La compétition est décidément rude au sommet du classement mondial des grandes agglomérations pour séduire les investisseurs. Paris quitte ainsi le Top 3 des principales métropoles mondiales qui accueillent le plus grand nombre d’investissements internationaux. C’est ce que dévoile l’édition 2016 du Global Cities Investment Monitor, une étude réalisée par l’association Paris-Ile de France Capitale Economique, qui a notamment pour mission de renforcer l’attractivité de l’Ile-de-France auprès des investisseurs étrangers, avec le cabinet d’audit KPMG.
Destinataire de 126 investissements internationaux en 2015 (contre 170 en 2014), Paris perd ainsi deux rangs et se classe à la cinquième place derrière Londres (330 investissements), Shanghai (183), New York (161) et Hong Kong (151). Toutefois, la ville lumière demeure dans le Top 5 mondial, confirmant sa capacité de résilience face à une concurrence de plus en plus intense.
Menée entre le quatrième trimestre 2014 et le troisième trimestre 2015 auprès de plus de 500 grands investisseurs, l’étude, dont c’est la 7e édition, mesure le nombre d’investissements internationaux dits « greenfield » –qui sont créateurs d’emplois et d’activités nouvelles (sont exclus les fusions et acquisitions, les privatisations et alliances, les investissements purement financiers)– dans les principales métropoles mondiales. L’étude s’intéresse aux investissements « greenfield » réalisés dans 25 métropoles* du monde hors « cité-État », ainsi Singapour n’a pas été retenue.
Paris n’est plus une place financière attractive
« Dans l’ensemble, Paris tient bien après les attentats survenus l’année dernière », a commenté Chiara Corazza, directeur général de Paris-Ile de France Capital Economique, lors de la présentation des résultats de l’édition 2016 du baromètre.
Du côté des points forts, l’étude relève que Paris et sa région arrivent sur la troisième marche du podium, juste derrière Shanghai et São Paulo, des destinations mondiales qui accueillent des centres de R&D, signe que les investisseurs étrangers reconnaissent la qualité de l’écosystème d’innovation et de R&D de Paris Ile-de-France, estime Paris-Ile de France Capitale Economique. La région parisienne se situe également dans le Top 6 des métropoles internationales destinataires respectivement des centres de design, des directions marketing et ventes et des quartiers généraux.
Mais dans les services financiers, Paris se situe à la 11e place, loin derrière Londres, première place financière mondiale, Hong Kong et Shanghai, qui figurent dans le trio de tête. « Paris n’est plus considérée comme une place financière attractive ! On dégringole ! », remarquait ainsi Chiara Corazza. Pour être attractives, les métropoles ont besoin de services financiers.
Ces résultats sont obtenus dans un contexte mondial plutôt morose. Les investissements internationaux « greenfield » ont baissé dans le monde de 8,7 % en 2015 par rapport à 2014. Dans certaines régions, les baisses ont été plus prononcées. L’Asie (-2 %) et l’Amérique du Nord (-3 %) ont mieux résisté que l’Europe, destination vers laquelle les investissements internationaux ont diminué de 10 %. Le Moyen-Orient et l’Afrique ont pour leur part enregistré des baisses respectives de 20 % des investissements « greenfield » étrangers en 2015.
L’Europe reste le premier investisseur de Paris Ile-de-France
« Cette année, c’est l’Europe qui investit à Paris », a indiqué Chiara Corazza. Paris attire majoritairement les investisseurs européens. Sur la période considérée (4e trimestre 2014-3e trimestre 2015), les investissements « greenfield » originaires d’Europe représentent 56 % des investissements totaux qui sont destinés à Paris, contre 33 % en provenance d’Amérique du Nord.
« Les investissements européens dans le monde sont vraiment très importants », a signalé Nicolas Beaudoin, associé chez KPMG. À New York, 75 % des investissements étrangers proviennent d’Europe. À São Paulo, près de la moitié (46 %) des investissements internationaux perçus sont européens, tandis qu’à Shanghai, 42 % des investissements étrangers greenfield entrants sont originaires d’Europe.
Par ailleurs, un recul des investissements américains à Paris est constaté –ceux-ci comptent désormais pour 33 % du total des investissements, contre 36 % auparavant (4e trimestre 2013-3e trimestre 2014). S’agissant des investissements « greenfield » en provenance d’Asie, ils ne comptent que pour 9 % des financements mondiaux réalisés dans la région parisienne. Londres réussit à attirer davantage les investisseurs asiatiques. Les placements financiers en provenance d’Asie représentent ainsi 16 % du total des investissements perçus par la capitale britannique.
Dynamisme des métropoles asiatiques
Hormis Pékin qui perd trois places pour venir se classer à la 12e place du Top 25, l’étude souligne la vitalité des métropoles asiatiques.
Hong Kong, qui retrouve la confiance des investisseurs, gagne une place (4e). Shanghai se maintient à la deuxième place, derrière Londres, bien que la Bourse de Shanghai soit au plus bas depuis 13 mois dans une économie chinoise en perte de vitesse. Autre constat, les investisseurs croient à nouveau en l’Inde. L’agglomération de Bangalore (8,5 millions d’habitants) gagne trois places et se hisse au 7e rang. De plus, Bangalore fait partie des rares métropoles dont le nombre d’investissements greenfield entrants est en hausse (108 investissements en 2015, contre 91 en 2014). Tokyo (Japon) gagne pour sa part deux places, et termine à la 10e place du Top 25.
De manière générale, toutes les métropoles du Top 10 connaissent une diminution des investissements à l’exception de New York, qui a accueilli 161 investissements en 2015, contre 150 en 2014, et de Bangalore (108 en 2015, contre 91 en 2014). En somme, les métropoles les plus attractives seront celles qui arriveront à attirer les investissements asiatiques et à développer leur image technologique.
Venice Affre
*25 métropoles mondiales sont étudiées : Abou Dhabi, Amsterdam, Bangalore, Barcelone, Dublin, Düsseldorf, Francfort, Hong Kong, Istanbul, Londres, Madrid, Moscou, Mumbai, Pékin, New Delhi, New York, Paris, San Francisco, São Paulo, Séoul, Shanghai, Sydney, Tokyo, Toronto, Varsovie.
Pour en savoir plus :
Consultez en fichier PDF joint ci-dessous l’édition 2016 du Global Cities Investment Monitor, réalisé par KPMG et Paris Ile-de-France Capitale Economique