Jean-Baptiste Lemoyne voit des signes « encourageants » dans les chiffres 2018 du commerce extérieur (voir ci-dessous en pdf) qu’il a dévoilés, le 7 février, entouré de Rodolphe Gintz (à gauche sur notre photo), directeur général des Douanes, et Bertrand Dumont (à droite), directeur général adjoint du Trésor.
Certes, a reconnu le secrétaire d’État auprès de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, il y a une « légère dégradation » du commerce extérieur de biens, avec un déficit passé de -57,8 milliards d’euros (Md EUR) en 2017 à -59,9 Md EUR en 2018. Mais la hausse des prix du pétrole a pesé sur la balance commerciale. Preuve en est : hors énergie, c’est le contraire, le déficit recule en un an de -32,6 Md EUR à -28,6 milliards Md EUR.
J-B. Lemoyne : le tourisme, « pétrole de la France »
En outre, les services gardent la forme. « Le tourisme est le pétrole de la France », a résumé d’un trait Jean-Baptiste Lemoyne. Grâce au tourisme, mais aussi aux services aux entreprises, la balance des services s’est améliorée de 28 milliards d’euros, permettant à la balance des comptes courants d’enregistrer un déficit réduit (- 16,6 milliards, soit 0,7 % du produit intérieur brut).
La bonne performance relative du commerce extérieur est le résultat conjugué d’un dynamisme retrouvé des exportations et d’une hausse plus modérée des importations. Les premières ont ainsi augmenté de + 3,8 % à 491,6 Md EUR et les secondes de + 3,8 % à 551,5 Md EUR (après + 6,8 % en 2017). En particulier, avec des livraisons de 55,25 Md EUR et des approvisionnements de 30,17 Md EUR, l’aéronautique a affiché le premier excédent commercial sectoriel (+25 Md EUR).
Hausse du nombre d’exportateurs
Autre nouvelle encourageante, le nombre d’exportateurs a atteint un pic record depuis 2003, avec 125 300 entreprises, soit un gain de 1 500. Jean-Baptiste Lemoyne a indiqué que 13 % des exportations étaient réalisés par les petites et moyennes entreprises (PME), 34 % par les entreprises à taille intermédiaire (ETI) et 53 % par les grandes sociétés, avec « dans certains secteurs, un effet d’entraînement comme dans l’automobile et l’aéronautique ».
« Chose peu connue, a précisé le secrétaire d’État, le niveau moyen d’exportation des PME est légèrement supérieur en France par rapport à l’Allemagne. Il y est de un million chez nous, contre 975 000 euros outre-Rhin ». Selon lui, les mesures de réduction du coût du travail, comme le Crédit d’impôt compétitivité (Cice), ont ainsi porté leurs fruits à l’export.
La part de marché mondial est stabilisée
La France aurait ainsi progressé dans plusieurs domaines. D’après l’OCDE, la compétitivité coût de la France aurait fait un bond de 4 % depuis 2013. Sa part de marché dans les exportations mondiales se serait aussi stabilisée depuis 2012 et s’établirait à 3,5 % pour les biens et services, et à 3,1 % pour les seules marchandises.
Un indicateur qui serait encourageant au regard de l’émergence de certains grands compétiteurs. En l’occurrence, la part dans le commerce international de la Chine a explosé, en passant de 1 % en 1980 à 13 % en 2017.
Enfin, la Commission européenne estime que la croissance de la demande adressée à la France « devrait rester solide en 2019 », avec + 2,3 % comme en 2018.
Grands contrats : une « War room » au Quai d’Orsay
Le pouvoir d’achat des Français devrait augmenter cette année, avec l’application de différents dispositifs favorables au pouvoir d’achat (10 milliards d’euros de soutien liés au mouvement des Gilets jaunes…), ce qui pourrait donner un coup de pousse aux achats extérieurs. Interrogé par Le Moci sur la hausse de la consommation des ménages attendue cette année dans l’Hexagone, Jean-Baptiste Lemoyne a d’ailleurs reconnu qu’un tel mouvement pourrit relancer les importations.
D’où la volonté du gouvernement d’adapter les outils au service des exportateurs. Jean-Baptiste Lemoyne a cité les guichets uniques à l’export mis en place en région par les CCI et Business France, dans le cadre de la Team France Export. Au passage, le secrétaire d’État s’est réjoui que l’agence publique ait accru de 18 % le nombre de PME et ETI accompagnées à l’international. Bertrand Dumont a, pour sa part, évoqué les outils de financement qui ont été réaménagés pour tenir compte des besoins des entreprises, à l’instar de l’assurance-prospection.
Enfin, « une cellule de veille » ou « War room » est désormais chargée au Quai d’Orsay de suivre les grands contrats. « Les dix plus grands contrats dans dix géographies ont été déterminés », a précisé Jean-Baptiste Lemoyne. Il s’agit ainsi de faire du « P to P » pour « Politique à Politique », en s’appuyant notamment sur le savoir-faire que Jean-Yves Le Drian a su développer quand il occupait le ministère de la Défense.
François Pargny
Le détail du bilan du commerce extérieur des biens fourni par la Douane est dans le document attaché à cet article