Comment intéresser les sociétés françaises à l’Afrique de l’Est, elles qui sont traditionnellement focalisées sur l’Afrique francophone de l’Ouest ? Bpifrance, Business France et le Medef cherchent aujourd’hui à relever le défi. Les deux premiers accompagnent ainsi, du 26 février au 2 mars, 13 PME et ETI industrielles * dans une mission d’immersion au Kenya et en Ouganda, pendant que l’organisation patronale prépare une mission d’une soixantaine d’entreprises du 5 au 9 mars au Kenya et en Éthiopie.
Si l’Afrique de l’Est est à l’honneur, ce n’est bien sûr pas le fruit du hasard. L’Éthiopie, par exemple, « va passer de 100 à 200 millions d’habitants en 2050, sa croissance économique atteint 10 % par an et son produit intérieur brut a doublé en dix ans. Il est donc important de mieux connaître ce pays, malgré les tensions politiques », a affirmé ainsi le patron des patrons, lors d’une conférence de presse, le 27 février.
La difficulté à attirer des PME
Répondant à l’invitation qu’Uhuru Kenyatta lui a lancée, lors de la visite du président kényan en France en avril 2016, Pierre Gattaz (notre photo, avec Baréma Bocum, associé KPMG France) sera à la tête d’une délégation dominée par les grandes entreprises (la moitié) et les ETI (un tiers : Sigfox, Poma…). En revanche, on relève peu de PME, à l’instar de Alcor (tribunes modulaires) et Atemation (informatique industrielle), alors que l’accompagnement des PME a dès le départ été le crédo de Pierre Gattaz, qui s’est beaucoup engagé personnellement dans l’accompagnement à l’étranger, notamment en Afrique.
« Ce sont des régions difficiles pour des PME », a justifié Philippe Gautier, directeur international de Medef International, en réponse au Moci qui lui faisait remarquer que Bpifrance et Business France pilotaient au même moment une mission de PME et ETI en Afrique de l’Est. Et de remarquer que Bpifrance et Business France sont « équipés pour cela », ce qui leur permettrait de « s’intégrer dans le tissu local ».
Les 13 entreprises, qui vont se déplacer sous l’étendard de la French Fab’ à l’international au Kenya et en Ouganda, appartiennent toutes au Réseau Bpifrance Excellence, composé de 4 000 sociétés à fort potentiel et accélérées. Elles bénéficient sur place de rendez-vous B to B.
Renforcer les liens avec le secteur privé africain
De son côté, le Medef s’efforce de renforcer ses liens avec le secteur privé africain, comme il l’a fait récemment en Algérie avec le Forum des chefs d’entreprises (FCE**). En Éthiopie, le patronat tricolore n’y a pas mis les pieds depuis trois ans. Au Kenya, ses partenaires sont traditionnellement deux de ses homologues, Kepsa (Kenya Private Sector Alliance) et FKE (Federation of Kenyan Employers).
« On a beaucoup contribué au guichet unique que met en place Business France. Nous sommes avec nos délégations un élément du puzzle. Ces délégations sont importantes parce que nous voulons nouer des relations à long terme et débloquer des problèmes. En outre, nous amenons une base de PME et de startups », a expliqué Pierre Gattaz, qui a depuis deux ans piloté 500 entreprises dans divers pays africains (Nigeria, Mali, Côte d’Ivoire, Maroc…). « Mon seul regret, a-t-il ajouté, c’est de n’avoir jamais avec nous des gens de l’agroalimentaire, alors qu’on a dans ce domaine une forte réputation sur le continent ».
Orienter les Africains vers l’entreprenariat
Autre axe privilégié par le Medef, la formation et la jeunesse. Pendant le déplacement au Kenya, un grand évènement avec 350 décideurs, Stars in Africa (SIA) – EU-Africa Youth & Entreprereurship Forum », sera organisé, les 6 et 7 mars, par le réseau d’entrepreneurs, d’institutionnels, d’acteurs de l’éducation/formation et d’associations Agyp (Programmes pour la croissance et la jeunesse active) powered by Medef. Les patronats africains et européens, Business Africa et Business Europe, y dévoileront une déclaration sur la jeunesse et l’entreprenariat.
Ce forum est porté par l’Organisation internationale des employeurs (OIE), Business Europe, Business Africa et la fondation Jobs for Africa, dans le cadre du dialogue institutionnel Union Européenne (UE)-Union Africaine (UA). Enfin, le cabinet KPMG donnera le coup d’envoi d’une étude de trois ans sur l’écosystème de l’entreprenariat sur le continent.
François Pargny
* Chaumeca (traitement des gaz), CNIM (ensembles industriels clés en main), Egis (ingénierie), EMO (équipements de traitement de l’eau), Entech Smart Energies (conversion et stockage d’énergie), Etia (conversion des biomasses et déchets en énergie), Feljas & Masson (systèmes dédiés au marché de l’eau), Fonroche Lighting (éclairage hors réseau), Ragni (éclairage public et mobilier urbain), Sade (réseaux et installations connexes), Serac (machines et lignes de conditionnement), Seureca (conseil en ingénierie), Tractebel (solutions d’ingénierie).
** Lire : France / Algérie : P. Gattaz veut promouvoir à Alger un «partenariat gagnant-gagnant»
Pour prolonger :
-Medef / International : le Comité Afrique se prépare à l’après Gattaz
-Afrique / Export : quand l’AFD allie développement et appui aux sociétés françaises
–France / Afrique : Europe, jeunesse, diplomatie économique, trois priorités d’E. Macron
-Afrique / Sommet UE-UA : Medef International veut une Europe plus “pro-business”
Et aussi
– Rapport CIAN 2018 – Les entreprises internationales en Afrique
– Le Guide Moci « Où exporter en 2018 ? » avec plusieurs pays africains : Maroc, Égypte, Nigeria, Sénégal
Et nos articles sur le Forum Afrique 2018 Moci/Cian
-Forum Afrique Moci / Cian 2018 : la transition énergétique nécessite un mix de financements publics et privés
–Forum Afrique Moci / Cian 2018 : pourquoi le coût du risque diffère selon les pays
– Forum Afrique Moci / Cian 2018 : risques et opportunités de la lutte contre le réchauffement climatique
– Forum Afrique Moci / Cian 2018 : les grands secteurs porteurs de la transition énergétique