En visite pour la première fois en France, du 2 au 6 mars, depuis sa nomination en avril 2014, le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a assisté, le 3 mars à la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France, à la signature de 14 contrats et ententes économiques (voir fichier joint), en présence d’Emmanuel Macron, ministre français de l’Économie, l’industrie et l’innovation (notre photo) et de deux des membres de son gouvernement, les ministres Jacques Daoust (Économie, innovation, exportations) et Hélène David (Culture et communications).
Si l’impact global de ces annonces est limité (11 millions d’euros investis devant générer la création de 200 emplois), en revanche, elle marque la volonté de Montréal comme de Paris de conforter une coopération économique particulièrement développée. En effet, les entreprises de l’Hexagone font généralement le choix de la Belle Province pour s’implanter au Canada, et la France affiche une balance commerciale excédentaire avec ce partenaire auquel elle a vendu pour 1,6 milliard d’euros en 2013.
Pour autant, les relations politiques se sont un peu tendues des deux côtés de l’Atlantique, quand le gouvernement du Québec a décidé unilatéralement de dénoncer une entente universitaire bilatérale datant de 1978. Ce n’est sans doute pas le hasard, si Emmanuel Macron, prenant comme axe prioritaire « la jeunesse », a cité, au titre des coopérations exemplaires, le contrat qui venait d’être conclu entre l’entreprise de la Belle Province Savoir-Faire Linux et Paris-Dauphine. De façon concrète, la société québécoise, implantée dans l’Hexagone depuis six mois, a remporté un marché public de 100 000 dollars pour réaliser l’espace étudiant en ligne de l’université française.
Trois priorités : la stratégie maritime, le numérique et le Plan Nord
Parmi les autres coopérations conclues ce jour, Cécile Peignelin, chargé d’affaires chez DBx Geomatics, basé à Gatineau (Québec), et Laurent Dubernais, président d’AGT, à Mende (Lozère), ont conclu un partenariat visant à « donner aux réseaux de commerce franchisé un accès à CartoVista, un outil d’aide cartographique avec des données qui couvre le monde entier et qui sont accessibles dans plusieurs langues, telles que l’anglais, le français, l’espagnol et l’allemand », a exposé Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris.
« Les deux sociétés sont complémentaires. AGT est un éditeur de solutions pour les réseaux de franchise comme Speedy, Mr.Bricolage et Midas. Notre partenaire va mettre en ligne nos informations sur des cartes interactives, ce qui va faciliter la prise de décision de nos clients actuels et futurs », a confié au Moci Régis Alvaro, le patron de la filiale québécoise d’AGT, créée à Montréal il y a deux ans. Les deux sociétés ont prévu d’opérer ensemble sur la totalité du continent américain.
Philippe Couillard est venu à Paris à la tête d’une délégation comptant au total 50 entreprises. Lors de l’évènement organisé à la CCI Paris Ile-de-France, Emmanuel Macron a souhaité faire à Montréal un « french tech hub ». Il faut continuer à « faciliter les investissements, les échanges », a-t-il soutenu, après avoir rappelé l’importance de l’accord de libre échange (ALE) que le Canada et l’Union européenne (UE) ont négocié.
A cet égard, Philippe Couillard avait indiqué, avant son départ en France, qu’il opposait une fin de non-recevoir aux réserves de l’Allemagne, concernant le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, qui retardent la signature de l’ALE. Des réserves que semblent aussi partager la France, si l’on en croit les déclarations de Matthias Fekl, le secrétaire d’État au Commerce extérieur assurant, dans Le Monde du 4 mars, qu’il y a «un consensus, d’abord avec l’Allemagne, puis avec tous les sociaux-démocrates européens, sur un agenda de réforme du mécanisme de règlement des différends ».
A quelque mois de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (Cop21) à Paris du 30 novembre au 11 décembre, Emmanuel Macron a salué la stratégie maritime du Québec, affirmant que Paris « a besoin » de Montréal pour la Cop21. Cette stratégie tient compte de la hausse attendue du trafic généré par l’ALE et de la volonté de cette province francophone de 8 millions d’habitants de développer l’activité économique dans l’estuaire du Saint-Laurent.
La veille de l’événement à la CCI Paris-Ile-de-France, Philippe Couillard avait été reçu par François Hollande à l’Élysée. Et, si les discussions ont naturellement porté sur les enjeux de la Cop21, le Premier ministre a aussi confirmé au président de la République ses priorités, la fondation d’un institut maritime franco-québécois, le numérique et le Plan Nord, portant sur l’exploitation des matières premières de l’Arctique québécois. Des priorités auxquelles il invite les sociétés françaises à participer.
François Pargny