacie, un trio gagnant à l’export
Les produits de luxe (joaillerie et bijouterie, habillement, cuirs et chaussures, parfums et cosmétiques, boissons) ont bénéficié de l’accélération du pouvoir d’achat des ménages dans les économies avancées. Les ventes de produits de luxe qui avaient bien résisté en 2014, ont ainsi augmenté fortement l’an dernier. La vigueur des exportations de parfums et cosmétiques a permis de générer un solde de +9,2 milliards d’euros en 2015, soit le deuxième excédent commercial français après l’aéronautique.
Les exportations de produits agroalimentaires sont reparties à la hausse (+2,9 %, après -1 %), tirées par les boissons, notamment les champagnes à destination des pays anglo-saxons, le cognac aux États-Unis et les vins et spiritueux vers la Chine. Ainsi, l’excédent des boissons s’est accru de 1 milliard, pour atteindre 11,4 milliards en 2015. En revanche, les échanges de produits laitiers s’inscrivent en baisse (-6,7 % à l’exportation et -9,4 % à l’importation), du fait de la chute des prix résultant de la suppression des quotas laitiers.
Les livraisons de produits pharmaceutiques redémarrent (+2,7 %, après -5,2 % en 2014), notamment vers les États-Unis. La pharmacie fait partie, avec l’aéronautique (voir plus haut), des rares secteurs qui connaissent une amélioration de leur solde. L’excédent pharmaceutique est ainsi passé de 1,8 milliard d’euros en 2014, à 3,3 milliards l’an dernier.
S’agissant des exportations de produits agricoles, elles repartent également à la hausse (+6,5 %, après -10,2 %), notamment celles de céréales vers la Chine et l’Égypte, qui compensent la baisse des ventes vers l’Algérie. Cependant, préviennent les douanes, « l’excédent sur les produits agricoles se tasse ». Celui-ci est en effet passé de +2,7 millions d’euros en 2014 à +2,6 millions en 2015.
À l’inverse, le recul des exportations de produits énergétiques s’amplifie (-17,3 %, après -1,4 %), notamment celles de produits raffinés, du fait de la baisse des prix du pétrole. Enfin, les ventes de chimie de base ont enregistré l’an dernier une baisse de -3,7 % (après +1,3 %), en raison d’un effet prix dû à l’évolution des cours pétroliers.
Progression des ventes vers l’UE
En 2015, les exportations vers des pays de l’Union européenne (UE) se sont consolidées (+2,2 %, après +1 %), en particulier vers l’Espagne et le Royaume-Uni, où l’activité économique est plus robuste. « La hausse est
vigoureuse vers l’Espagne, où la croissance économique est soutenue par la consommation privée et l’investissement», commentent ainsi les douanes. Les ventes vers le Royaume-Uni sont, pour leur part, dynamiques, portées par la demande des ménages britanniques et par la dépréciation de l’euro par rapport à la livre (-10 %). Dans ce contexte, le solde bilatéral s’est amélioré de +1,6 milliard d’euros et reste le premier excédent bilatéral français (12,1 milliards d’euros).
Autre constat, les exportations ont progressé également à destination des nouveaux États-membres et de l’Italie. La croissance est plus modérée vers l’Allemagne, en raison d’un moindre dynamisme des livraisons aéronautiques.
Les ventes redécollent outre-Atlantique
Les exportations vers l’Asie se redressent également mais à un rythme moindre (+5,1 %, après +1 %). Elles sont soutenues par les bonnes performances des ventes aéronautiques et d’orge à la Chine, en dépit du ralentissement de son activité économique. « Plus généralement, les ventes progressent vers la plupart des pays asiatiques, à l’exception de la Malaisie, du Japon et de l’Australie, en raison d’un recul des livraisons aéronautiques », renseigne la Douane.
Malgré la baisse des recettes pétrolières des pays producteurs de pétrole, les douanes observent une reprise des ventes au Proche et Moyen-Orient (+12,7 %, après -2,7 %), du fait de la finalisation de grands contrats aéronautiques avec le Qatar et le Koweït. Les exportations vers l’Afrique (+4,1 %, après -0,6 %) bénéficient aussi des livraisons aéronautiques. Par ailleurs, les ventes de machines et d’appareils de navigation sont en hausse vers l’Égypte.
En ce qui concerne les exportations vers l’Europe hors UE, celles-ci s’inscrivent toujours en baisse (-1,4 %, après -4,7 %). La hausse des ventes vers la Turquie et la Suisse permet d’atténuer la chute vers la Russie (-33,2 %, après -12,1 %). « La demande intérieure russe, commentent les douanes, est en effet très dégradée, en raison de la récession économique due notamment à l’effondrement des prix du pétrole ». Et de préciser : « L’effet de l’embargo russe, effectif depuis août 2014, demeure marginal en 2015 ».
En somme, malgré un accroissement du déficit manufacturier hors pétroles raffinés, qui se creuse de 2,6 milliards d’euros –sous l’effet principalement de la dégradation (-1,5 milliard d’euros à -15,3 milliards) du déficit des produits informatiques, électroniques et optiques du fait de la hausse (+9 %) des importations en particulier depuis l’Asie– en 2015, le déficit commercial de la France s’est réduit de 12,6 milliards d’euros, en raison de l’allègement de la facture énergétique (-14,6 milliards d’euros). Le solde déficitaire de la balance commerciale française s’améliore, et passe de -58,3 milliards d’euros en 2014 à -45,7 milliards en 2015.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez les chiffres du commerce extérieur (année 2015) publiés par les Douanes, en fichier PDF ci-joint