Ce que l’on craignait est advenu.
Après une année 2011 de stabilisation de la part de marché de la France dans
les importations de l’Algérie (15 %), la France a de nouveau perdu du terrain
pendant les quatre premiers mois de l’année, sa part étant tombée à 12,74 %,
d’après notre partenaire GTA/GTIS.
Alors que les importations de
l’Algérie ont diminué de 2,14 % par rapport à la même période de 2011, la
France a conservé de peu sa première place avec un montant d’exportation de 1,4
milliard d’euros. La Chine et même l’Espagne sont parvenues à augmenter leurs
exportations, respectivement de 34,1 % et 17,3 %, atteignant ainsi des chiffres
record, soit 1,3 milliard et 930 millions d’euros. Le premier s’est hissé au
deuxième rang des pays fournisseurs, au détriment de l’Italie, dorénavant
talonnée par l’Espagne.
Par rapport aux quatre premiers
mois de 2011, les livraisons de la France ont chuté de 16,5 %, malgré un boom
des ventes de voitures de 67,3 %. L’automobile est devenue du même coup son
premier poste d’exportation, avec un montant de 296 millions d’euros, devant
les céréales, avec 216 millions.
L’an dernier, les exportations de
l’Hexagone avaient cru de 11,2 % à 5,1 milliards d’euros. Une performance somme
toute relative. En effet, le poste céréales avait doublé, représentant ainsi 31
% de l’ensemble des ventes tricolores, pendant que les expéditions dans d’autres
secteurs, mécanique, pharmacie ou équipement électrique, avaient reculé au
profit de la Chine ou de l’Italie.
« Entre 2000 et 2010, la
France a subi une érosion générale de sa part de marché », constatait
Françoise Meley, le chef du Service économique régional (SER) à Alger, lors
d’un séminaire organisé par Ubifrance, le 6 juin à Paris. Pendant que l’Algérie
multipliait ses importations par 5,1, la France multipliait ses expéditions
vers ce pays de 3,2 % seulement. Parallèlement, celles de la Chine explosaient,
multipliées par 20,8. Ce coefficient était encore supérieur à la France pour
l’Espagne (6), l’Italie (5,6), la Turquie (4,9) ou encore la Corée du Sud
(8,9).
Même dans l’automobile, la France
est désormais concurrencée. Elle est ainsi au coude à coude avec la Chine, ces
deux États enregistrant des montants respectifs d’exportations de 296 millions
et 256 millions d’euros entre janvier et avril de cette année. Évidemment, l’implantation, annoncée comme imminente par les autorités
algériennes, de Renault redonnerait du lustre à l’automobile française confrontée à la déferlante
asiatique.
Outre le bénéfice en termes
d’image, l’enracinement du premier constructeur de l’Hexagone en Algérie
relancerait la dynamique des investissements français. La France demeure le premier
pays investisseur hors hydrocarbures. D’après la Banque de France, son stock
d’investissement est de l’ordre de 1,9 milliard d’euros. Mais après trois
années de hausse, ses flux de l’autre côté de la Méditerranée étaient en
retrait de 24 % en 2010 à 327 millions d’euros.
A Paris, Françoise Meley a évoqué l’installation en 2011 à Alger de
l’assureur Axa et
l’engagement du groupe Alstom dans la réalisation du métro de la capitale. Bretagne
International, le bras armé de la Région à l’international, a
signé un accord en février 2011 avec l’Institut technique algérien de l’élevage. Bretagne International a amené 32 entreprises bretonnes sur le pavillon France,
organisé par Ubifrance, au salon de l’agriculture (Sipsa) du 19 au 22 mai à
Alger. Soit près de la moitié des exposants sur le pavillon France et 10 % de
tous les participants au Sipsa.
« Parallèlement, explique à
moci.com Marc Gillaux, le directeur général de Bretagne International, pour
soutenir la filière laitière, nous avons formé dans notre région des ingénieurs
agronomes, vétérinaires, techniciens agricoles algériens, qui sont maintenant
repartis dans leur pays pour animer des groupements d’appui aux éleveurs, les
Gapel, qui ont été créés dans plusieurs régions d’Algérie ». Enfin,
l’organisme breton a entamé un travail de cartographie des entreprises
algériennes, fournissant la filière laitière, et « des sociétés bretonnes
ont déjà été mises en relations », selon Marc Gillaux.
Le stock d’investissements
directs étrangers (IDE) en Algérie s’élève à environ 20 milliards de dollars. Selon
Françoise Meley, les flux d’IDE sont « modestes par rapport au produit
intérieur de l’Algérie ». Ils représenteraient 2 % du PIB, comme au Maroc,
« mais c’est deux fois moins qu’en Tunisie », affirme le chef du SER.
La crise en Europe est une cause de la baisse des IDE depuis 2010, estime
encore Françoise Meley, qui s’interroge aussi sur l’impact des « mesures
contraignantes en matière d’investissement » introduites en 2009 en Algérie.
Parmi ces dispositions, la règle
dite du 49/51, qui oblige les opérateurs étrangers à céder la majorité des
parts dans tout nouvel investissement, fait débat, y compris dans les milieux
patronaux algériens. Directeur général de l’Agence nationale de développement
de l’investissement (Andi),
Abdelkrim Mansouri, lors du séminaire d’Ubifrance, a réfuté le fait que la règle
du 49/51 puisse être un frein à l’investissement.
« Pour preuve, a martelé le
dirigeant algérien, les investissements étrangers en Algérie ont triplé en 2011
», alors qu’avant l’entrée en vigueur de
cette règle, « il y avait effectivement des intentions d’investissements,
mais très peu de projets réalisés
concrètement ». Toutefois, a-t-il précisé à l’intention des sociétés
françaises, « l’Algérie ne veut pas de projets financiers ». Elle
cherche, les a-t-il prévenu, « des opérateurs étrangers prêts à transférer
du savoir-faire et à réaliser des produits qui viendront se substituer à des
importations et à ouvrir de nouveaux marchés extérieurs ».
François Pargny
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