Gilles Quenel est responsable service transport douanes et approvisionnements internationaux d’Essilor, groupe spécialisé dans la santé visuelle avec 35 000 salariés dans une centaine de pays.
Le Moci. Vous avez obtenu la certification OEA complète. Au regard de l’investissement que cette démarche a représenté pour vous, qu’avez-vous retiré de cette certification ?
Gilles Quesnel. La conduite de cette démarche a nécessité d’appréhender en profondeur la portée de nos processus douane et de leurs interactions avec les autres processus de l’entreprise. Conséquences directes de la certification OEA, nous avons clarifié ceux de nos modes de fonctionnement concernés par la réglementation douanière, amélioré l’intégration du paramètre sécuritaire dans nos processus douane et tout particulièrement nos processus physiques.
De manière plus pragmatique, l’OEA, c’est aussi la transmission d’informations réduites au titre des obligations en matière de sécurité-sûreté (ICS), des taux réduits de contrôle (gage d’une plus grande robustesse et rapidité de nos processus de dédouanement), une confiance instaurée avec les différents services des douanes, confiance indispensable à la poursuite du déploiement d’Essilor.
Maintenant, l’avantage le plus important est sans doute à venir : la reconnaissance de ce statut dans d’autres pays lorsque l’UE aura conclu les accords correspondants. Tous ces éléments conduisant à accroître la prise de conscience que la Douane est un acteur majeur de la supply chain.
Le Moci. Les nouvelles procédures ICS et ECS sont obligatoires cette année. Comment votre entreprise s’est-elle conformée à ces nouvelles normes ?
G. Q. En premier lieu, nous avons assisté à plusieurs réunions d’information sur ce sujet, notamment celles organisées par la DGDDI. Après quoi nous avons travaillé de concert avec nos transitaires pour appréhender les difficultés auxquelles nous pourrions être confrontés et mettre en place l’organisation nécessaire.
Plus spécifiquement, pour ICS, nous avons également incité nos transitaires à bien s’y préparer et à mettre en place l’organisation adaptée pour poser cette nouvelle norme et pouvoir l’appliquer à compter du 1er janvier 2011.
De notre côté, nous avons sensibilisé les différents acteurs internes concernés (achats, logistique, etc.) en portant une attention toute particulière à nos fournisseurs internes (usines). Lors de rencontres, nous leur avons expliqué la portée de cette réglementation et nous nous sommes assuré qu’ils étaient prêts pour la mise en œuvre.
Aujourd’hui, nous restons en veille, notamment pour nous assurer que nos flux sont conformes, mais également pour capitaliser du savoir-faire sur les modalités de traitement en cas de dysfonctionnement ou de contrôle.
Le Moci. Quels conseils dispenseriez-vous aux dirigeants de PME-PMI pour s’adapter à ces
nouvelles procédures ?
G. Q. Une implication totale du chef d’entreprise et du personnel qui doit être assise sur une parfaite compréhension des enjeux de ces nouvelles procédures.
La démarche OEA doit reposer sur un diagnostic précis des processus en place dans l’entreprise, tout particulièrement au regard de la sécurité-sureté. Ce diagnostic doit permettre d’établir un plan d’action pour la mise en conformité avec les exigences requises. La mise en œuvre de ce plan d’action doit s’accompagner d’une communication tant sur l’état d’avancement de la mise en conformité que sur les modifications engendrées dans le quotidien opérationnel des personnels. Enfin, ne pas hésiter à s’appuyer les de démarches de certification du type qualité ou environnemental lorsqu’elles existent.
Propos recueillis par G. N.