Présentés comme une alternative à
l’Occident pour développer l’Afrique, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine,
Afrique du Sud), dont le 5e Sommet s’est achevé le 27 mars à Durban
(Afrique du Sud), ont échoué à mettre sur pied une banque de développement lors du Sommet, même si ils en ont adopté le principe.
Un
échec qui montre qu’entre la Chine, puissance mondiale, et l’Afrique du
Sud en particulier, première puissance africaine avec un modeste 2 % de
croissance économique attendue cette année, il y a un fossé. Même si l’hôte du
Sommet, le président Jacob Zuma, a annoncé le lancement de négociations pour
parvenir à l’objectif initial, Pretoria n’est pas prêt à s’engager dans une
initiative qui serait trop coûteuse pour ses finances.
« L’Afrique du Sud est
confrontée à un certain nombre de difficultés économiques persistantes qui
reflètent au moins en partie l’héritage pernicieux de l’apartheid », indiquait
l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans sa
dernière étude sur ce pays, parue début mars.
L’OCDE estime que « le chômage demeure trop élevé » et que « les
résultats éducatifs sont médiocres en moyenne et très inégaux », ce qui se
traduirait « par une offre excédentaire de main d’œuvre non qualifiée et
une accentuation des disparités de revenus ». Par ailleurs, ajoutent les
experts de l’organisation, « les perspectives de progrès réguliers du
bien-être sont compromises par les défis environnementaux, notamment le
changement climatique et la rareté de l’eau ».
Le danger d’un parti hégémonique
Pour l’OCDE, des réformes structurelles
apparaissent donc cruciales, notamment en matière d’éducation, d’apprentissage des jeunes
et de formation professionnelle, de marché du travail et de création
d’entreprise. Les manifestations en
octobre dernier de mineurs en grève ont, au demeurant, mis en lumière un contexte social
fragile, toujours marqué par les inégalités de revenus, 19 ans après
l’accession de Nelson Mandela au pouvoir.
Comme dans d’autres régions du
monde, de l’Inde à la Russie, en passant par l’Afrique du Nord, la société
civile que l’on croyait peut-être trop passive s’éveille. C’est le cas de
l’Afrique du Sud, qui possède un point commun avec un autre pays émergent, la Turquie. A savoir
« l’absence d’alternative politique, d’opposition crédible »,
remarquait Yves Zlotowski, lors d’un séminaire sur les pays émergents, le 20
mars. L’économiste en chef de Coface y voiyait « un danger » pour la Turquie. Par extension, une remarque
qui vaut sans doute également pour l’Afrique du Sud, l’ANC (African National
Congress) étant au pouvoir depuis l’avènement de la nation arc-en-ciel.
François Pargny
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