Dans sa dernière note mensuelle*, parue le 7 juin, la Douane s’intéresse aux échanges commerciaux de la France avec le Japon dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne (UE) et le Japon (APE UE-Japon), couramment appelé JEFTA (Japan-EU Free Trade Agreement), entré en vigueur, cette année, le 1er février.
Un sujet d’actualité alors que Bruno Le Maire était en déplacement au Japon, du 7 au 10 juin, pour participer aux réunions du G20 Finances, avant le Sommet d’Osaka des 28 et 29 juin prochains. Au cours de sa visite, sa première au Japon depuis sa prise de fonction, le ministre de l’Économie et des finances devait participer à Tokyo à une réunion dans le cadre du “Dialogue économique et financier de haut niveau” et rencontrer ses homologues ainsi que la communauté d’affaires afin d’approfondir le partenariat économique entre les deux pays.
Les exportations françaises vers le Japon se sont établies à 6,61 milliards d’euros en 2018, en hausse de 4,05 % par rapport à 2017, d’après les statistiques douanières de la base de données GTA-IHS Markit. Les importations ont de leur côté atteint 10,04 milliards d’euros. De ce fait, le déficit commercial de la France avec le pays insulaire situé dans l’océan Pacifique s’établit à -3,43 milliards d’euros.
La pharmacie, premier poste d’exportation
D’après l’étude de la Douane française, les produits pharmaceutiques sont en tête des biens exportés vers le Japon, comptant pour 18 % des exportations totales en 2018. La France, relève la Douane, apparaît également « bien positionnée sur les produits agricoles et agroalimentaires », y compris les boissons, en particulier le vin. Viennent ensuite les produits de luxe : parfums et cosmétiques et textile-habillement-cuir.
En outre, remarque la Douane, la France « porte également une part importante des exportations aéronautiques issues de la production coordonnée européenne (Airbus) ».
En revanche, les livraisons de produits automobiles (véhicules et équipements) ne représentent que 6 % des ventes françaises à destination de la patrie de Toyota. La France est même un important importateur de produits nippons de l’automobile. Ces derniers représentent un quart de l’ensemble des importations tricolores. Les machines et les produits informatiques et électroniques représentent respectivement presque 20 % des achats français à l’île de 127 millions d’habitants. La chimie (11 %) et les autres moyens de transport (motocycles) complètent le panier d’achats.
62 % des exportations françaises déjà exemptées de droits de douane
Sur le plan tarifaire, le Jefta supprime les droits de douane sur la plupart des produits échangés entre les pays de l’UE et le Japon. « Beaucoup ont été démantelés immédiatement, dès l’entrée en vigueur de l’accord », rappelle la Douane.
Avant l’entrée en vigueur du Jefta, les droits de douane japonais étaient déjà « relativement faibles pour les produits européens », rappelle toutefois la Douane dans son étude mensuelle. En l’occurrence, 62 % du montant des exportations françaises vers le Japon était ainsi exempté de droits de douane.
C’était notamment le cas de la plupart des produits de technologie haute ou moyennement élevée comme la pharmacie, l’aéronautique, les machines industrielles et agricoles, l’informatique, électronique et optique ou les véhicules automobiles, mais aussi pour les parfums et cosmétiques, segment sur lequel la France est particulièrement bien positionnée.
Quant aux produits de la métallurgie, 74 % du montant des exportations tricolores était déjà exonéré de droits de douane (contre 23 % dans le sens Japon-France).
D’autres produits, « jugés sensibles par les parties », seront « démantelés progressivement », selon des calendriers allant de trois à quinze ans. Tokyo échelonne en particulier les démantèlements sur les produits agroalimentaires tandis que Bruxelles « diminue progressivement les droits de douane sur les véhicules automobiles », indique l’administration des douanes.
28 % d’exportations exonérées de droits de douane grâce au Jefta
La part des exportations françaises qui bénéficiera du Jefta est toutefois loin d’être négligeable. « La mise en œuvre du Jefta a pour effet d’exonérer immédiatement un montant supplémentaire de 28 % d’exportations françaises », indique la Douane.
Les produits manufacturés divers, la chimie et les plastiques et caoutchoucs, qui étaient plus largement soumis à des barrières tarifaires, bénéficient ainsi du démantèlement immédiat des droits de douane.
Néanmoins, selon la Douane, les principaux bénéficiaires seront probablement les produits agricoles et agroalimentaires, qui représentent 18 % des exportations tricolores vers le Japon. En outre, la France se place au premier rang des fournisseurs de boissons du Japon. Or, sur les boissons françaises, les barrières tarifaires ont presque été totalement démantelées le 1er février 2019.
L’abolition des droits de douane japonais pourrait également profiter au secteur du textile-habillement-cuir, pour lequel la France est particulièrement bien positionnée sur le marché nippon puisqu’elle se place au 9ème rang des fournisseurs du Japon.
Le volet tarifaire du Jefta pourrait avoir des effets dès cette année sur le commerce extérieur français et les 11 000 entreprises exportant vers le Japon estime la Douane.
Desk Moci
Pour en savoir plus :
*Consultez l’étude de la Douane (juin 2019) « Les échanges commerciaux avec le Japon et le traité de libre-échange (Jefta) » en PDF joint ci-dessous