En 2012, les exportations agroalimentaires de l’Hexagone ont augmenté de 17,8 % pour dépasser un montant de 1,56 milliard d’euros dans les six membres de l’Association des nations du sud-est asiatique (Asean) : Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Vietnam et Thaïlande. Singapour se taillait la part du lion, avec 60 %, la cité-État étant « une plaque tournante régionale, notamment vers la Malaisie et l’Indonésie », soulignait, le 5 novembre à Paris, Benoît Tarche, le directeur du département Agrotech d’Ubifrance, qui organisait des Rencontres agroalimentaires dédiées à l’Asean.
Même en Thaïlande, « il y a des importateurs de vin utilisant Singapour pour faire du regroupage », expliquait alors Jérôme Chambon, le chef du pôle Agrotech au bureau d’Ubifrance en Thaïlande, selon lequel « constituer un stock tampon à Singapour permet de livrer en une semaine en Thaïlande, alors que d’Europe il faut compter cinq semaines ». La cité-État est ainsi devenu « un méga hub », c’est-à-dire « une place financière et logistique de premier plan avec des entrepôts sous douane ». Seuls compétiteurs dans la région, selon Jérôme Chambon, Bangkok (Thaïlande) et Kuala Lumpur (Malaisie) ne peuvent revendiquer un rôle de hub que pour les produits de la mer et le halal respectivement.
Une porte d’entrée « nécessaire », mais « onéreuse »
« Nous n’avons jamais de problème logistique à Singapour », confirme Damien Dhulst, gérant de Tifanette, une micro-entreprise qui exporte des pommes de table. Ce qui ne serait pas le cas dans les autres pays. Ainsi, raconte-t-il, « en Thaïlande, suite à un contrôle de deux de nos conteneurs par sonde, on nous a refusé la livraison de nos pommes, ce qui nous a amené pour sauver ces denrées périssables à détourner le premier conteneur sur Singapour et le second sur Dubaï ».
Si Singapour est une porte d’entrée « nécessaire », juge Frédéric Rossi, le directeur Ubifrance de la zone Asean, « il n’en ait pas moins vrai qu’elle est onéreuse ». A fortiori, conseille-t-il, « étudiez bien le marché pour trouver le bon réseau de distribution » et surtout « ne prenez pas un seul distributeur pour couvrir l’ensemble de l’Asean ».
En 2012,dans l’agroalimentaire, Singapour est demeuré le 12e pays client de la France, dont les exportations y ont augmenté de 20,3 %, devant la Russie, le Portugal et la Grèce. Toutefois, sur des ventes tricolores de l’ordre de 970 millions d’euros, les vins et spiritueux se taillaient la part du lion, soit 88,6 %. Ce qui laisse penser que la France dispose d’une marge de manœuvre dans le domaine agricole (seulement 1 % de ses expéditions) et surtout dans le secteur des produits transformés (10,4 %), à condition de suivre de près l’évolution de la consommation locale, qui lui est plutôt favorable.
Une recherche de produits technologiques et de marques
Cette demande est caractérisée par la recherche de produits technologiques, permettant de mettre en valeur son identité et sa réussite, de marques également, notamment dans le haut de gamme, et de services de qualité, explique Ubifrance dans son Guide « Agroalimentaire. Où exporter en 2014 ? » (voir ci-joint).
De fait, si la France ne détenait que 11 % de part du marché agroalimentaire à Singapour en 2012, elle occupait largement, avec 53 %, le premier rang dans les vins et spiritueux. Une place de leader qui explique que dans les 9,2 milliards d’euros d’importations agroalimentaires de l’État asiatique, la France se trouvait parmi les six premiers fournisseurs, aux côtés de la Malaisie, l’Indonésie, l’Australie, la Chine et les États-Unis.
La hausse de la consommation de vin, qui est encore limitée à 2 litres par habitant et par an, et la montée de la restauration sont aussi une bonne nouvelle. Sans compter les opportunités induites par l’accord de libre échange (ALE) entre l’Union européenne (UE) et Singapour devant entrer en vigueur fin 2015. Quelque 196 indications géographiques (IG) sont reconnues, dont 37 françaises. Une autre bonne nouvelle est que cet accord bilatéral pourrait servir de modèle pour les ALE que l’UE voudrait signer avec plusieurs nations de la région, comme le Vietnam, la Malaisie et la Thaïlande.
François Pargny