« Nous ne sommes pas venus en Malaisie seulement pour le marché domestique, qui est prometteur, mais aussi pour y établir notre plateforme régionale », indiquait Richard Fostier, president et CEO de Colas Rail Asia, et vice-président de la CCI France-Malaisie (CCIFM), en introduisant le Forum France-Malaisie, organisé par Mida (Malaysian Investment Development Authority), l’agence malaisienne chargée d’attirer les investisseurs dans le pays, à Paris, le 12 mai.
Si l’agence Invest KL est chargée d’attirer les 100 premières multinationales d’ici 2020 à Kuala Lumpur, pour sa part, Mida doit promouvoir et faciliter l’investissement étranger sur l’ensemble du territoire. Cette nation, membre de l’Asean (Association des nations d’Asie du sud-est), est composée de 13 Etats répartis entre la péninsule malaisienne (40 % du territoire, au nord de Singapour) et l’île de Bornéo (partagée avec Brunei et surtout l’Indonésie). A côté du développement du Grand Kuala Lumpur et de priorités sectorielles (hydrocarbures, agriculture, électronique, services financiers…), la Malaisie attribue aussi des avantages, notamment fiscaux, aux sociétés choisissant certains territoires en développement, comme les deux États malaisiens de Bornéo, Sarawak et Sabah.
Une quarantaine d’entreprises françaises ont un siège régional
Colas n’est pas la seule entreprise française disposant d’un siège régional dans ce pays de 30,4 millions d’habitants. Le ministre malaisien du Commerce international et de l’industrie, Mustapa Mohamed (notre photo), a ainsi cité SOS International, Ménard, Wordline, Spie, Alstom et Altran. Mais, d’après la CCIFM, elles seraient au total « une quarantaine » à posséder aujourd’hui un siège régional en Malaisie, « rôle qui était traditionnellement dévolu à Singapour ». Et de citer, entre autres, Peugeot et Lafarge.
Selon le ministre, Lafarge a déjà investi 1,1 milliard de dollars dans son pays et s’apprête à ajouter à ce montant 85 millions dans les trois à venir. Le cimentier français y dispose de trois usines. « L’économie en Malaisie est de plus en plus équilibrée et ne dépend plus seulement des hydrocarbures, ce qui explique la montée de la classe moyenne », expliquait ainsi Jean-Claude Block, directeur non exécutif de Lafarge Malaysia Bhd (LMB).
Dans l’Asean, le groupe français s’appuie sur un triptyque de pays : Malaisie, Indonésie et Philippines. «Ce qui est très intéressant pour nous, soulignait encore le dirigeant de Lafarge, c’est que « ce n’est pas seulement l’État en Malaisie qui investit dans des infrastructures, des privés opèrent également dans la promotion de logements ». Dans un pays qui a connu une croissance économique enviable de 6 % l’an dernier, l’activité dans la construction a été encore supérieure, de + 11,6 % exactement, alors même que les prévisions étaient de l’ordre de + 10 %. Les projets sont nombreux : aéroports, voies ferrées ou routes. Et Lafarge exporte aussi en Indonésie.
LMB fournira ainsi le béton nécessaire à la réalisation du projet Refinery and Petrochemical Integrated Development (Rapid), dans l’État de Johor, frontalier de Singapour. Cet ouvrage sera réalisé dans le cadre du développement du complexe intégré de Pengerang par la compagnie Petronas, comprenant d’autres ouvrages, comme une unité de cogénération et un terminal gazier. Pour sa part, Technip, en joint-venture avec Fluor, a décroché l’ingénierie, l’approvisionnement en matériel et la gestion de la construction.
Les PME Griset et Joubert implantées dans l’État de Malacca
Des PME tricolores ont également choisi la Malaisie. Dans l’État de Malacca (sud-ouest de la péninsule), le spécialiste des laminés en cuivre ou alliages Griset fournit des centres de stockage de proximité dédiés aux bandes laminées plates pour l’Asie du Sud-est. Pour sa part, le fabricant de produits élastiques – sangles, filets… – Joubert y possède une filiale depuis 25 ans. Dans l’agriculture, la Malaisie est particulièrement performante dans l’huile de palme, le riz et le caoutchouc, dont elle est un des premiers transformateurs au monde. Joubert s’approvisionne ainsi en matière première pour ses produits finis.
Autre présence intéressante, Cofely met son expertise en matière d’efficacité énergétique et de réseaux au service du développement durable de la première cyber-cité de Malaisie, Ciberjaya, créée à 25 kilomètres au sud de la capitale économique, en direction de l’aéroport. La filiale de GDF Suez (Engie) s’est associée à la société locale Cyberview, prenant 49 % du capital de Megajana, filiale de Cyberview, seul fournisseur d’eau glacée et exploitant du réseau de froid urbain pour les bâtiments tertiaires de Cyberjaya.
« Nous voulons en faire la Bangalore de Malaisie », a lancé aux entrepreneurs français Mustapa Mohamed, selon lequel 43 multinationales et 815 entreprises seraient ainsi réunies sur une superficie de plus de 28 km2, accueillant aussi cinq universités et 23 000 étudiants, à cinq kilomètres de la capitale administrative Putrajaya. Selon lui, les revenus générés en 2013 y auraient atteint 2,9 milliards de dollars.
François Pargny