Ni trop optimiste, ni trop pessimiste : les principaux résultats du Baromètre de l’attractivité 2014 d’E&Y pour la France donne tout autant du grain à moudre aux optimistes qu’aux pessimistes… selon la façon dont on les lit*. « Il y a un petit redressement des chiffres, mais qui s’inscrit dans la reprise de l’Europe », observe ainsi Marc Lhermitte, associé d’E&Y, lors de ses commentaires au Moci. En 2013, les 42 pays européens ont attiré un total de 3 955 projets d’implantations qui ont généré 166 300 emplois. La progression est de 4,1 % en projets mais le nombre d’emplois est en recul avec – 2,4 %.
Côté optimistes, c’est l’inversion de tendance : avec 514 projets d’implantations industrielles nouvelles et 14 122 emplois créés en 2013, la France a cessé sont déclin relatif (2012 : 471 projets et 10 542 emplois). C’est aussi le fait que la France demeure la 1ère destination européenne pour les implantations industrielles (166 projets) et que ces projets sont en augmentation (127 en 2012). Elle est aussi la première destination des investissements dans des centres de formations, les projets de centres de R&D progressent (de 26 à 39) et la France semble garder toute la confiance des entreprises américaines et européennes, à l’origine des trois quarts des projets (Europe 57 % ; Etats-Unis 25 %).
En outre, la France est au premier rang en nombre de projets industriels. « Elle reste très solide sur toutes les filières de sous traitance dans des secteurs comme les cleantech, les transports, l’énergie, etc.». Mais, nuance Marc Lhermitte, « ce sont à 80 % des extensions, et elles créent 29 emplois en moyenne contre 86 au Royaume-Uni et 30 en Allemagne ». Le fait que les nouveau projets d’investissements créent moins d’emplois n’est toutefois pas une spécificité française : en Europe même, les chiffres globaux, cités plus haut, montrent que des projets pourtant plus nombreux créent moins d’emplois. Mais, pour Marc Lhermitte, comparés aux pays voisins, « c’est la contrepartie de nos coûts de production ».
Tout irait bien s’il n’y avait donc la comparaison avec les autres pays européens. D’abord, l’Hexagone n’est qu’au troisième rang en nombre de projets, derrière l’Allemagne (1701) et le Royaume-Uni (799). Pis, « l’écart se creuse », note Marc Lhermitte, qui, s’il relativise le score britannique, lié à une compétition fiscale effrénée, pointe le fait que la France, en 2004, était devant l’Allemagne (490 projets contre 163). Autre motif d’inquiétude, pour l’analyste, la faiblesse du nombre de sièges sociaux : la France n’est qu’au 5ème rang des projets d’installation de sièges sociaux avec 18 cas -derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Irlande et les Pays-Bas- et au 3ème rang des centres de R&D.
Si Marc Lhermitte concède que les aspects fiscaux expliquent pour une grande partie les scores irlandais et néerlandais, il remarque que la France n’en reste pas moins à la traîne, loin derrière l’Allemagne. « C’est important pour reconstruire un rôle centrale, d’attirer des investissements d’avenir dans la techno, les centres de décisions, etc.».
Christine Gilguy
*La synthèse et tous les résultats du Baromètre sont dans le document pdf attaché à cet article