Une croissance qui restera
« vigoureuse » en 2013, des risques « à la baisse » :
dans son rapport d’avril sur les politiques communes des États membres de
l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa),
le Fonds monétaire international (FMI) se montre ainsi plutôt optimiste. Selon lui, d’ici
à 2017, les huit pays membres (*) devraient ainsi afficher une hausse de leur
produit intérieur brut (PIB) global de plus ou moins 6 % selon les années.
La Côte d’Ivoire, dont l’économie
est relancée, de même que les nations bénéficiant d’investissements miniers, dans les
infrastructures et d’une production agricole positive, seront les plus
florissants. Et « la restauration de l’intégrité territoriale » du
Mali est aussi une bonne nouvelle pour la région, même si, nuance le FMI,
« des problèmes de stabilité et de sécurité à caractère plus général
pourraient se poser à la région, avec leurs effets négatifs sur les finances,
la perception du risque pour les investisseurs et, au bout du compte, sur la
croissance ».
La zone euro est en difficulté
Toutefois, pour le Fonds, l’Uemoa est confrontée à toute
une série de risques à court terme. Il s’agit d’abord des risques mondiaux liés à la mauvaise
santé de la zone euro, au ralentissement de la croissance chez les émergents et
à un choc pétrolier. Viennent ensuite des risques régionaux, touchant à une instabilité
régionale persistante et à un choc sur les prix des denrées alimentaires. A ce
jour néanmoins, les risques de perturbation tant pour le pétrole que pour les produits
alimentaires sont faibles, estime le FMI.
En revanche, selon le FMI, une baisse de 1 % de la croissance dans la zone euro
pourrait entraîner un recul de moitié de celle de l’Uemoa. Les échanges
bilatéraux seraient touchés, mais aussi les envois de fonds des travailleurs
africains depuis l’Europe, les investissements directs étrangers (IDE) et
l’aide à l’Afrique. De même, un affaissement de l’économie en Chine
pourrait se traduire par un report de certains grands projets d’infrastructure,
de programmes sociaux et de l’aide bilatérale.
Enfin, si le terrorisme devait
s’étendre au nord du Mali, alors l’investissement, et donc la croissance
économique pourraient reculer. Sans compter que des dépenses de sécurité plus
élevées mettraient à mal les efforts de rééquilibrage budgétaire des gouvernements.
Dans son évaluation des risques,
le FMI identifie également un risque intérieur à moyen terme, concernant les
politiques publiques. De façon claire, il craint des
« retards dans la mise en œuvre des réformes essentielles génératrices de
croissance ». Il faudrait une efficacité renforcée dans le traitement des
dépenses publiques et l’appui aux investissements publics. Attention aussi au
bon équilibre des finances, à la compétitivité hors prix et à la gouvernance
pour maintenir un bon niveau de croissance de l’activité.
Renforcer l’intégration régionale
En moyenne, les huit pays membres de l’Uemoa
se retrouvent en 167e position dans le rapport Doing Business de la
Banque mondiale, qui classe 185 pays en 2013 (et encore, c’est le Mali le mieux classé, avec la 151e place). Il faut aussi « revigorer le
programme d’intégration » martèle le FMI, ce qui doit passer par « un
plan d’action concertée visant à éliminer tous les obstacles au commerce entre
les pays de l’Uemoa, à assurer l’application intégrale du tarif extérieur
commun (Tec) et une plus grande coordination des pratiques fiscales et
douanières, à faciliter la mobilité de la main d’œuvre et à mettre en place des
politiques structurelles régionales ».
Le Fonds
exhorte enfin ces pays à « préserver l’intégrité du Tec et du marché
commun », qui serait menacée par un échec des négociations sur un accord
de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les quinze États
membres (**) de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest
(Cedeao). Un APE intérimaire avec la Côte d’Ivoire, membre à la fois de l’Uemoa
et de la Cedeao, « pourrait, selon le FMI, entrer en vigueur en
2014 », ce qui « pourrait influer considérablement sur le libre
échange au sein de l’Uemoa et sur le Tec». L’institution internationale
s’inquiète, « dans le contexte de l’élargissement du Tec à la
Cedeao », de l’instauration d’une « nouvelle bande tarifaire de 35 %
pouvant couvrir un grand nombre de produits, ce qui entrainerait une
augmentation de la protection tarifaire globale ».
François Pargny
(*) Bénin, Burkina Faso, Côte |
(**) Bénin, Burkina Faso, Cap
Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali,
Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
Pour prolonger
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- 2 Et consulter le rapport Cian 2013 « les
entreprises françaises et l’Afrique »