Le sommet européen à Bruxelles vient de s’achever aujourd’hui 21 octobre sans accord sur le traité de libre-échange UE/Canada, le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement). Malgré les pressions exercées par la Commission et les Etats membres, les Wallons n’ont rien cédé. Leur refus empêche toujours le gouvernement fédéral belge, pourtant favorable au traité, de ratifier le CETA au nom de la Belgique.
Ministre-Président de la région wallonne, Paul Magnette a reconnu que les négociations, engagées jour et nuit au cours de cette semaine, avaient permis des avancées mais qu’elles n’étaient pas suffisantes. Il préconise donc de reporter le sommet bilatéral prévu le 27 octobre dans la capitale européenne afin de laisser aux acteurs autour de la table plus de temps pour négocier les modifications exigées. « Le problème n’est évidemment pas nos liens commerciaux avec le Canada. La question qui se pose ici est de savoir quelle mondialisation nous voulons. Ce traité est un précédent qui fixera les standards des futures négociations menées par l’Union européenne avec les Etats-Unis ou le Japon, par exemple. Nous devons aller au bout des choses pour fixer des standards de très haut niveau », a-t-il déclaré ce vendredi au Parlement wallon.
Le meilleur traité commercial négocié à ce jour
« Cet entêtement porte un coup à la crédibilité de l’Union », déplorait-on dans les couloirs du Conseil. Car pour l’exécutif européen et tous les Etats membres, le CETA est le meilleur traité commercial négocié à ce jour par l’UE. Les pourparlers avec les représentants de la région wallonne vont donc se poursuivre mais à ce stade rien ne garantit la tenue du sommet UE/Canada prévue la semaine prochaine. « Je ne suis pas rassuré », a commenté Charles Michel, le premier ministre belge, dénonçant au passage « la radicalisation des positions wallonnes ».
Même déception dans le camp des Canadiens. Convoquée par Jean-Claude Juncker pour tenter de convaincre les « irréductibles » francophones de Belgique, Chrystia Freeland, la ministre canadienne du Commerce, a quitté vers 16 h le siège du gouvernement wallon à Namur annonçant la fin et l’échec des discussions.
L’affaire place les Européens dans une position embarrassante. « On va faire des mécontents dans un cas comme dans l’autre », analysait, au micro de la radio publique belge (RTBF), Marianne Dony, présidente de l’Institut d’études européennes. Selon elle l’UE se retrouve désormais dans une position schizophrénique « coincée, d’une part entre sa crédibilité dans une négociation avec le Canada, et d’autre part la légitimité démocratique soulevée par le parlement wallon. Il va être difficile de répondre à cette double légitimité ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
–UE / Canada : les principaux volets de l’accord de libre échange CETA
–UE / Canada : le blocage wallon sur le CETA fragilise la politique commerciale européenne