Véronique Dagan est P-dg de Technotrans, transitaire et commissionnaire de transport marseillais spécialisé dans l’import-export, la logistique et les douanes.
Le Moci. Vous avez obtenu la certification OEA complète. Au regard de l’investissement que cette démarche a représenté pour vous, qu’avez-vous retiré de cette certification ?
Véronique Dagan. Il est vrai que la démarche pour l’obtention de la certification OEA demande un investissement de la part de l’entreprise dans sa globalité, car c’est l’affaire de tous au sein de l’entreprise. Mais cela en vaut vraiment la peine. C’est à plusieurs niveaux que Technotrans a retiré un bienfait professionnel. Primo, pour notre clientèle, notre agrément OEA est perçu comme un gage supplémentaire de fiabilité. Désormais, être certifié OEA est un atout majeur pour notre profession, de plus en plus d’appels d’offres font de l’agrément OEA un critère de choix. Secundo, vis-à-vis de nos prestataires de services, la certification a accentué les critères de sélection et de sécurisation des différents intervenants de la chaîne logistique. Nous faisons en sorte que chaque maillon soit titulaire d’un certificat OEA. Tertio, l’implication des salariés de Technotrans est, si je puis dire, concrète. En effet, chacun sait dans l’entreprise ce qu’il doit faire ou ne pas faire afin d’être en accord avec les exigences que l’agrément OEA réclame. La solidité de la chaîne n’est-elle pas proportionnelle à la qualité du maillon ?
Le Moci. Les nouvelles procédures ICS et ECS sont obligatoires cette année. Comment votre entreprise s’est-elle conformée à ces nouvelles normes ?
V. D. Technotrans s’est adaptée et conformée à ces nouvelles réglementations comme on s’adapte à une procédure pour laquelle il y a absence de choix. Il faut garder à l’esprit que nous (transitaires, commissionnaires de transport etc.), bien que nous ayons été consultés à travers nos syndicats et fédérations représentatives tant au niveau régional (notamment le STM), au niveau national (notamment TLF), qu’au niveau européen (Clecat) sur la mise en œuvre de ces procédures ICS-ECS, l’expression de nos besoins n’a malheureusement pas été prise en compte. Ainsi que vous le soulignez, elles sont obligatoires, donc nous nous y conformons. Il est par contre regrettable que les armements imposent l’établissement de l’ICS par leurs propres services, ce qui, déontologiquement, nous gêne en ce qui concerne la confidentialité des informations concernant nos clients. En outre, alors que Technotrans est l’un des pionniers en la matière à avoir fait la démarche pour être certifiée OEA et donc à s’être organisé, structuré pour répondre aux exigences de sécurité imposées par les douanes, aujourd’hui, nous sommes contraints de transmettre des informations permettant une analyse de risques à des armements ou compagnies maritimes, qui pour certains d’entre eux, ne sont pas certifiés OEA. Il y a là une contradiction, qui nous amène à déduire que l’entreprise certifiée OEA ayant fait un investissement important, en mettant en place des procédures internes et externes de sécurisation de la chaîne du transport, se voit contrainte de donner ses propres informations confidentielles à un opérateur, souvent d’un pays tiers, qui, lui, ne présente aucune « sécurité », puisqu’il n’a pas fait l’effort de faire la démarche certification.
Le Moci. Quels conseils dispenseriez-vous aux dirigeants de PME-PMI pour s’adapter à ces
nouvelles procédures ?
V. D. Anticipation et rigueur, concernant la gestion et le contrôle des éléments à fournir. En effet, il est très important que les importateurs communiquent les éléments exacts à leurs fournisseurs, pour que ceux-ci déclarent les bonnes informations. Effectivement, toute erreur engendrant une correction de la déclaration ENS, celle-ci sera facturée par les armements…
Propos recueillis par G. N.