Plateforme d’échanges en Asie, Singapour poursuit sa politique d’ouverture sur l’extérieur, en même temps qu’elle oriente son économie vers l’innovation et le haut de gamme, observe l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à l’issue du septième examen de la politique et des pratiques commerciales de cet État d’Asie du Sud-est, effectué par l’OMC entre le 26 et 28 juillet 2016.
Dans son rapport, l’institution internationale note que, depuis son dernier examen en 2012, de nouveaux accords de libre échange (ALE) ont été conclus avec le Costa Rica, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et Taïwan, alors que trois autres ALE ne sont pas encore entrés en vigueur : avec la Turquie, mais surtout avec l’Union européenne (UE) les nations membre du Partenariat trans-pacifique (TPP*).
Une plateforme de transit : 50 % des exportations en fait des réexportations
De fait, pendant la période 2013-2015, Singapour a réalisé avec ses partenaires du TPP 30,6 % de ses importations totales et 29,7 % de ses exportations, et avec l’UE 12,3 % de ses importations totales et 7,8 % de ses exportations.
« À l’entrée en vigueur de l’Accord, précise l’OMC, l’UE devra éliminer les droits NPF [Nation la plus favorisée, NDLR] pour 80 % de ses lignes tarifaires et les droits restants devront être éliminés dans un délai de trois à cinq ans. Singapour devra, quant à elle, éliminer immédiatement les droits d’importation NPF pour ses six lignes tarifaires passibles de droits », qui concernent, dans la pratique, la bière et certains spiritueux.
Selon l’Organisation mondiale du commerce, « l’ouverture du commerce et de l’investissement reste la principale caractéristique de la politique commerciale de Singapour » et la valeur des échanges du pays (marchandises et services) représente « près de quatre fois le PIB annuel ». L’OMC mentionne encore l’importance de ce petit Etat en matière de transit, près de la moitié de ses exportations étant, en fait, des réexportations.
Développer une industrie à valeur ajoutée
Au total, Singapour a conclu 21 ALE régionaux et bilatéraux engageant 32 territoires et, en 2014, ses échanges avec ces partenaires préférentiels comptaient pour environ 80 % dans ses importations et 74 % dans ses exportations. Parallèlement, le maintien de la croissance économique à un bon niveau – 3,6 % en moyenne annuelle entre 2012 et 2015, 1 à 3 % attendu cette année – reflète la volonté du gouvernement de pousser les activités et les ressources humaines vers plus d’innovation et de productivité. Et notamment l’industrie. Car, si les services ont contribué à environ 69 % du produit intérieur brut (PIB) l’an dernier, la part du secteur manufacturier reste importante, près de 20 % du PIB, et le gouvernement estime qu’il faut restructurer pour générer une industrie à forte intensité de capital et à plus forte valeur ajoutée.
C’est à ce travail de renforcement de l’industrie que s’attelle aujourd’hui le récent Comité de la future économie, avec un objectif double : déterminer les grandes lignes de transformation économique et identifier les secteurs porteurs de croissance. Alors que la participation de l’agriculture de la pêche dans le PIB demeure minime, le gouvernement estime qu’une base manufacturière solide est un bouclier en cas de ralentissement économique.
Importations : plus de 61 % d’articles manufacturés
D’après le rapport de l’OMC, « le pays continue de miser beaucoup sur les exportations de produits manufacturés, qui représentaient 70,9 % des exportations totales de marchandises en 2014 (68,3 % en 2011) » – surtout des machines, équipements de transport et produits chimiques – et les acquisitions de biens manufacturés qui constituaient « environ 61,3 % des importations de marchandises en 2014 (contre 60,1 % en 2011) ».
Ce sont les ventes vers l’Asie et l’Océanie qui dominent, avec une part de 76,9 % en 2014, la part de l’Asean, inchangée depuis 2011, s’élevant à elle seule à 31 %. « La Chine et l’UE étaient les principales sources des achats de marchandises de Singapour en 2014 (12,1 et 12 % respectivement) », indique encore l’OMC, devant la Malaisie (10,7 %) et les États-Unis (10,3 %), alors que « la part des pays de l’Asean dans les importations totales a connu une légère baisse, tombant de 21,4 à 20,6 % entre 2011 et 2014 ».
(*) Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Etats-Unis et Vietnam.
François Pargny