« La France résiste aux chocs ». C’est le titre sans filtre du dernier Baromètre de l’attractivité de la France, publié ce 4 juin par le cabinet d’audit et de conseil EY. Dans un contexte économique et géopolitique « tendu », le pays « tient le choc », malgré le climat social marqué par la crise des « gilets jaunes », révèle ainsi le baromètre EY.
La France gagne une place dans le baromètre 2019 d’EY, par rapport à la précédente édition. Avec 1 027 projets d’investissements directs étrangers (IDE) recensés en 2018, elle se positionne derrière le Royaume-Uni, qui totalise 1 054 projets, mais devant l’Allemagne et ses 973 projets. L’Hexagone apparaît donc comme le deuxième choix des décideurs économiques qui ciblent le Vieux Continent. « La France confirme son attractivité en se positionnant au 2ème rang des pays d’accueil en Europe, place qu’elle avait perdu en 2015 », a réagi Business France dans un communiqué de presse diffusé à l’occasion de la publication du baromètre.
Celui-ci montre par ailleurs qu’au Royaume-Uni et en Allemagne, le nombre de projets d’IDE annoncés en 2018 a chuté respectivement de 13 % par rapport à 2017 tandis qu’il a progressé de 1 % en France.
Pour élaborer son baromètre annuel sur l’attractivité de la France, le cabinet d’audit et de conseil a conduit entre janvier et février 2019, avec l’institut d’études marketing et d’opinion CSA (Consumer Science & Analytics), une enquête d’opinion auprès de 506 dirigeants d’entreprises (directeurs généraux, présidents, directeurs de la stratégie, directeurs des investissements) originaires de 48 pays d’Europe et réalisant entre 1,5 et 150 millions d’euros de chiffre d’affaires.
La France, destination européenne la plus attractive pour la R&D
La France s’impose pour la première fois depuis la création du baromètre, dont c’est la 20ème édition en 2019, comme la première destination européenne pour les investissements innovants. De fait, en 2018, elle recensait 144 projets de créations ou d’extensions de centres R&D, soit un bond de +85 % par rapport à 2017. Une « performance exceptionnelle », selon EY, lui permettant d’arriver largement en tête devant le Royaume-Uni (74 projets) et l’Allemagne (64) au sein du Top 3 des pays d’accueil de centres de R&D en Europe. La France « cumule à elle seule plus de projets que l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis », souligne ainsi dans son communiqué Business France, dont le département ‘Invest’ accompagne les entreprises étrangères dans leurs investissements en France.
S’agissant des filières ayant attiré le plus grand nombre de projets d’investissements dans la R&D en 2018, le numérique avec 43 projets arrive en tête. Viennent ensuite le secteur pharmaceutique et les services aux entreprises (ex æquo avec 20 projets).
En ce qui concerne la région d’implantation, les 144 projets de création de centres de R&D « sont logiquement captés par les métropoles avec une forte prédominance de l’Ile-de-France », observe EY dans son baromètre. L’Ile-de-France se classe au 1er rang des régions françaises qui accueillent le plus de projets d’IDE. Elle concentre 31 % des projets de création de centres de R&D suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes (19 %) et, sur la troisième marche du podium, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (10 %).
Parmi les projets phares d’investissements dans des centres de R&D en France annoncés en 2018 figurent ceux de l’entreprise japonaise Fujitsu et de la start-up californienne Symphony. La première, spécialisée dans la conception et la fabrication de produits informatiques, de communication et de micro-électroniques, a investi près de 50 millions d’euros dans la création d’un centre d’excellence au sein de l’incubateur Drahi-X Novation de l’École polytechnique situé sur son campus de Paris-Saclay. La seconde, experte dans la messagerie cryptée, a pour sa part choisi d’installer son centre de recherche et de développement (R&D) à Sophia Antipolis, dans la région de Nice.
Outre la R&D, la France réalise « une performance remarquable » dans l’industrie constate le baromètre. Ainsi, 339 projets industriels (dont 80 % d’extensions) ont été recensés en 2018 (+ 5 % par rapport à 2017). En revanche, l’Hexagone n’est pas le premier choix en Europe des investisseurs étrangers pour l’implantation de sièges sociaux qui lui préfèrent son voisin britannique. 45 projets de créations ou d’extensions de centres de décision ont été recensés en 2018 en France, soit un recul de 24 % par rapport à l’année précédente (59 projets). Néanmoins, nuance le cabinet d’audit et de conseil, « dans un contexte de défiance européenne des investisseurs », la France « ne gagne pas de sièges » mais « réduit l’écart » avec ses concurrents le Royaume-Uni (48 projets) et l’Allemagne (46).
L’image générale du site France demeure positive
S’agissant de la perception du pays, le baromètre dévoile que 80 % des investisseurs estiment que la France est « une localisation satisfaisante ». L’image de la France restait donc positive début 2019, lorsque l’enquête a été conduite, malgré un climat social difficile. Néanmoins, 37 % des décideurs économiques estiment que pour maintenir sa position concurrentielle dans l’économie mondiale, le pays doit concentrer ses efforts pour « développer l’éducation et les compétences » tandis que 36 % des investisseurs considèrent qu’il doit renforcer ses efforts pour « soutenir les petites et moyennes entreprises ». Les dirigeants internationaux appellent également la France à maintenir le cap et à poursuivre ses réformes (simplification administrative pour les entreprises, amélioration de la compétitivité fiscale, réduction du coût du travail…). « La France modernise son économie et les investisseurs le ressentent fortement par leur investissement durable sur notre territoire. Ces résultats sont en cohérence avec l’année record des investissements étrangers recensés par Business France », a déclaré Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, cité dans le communiqué.
Les États-Unis sont le 1er pays investisseur
Les États-Unis restent le premier pays investisseur en France avec 227 projets annoncés en 2018 soit une hausse de 22 % par rapport à 2017. Néanmoins, les entreprises européennes pèsent pour 61 % des projets internationaux en France. Ainsi dans le Top 5 des pays d’origine des investisseurs figurent l’Allemagne (187 projets), le Royaume-Uni (78), la Suisse (73) et la Belgique (59).
Pour continuer à être attractive, la France doit encore relever des défis, estime EY dans son baromètre annuel. Le pays doit notamment « développer les compétences et soutenir les PME, renforcer la compétitivité et l’innovation » ou encore « poursuivre la simplification administrative, améliorer la compétitivité et le climat social ».
Desk Moci