Fini l’Alena, bienvenue à l’AEUMC ! Le Canada et les États-Unis sont parvenus in extremis dans la soirée du dimanche 30 septembre à un accord de principe, de concert avec le Mexique, « sur un nouvel accord commercial moderne et adapté aux réalités du 21ème siècle : l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) », ont annoncé le 30 septembre la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, dans une déclaration conjointe émise à 23h30 heure d’Ottawa, soit une demi-heure avant l’ultimatum fixé par l’administration Trump pour présenter le 1er octobre au Congrès américain le nouvel accord de libre-échange.
Le texte de l’Accord a été mis en ligne par le Bureau du représentant américain au commerce (USTR).
Ottawa se rallie à l’accord bilatéral conclu entre Washington et Mexico
Après d’âpres négociations qui ont duré plus d’un an, les États-Unis et le Mexique étaient parvenus le 27 août dernier à conclure un accord commercial devant se substituer à l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena ou NAFTA pour le sigle anglais) en vigueur depuis le 1er janvier 1994. Par cet accord de principe, le Canada rejoint donc l’accord bilatéral scellé fin août entre le Mexique et les États-Unis, pour reformer l’Alena.
Pour Washington, ce nouvel accord commercial trilatéral vise surtout à réformer l’Alena, un traité signé il y a 24 ans, et que le président américain a toujours qualifié « de pire accord de l’histoire » pour les États-Unis. Appelé Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) ou en anglais United States-Mexico-Canada Agreement (USMCA), le nouvel accord « renforcera la classe moyenne et créera de bons emplois bien rémunérés ainsi que de nouvelles opportunités pour près de 500 millions de personnes qui vivent en Amérique du Nord », ont assuré Chrystia Freeland et Robert Lighthizer dans leur communiqué commun. De plus, « l’AEUMC offrira à nos travailleurs, agriculteurs, éleveurs et entreprises un accord commercial de grande qualité qui donnera lieu à des marchés plus libres, à un commerce plus équitable et à une croissance économique solide dans notre région », ont soutenu les deux ministres dans leur déclaration conjointe.
Un compromis trouvé sur le marché laitier et le secteur automobile
D’après une information de l’AFP reprise par la presse française, selon une source haut placée à Ottawa, le gouvernement du Premier ministre canadien Justin Trudeau aurait accepté d’assouplir son marché laitier pour les producteurs américains. Les droits d’importation élevés pratiqués par le Canada sur les produits laitiers américains demeuraient l’un des principaux points de blocage dans les négociations finales avec Washington. Les lobbys américains remettant en cause le système de gestion de l’offre, qui protège l’industrie laitière au Canada.
Un compromis aurait été trouvé. D’après un article publié sur Le Monde.fr, « selon les premiers éléments disponibles, l’accord offre aux États-Unis un accès à environ 3,5 % du marché laitier canadien, évalué à 16 milliards de dollars, tout en protégeant le Canada d’éventuels tarifs douaniers automobiles ».
S’agissant du volet automobile, dans le cadre du nouvel accord trilatéral, les États-Unis s’engagent à importer chaque année depuis le Canada 2,6 millions de véhicules. « L’administration Trump aurait également assuré son partenaire qu’elle comptait lever les surtaxes imposées avant l’été sur l’acier et l’aluminium et l’épargner des possibles surtaxes en préparation côté américain sur le secteur automobile », selon le site LesEchos.fr.
En 2017, le Canada a importé pour 196,8 milliards d’euros de biens en provenance des États-Unis, dont il est le premier client, d’après les statistiques de la base de données IHS Markit-GTA. En revanche, les achats canadiens qui viennent du Mexique, l’autre partenaire d’Ottawa dans l’AEUMC sont deux fois moins élevés que ceux en provenance de Chine. L’an dernier, la facture des importations canadiennes depuis la Chine s’établissait à 48,4 milliards d’euros, juste devant celle de 24,2 milliards d’euros des achats mexicains.
Le pays de l’Oncle Sam a pour sa part respectivement importé l’an dernier pour 278,4 et 265,4 milliards d’euros de marchandises mexicaines et canadiennes. « Nous sommes impatients de resserrer encore davantage les liens économiques étroits qui nous unissent lorsque ce nouvel accord sera mis en œuvre », ont conclut les deux ministres avant de remercier le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, « pour sa collaboration solide au cours des derniers 13 mois ».
Venice Affre