Récession européenne, décélération du monde émergent et retour du risque politique. Tel est le programme 2012 pour le risque pays, selon les prévisions de la Coface, dévoilées le 16 janvier.
C’est un tableau de bord fort peu encourageant que l’assureur-crédit a dressé pour l’année 2012. Alors que la croissance mondiale a augmenté de 3,1 % en 201,1 elle ne devrait atteindre que 2,7 % en 2012. « A l’inverse de 2009, nous n’allons pas assister à une récession touchant toutes les régions du monde. 2012 sera l’année de la récession en Europe avec une croissance négative de – 0,1 % tandis que le Japon continuera de remonter après le séisme et les Etats-Unis stagneront », explique Yves Zlotowski, économiste en chef à la Coface.
Cette année encore, c’est le monde émergent, avec une hausse de 5,1 % de son PIB, soit 0,6 % de moins qu’en 2011, qui tirera la croissance mondiale, tandis que les pays avancés enregistreront une timide croissance de 1,1 %. L’Europe émergente déjà mal en point en 2011et touchée de plein fouet par la crise européenne, ne participera pas à cette dynamique. « 70 % des échanges des PECO (pays d’Europe centrale et orientale) sont réalisés avec une Union européenne en récession. De plus, le canal bancaire pose problème. Les banques européennes sont très présentes dans cette zone où nous craignons un credit crunch », s’inquiète l’économiste.
La Coface a d’ores et déjà placé la République tchèque, la Slovénie et la Slovaquie en surveillance négative, et dégradé les notes de la Croatie et de la Hongrie (voir tableau en fichier attaché). En Europe de l’Ouest, sans surprise, les notes de l’Espagne et de l’Italie ont également été abaissées. « En France et en Allemagne, la situation commence à tanguer. On assiste au retour des impayés dans certains secteurs comme la construction en France et le solaire en Allemagne », ajoute Yves Zlotowski. « L’Europe de l’Ouest concentre les taux d’impayés les plus élevés. Alors qu’ils ont reculé de 0,5 % aux Etats-Unis entre 2010 et 2011, ils ont augmenté de 28 % en moyenne en Europe, avec des augmentations de 25 % à 30 % en France et en Allemagne et de 50 % en Espagne et en Italie. Une forte hausse à nuancer, cependant, puisque l’année 2010 avait été exceptionnelle ».
Phénomène nouveau pour les assureurs-crédit (« A la Coface, en 2011, nous avons eu des impayés au titre du risque politique, ce qu’on ne voyait pas avant », confirme Yves Zlotowski), le grand retour du risque se poursuivra en 2012. Les notes de l’Egypte et de la Syrie ont été dégradées et celle du Nigeria placée sous surveillance négative. En revanche, la note de la Tunisie reste en surveillance négative, mais n’a pas été abaissée. Dans ces pays, où les frustrations socio-économiques sont devenues insoutenables, « la question de l’accès des classes moyennes à l’entrepreneuriat est un sujet clef pour l’avenir », estime l’économiste.
Sophie Creusillet
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