Il aura donc fallu la tragédie du Rana Plaza – du nom de cet immeuble qui abritait dans la banlieue de Dacca des ateliers textile et qui s’est effondré le 24 avril – et ses plus de 1 120 morts pour que de grands noms occidentaux du textile-habillement s’engagent à faire respecter un peu mieux les conditions de travail des petites mains du Bangladesh.
Alors que le gouvernement bangladais a décidé de fermer les usines textiles du pays aujourd’hui pour les inspecter et contenir un vaste mouvement de mécontentement et d’accélérer des réformes réclamées de longue date (autorisation des syndicats dans les usines, mise en chantier d’une augmentation du salaire minimum, actuellement équivalent à 38 dollars), quatre grands noms du prêt à porter européen ont annoncé avoir rejoint un accord sur les incendies et la sécurité des bâtiments au Bangladesh : il s’agit des groupes H&M,
Inditex (Zara), Primark et C&A. Ils ont rejoint ainsi PVH (Calvin Klein
et Tommy Hilfiger) et
l’Allemand Tchibo, qui avaient apporté leur soutien à ce texte
fin 2012.
Cet accord a été initié en 2012 par les organisations syndicales
internationales
IndustriALL et Uni Global Union et a le soutien de l’Organisation internationale du travail (OIT). Selon les précisions apportées par la presse internationale, cet accord prévoit notamment la création d’un poste d' »inspecteur en chef » indépendant des
entreprises et des syndicats, chargé de « concevoir et mettre en œuvre
un programme d’inspection de la sécurité incendie qui soit crédible et
efficace ». « Un ou plusieurs experts qualifiés »
devront par ailleurs « mener à bien un examen complet et rigoureux des normes et
règlements actuels dans le bâtiment pour les entreprises de
prêt-à-porter ».
Il a le soutien de nombreuses ONG qui se sont mobilisées pour faire pression sur ces grands donneurs d’ordre ces dernières semaines, dont la Clean Clothes Campaign à Amsterdam ou en France le collectif Ethique sur l’étiquette et Peuples Solidaires, qui avaient lancé une pétition dans ce sens. « Nous appelons l’ensemble des
autres marques internationales se fournissant à bas coût au Bangladesh à
prévenir de futurs drames en signant cet Accord », indique à cet égard, dans un communiqué conjoint, Ethique sur l’étiquette et Peuples solidaires le 13 mai, qui précise que plusieurs étiquettes de marques françaises ont été retrouvées dans les décombres du Rana Plaza, citant Camaïeu et In Extenso, du groupe Auchan.
On attend aussi plus d’engouement de la part des enseignes et marques américaines, qui rechignent encore à rejoindre cet accord par rejet de certaines clauses juridiques et continuent à négocier avec les syndicats, comme le rapporte Le Monde aujourd’hui.
C. G.