Avec une économie fondée sur les hydrocarbures –le secteur extractif représente la moitié des recettes du budget fédéral–, la Russie doit faire face à une croissance vulnérable à moyen-terme. C’est ce que révèle Coface dans sa dernière étude sur l’économie russe publiée le 29 mai. Après deux années consécutives de contraction d’activité (- 2,8 % en 2015 et – 0,2 % en 2016), les prévisions de croissance 2017 pour l’économie russe sont à nouveau positives, mais modestes. La croissance du PIB devrait s’établir à 1 %, d’après les prévisions de l’assureur-crédit. « Les autorités russes visent pourtant dans leur plan de développement à moyen terme ‘Strategy 2020. New Global Model, New Social Policy’ un taux de croissance annuel minimum de 5 % », commente Coface dans son étude. Il semble qu’on en soit loin.
La diversification de l’économie russe se heurte à des obstacles
La vulnérabilité de la croissance à moyen-terme du pays tient à « sa trop forte dépendance aux hydrocarbures », souligne l’étude. Les autorités du pays en ont conscience et la diversification constitue l’un des scenarii du plan stratégique de l’État russe ainsi qu’un objectif fixé par le président Poutine en vue de « faire de la Russie un leader mondial en matière de développement économique et social […]. ». Néanmoins, observe Coface, la diversification de l’économie russe se heurte à des freins structurels qui risquent de peser sur la croissance à moyen-terme, estime la société d’assurance-crédit.
Le principal frein est la démographie. La Russie enregistre, depuis 2010, une baisse de sa population en âge de travailler (15-64 ans). Cette tendance est d’autant plus préoccupante qu’elle se poursuivra dans les années à venir, au fur et à mesure de l’arrivée dans cette catégorie des générations nées dans les années 1990, période marquée à la fois pas une baisse de la fécondité et une hausse de la mortalité. Le recours à la main-d’œuvre immigrée (en particulier en provenance d’Asie Centrale) reste possible mais ne compensera par forcément la réduction de main-d’œuvre locale de l’ordre de 5 % attendue à l’horizon 2020.
Autre frein à la diversification, un environnement des affaires qui ne contribue pas à soutenir l’investissement. La diversification de l’économie pourrait être favorisée par l’entrée de capitaux étrangers, notamment dans le cadre du programme de privatisations, relancé en 2016. Selon les indicateurs de la Banque mondiale, le classement de la Russie progresse peu globalement et se dégrade en matière de qualité de la réglementation, de liberté politique et de corruption. Dans ce domaine, la Russie a perdu douze places dans le classement de Transparency International entre 2015 (119ème) et 2016 (131ème). Mais le processus est lent et le maintien des sanctions, ainsi que des lacunes en matière de gouvernance, limitent l’attrait des investisseurs pour les actifs russes.
Les prix des hydrocarbures devraient rester durablement bas
Le secteur des hydrocarbures pèse pour moins de 10 % du PIB russe mais compte pour 65-70 % des recettes d’exportation. Malgré la reprise des cours observée début 2017, les prix des hydrocarbures devraient rester durablement bas. Les prévisions à moyen-long terme de la Banque mondiale ou de l’OPEP (Organisation pays exportateurs de pétrole) par exemple, ne laissent pas présager des niveaux supérieurs à 80 dollars le baril à l’horizon 2020-2025. Ainsi, la Russie ne peut plus tabler sur une hausse durable des cours et de ses revenus.
L’activité devrait néanmoins être plus dynamique dans certains secteurs, tels que
l’agroalimentaire ou la chimie. De plus, la reprise semble s’annoncer dans l’automobile : les ventes, en net repli en 2015 (- 36 %) et 2016 (- 11 %), étaient à nouveau en hausse en mars (+ 9,4 % en glissement annuel) et avril 2017 (+ 7 %), annonçant une tendance plus positive pour ce secteur en 2017.
En sommes, ces secteurs (agroalimentaire, chimie, automobile) devraient contribuer au retour de la croissance en Russie.
V. A.
Pour en savoir plus :
Consultez l’étude de Coface sur l’économie russe en fichier PDF joint ci-dessous